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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4835

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4835. — DU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
8 février.

Monsieur, lorsque je lis un ouvrage qui m’intéresse et m’enlève, je m’écrie : C’est du Voltaire ! Voilà le sentiment que vous m’inspirez : c’est mon guide ; je n’en connais point d’autre.

Les grands peintres peuvent apprécier un tableau ; mais combien y en a-t-il qui peuvent dire avec le Corrège : Je suis peintre ? C’est un droit qui vous appartient. Quant à moi, je n’ose être dans les ouvrages de goût esclave de mon jugement.

Après cet aveu, je puis vous dire que l’ode[1] que vous réclamez en faveur d’un autre m’a plu. J’y ai trouvé un cœur pénétré des maux de l’humanité, de la hardiesse dans les expressions, et plusieurs vérités. Ces sentiments sont dignes de vous.

Puissiez-vous jouir longtemps de l’heureux avantage d’éclairer les hommes ! et puissé-je avoir celui de vous donner des preuves de l’estime avec laquelle je suis, monsieur, votre très-affectionné ami et serviteur !


Henri, prince de Prusse.

  1. Ode sur la guerre présente : voyez une note sur la lettre 4678.