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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4801

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4801. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
Aux Délices, 13 janvier.

Mon cher président, je ne suis point paresseux, mais je suis accablé de vers et de prose. Perrin Dandin avait moins de sacs. Mon cœur vous a écrit mille fois, mais ma main n’a pu encore faire un mot de lettre. Pardonnez-moi, je vous en prie.

J’ai été très-sensible à la mort de Mme de Brosses[2]. Elle était fille d’un homme que j’avais aimé depuis l’âge de sept ans (et qui ne m’eût jamais fait un procès pour six voies de bois). J’aurais même écrit au veuf, si le veuf pouvait recevoir mes compliments sans rechigner. J’ai été très-fâché contre lui, mais je n’ai point de rancune[3]. Je n’en aurai pas même contre ce président Lefranc de Pompignan s’il veut promettre de ne plus ennuyer le public.

Le parlement de Bourgogne ne doit plus songer à son procès contre les états[4]. Il s’unira avec eux pour donner au roi un beau vaisseau. Je me flatte que mon petit pays de Gex y contribuera pour un cordage. Mais j’aime encore mieux un bon carrosse pour aller vous voir, si Corneille m’en laisse le temps, et si je peux avoir la consolation de vous embrasser.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Françoise Castel de Saint-Pierre-Crèvecœur, première femme du président de Brosses, morte le 25 décembre 1761.
  3. Ceci prouve qu’il n’était plus question du procès Baudy.
  4. L’affaire Varennes.