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Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4530

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 275).
4530. — À M. THIERIOT.
Ferney, 22 avril.

Mon ancien ami, je vous croyais opulent, ou du moins arrondi. M. Damilaville me mande qu’il y a quelque brèche à votre rotondité. Voici une idée qui m’est venue. Un magistrat de Dijon, jeune et de beaucoup d’esprit, a fait une comédie très-singulière[1] et ne voudrait pour rien au monde être connu. Son idée est de la faire jouer, et de partager les honoraires entre celui qui se chargera du délit, et un secrétaire très-affectionné, vieux serviteur de la maison.

Ils auront aussi le profit de l’édition. Voyez si vous pouvez vous charger de cette besogne. Je crois que ce n’est pas une mauvaise affaire.

L’auteur exige un profond secret : êtes-vous en état de faire lire cette comédie au tripot, sans vous commettre et sans commettre personne ? Je remplis la mission dont l’amitié me charge. Mandez-moi votre résolution.

J’ai demandé un almanach où l’on trouve les patriarches grecs. J’en ai besoin, non pas que je prenne un vif intérêt à l’Église grecque, mais en qualité de pédant.

On m’a promis un livre[2] contre l’excommunication des comédiens. L’auteur doit me l’envoyer.

Dumolard m’a demandé une trêve de la part de l’abbé Trublet ; il dit qu’il ne compilera plus. Je donne donc l’absolution à l’archidiacre, mon confrère.

  1. Voyez l’Avertissement de Beuchot, en tête du Droit du Seigneur, tome VI, page 3. Le magistrat était Legouz de Gerland.
  2. Celui de Huerne de La Mothe.