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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4885

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4885. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
18 avril.

Ce n’est pas fatigue de plaisir qui m’a rendu paresseux avec vous, mon cher président. C’est pour moi un très-grand plaisir de vous écrire. Mais au milieu des fêtes (je ne dis pas des fêtes de Pâques, je dis de celles que je donne à Ferney), au milieu des spectacles dont Lekain est venu faire l’ornement, j’ai été très-malade et je le suis encore. Pour vous, êtes-vous à Dijon ou dans vos terres ? Aidez-vous votre ami M. de La Marche à terminer les tracasseries parlementaires ? Voilà donc un conseiller à la Bastille[2]. Vous m’avouerez que ma vie est un peu plus agréable. Votre académie me paraît plus tranquille que votre parlement : je vous remercie de vos beaux discours. Je m’étonne que vous ayez fait étudier vos enfants à Paris plutôt qu’à Dijon. Y a-t-il une meilleure éducation que celle qu’ils pourraient recevoir auprès de vous ? De mon temps, on n’apprenait que des sottises au collège dit de Louis le Grand.

Les jésuites seront bientôt réduits à la Lorraine (comme ils le furent après l’aventure de Jean Châtel) ; ils applaudiront à la belle traduction de la Bible en vers polonais, dont le roi Stanislas a fait présent à M. le premier président de La Marche. Entend-il le polonais assez pour sentir la beauté des vers ? En tout cas c’est, comme vous savez, un bon livre de bibliothèque, un magnifique présent.

Je ne vous envoie point de livres ; mais voici une gazette[3] qui m’a paru curieuse. Gardez le secret à ma lettre et à ma gazette, et aimez le malade. V.

  1. Editeur, Th. Foisset.
  2. M. Joly de Beuvy, éditeur des œuvres de jurisprudence du président Bouhier, et président lui-même au parlement de Dijon le 13 février 1777, mort en 1821.
  3. Il s’agit sans doute de l’Extrait de la Gazette de Londres ; voyez tome XXIV, page 291.