Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4903

La bibliothèque libre.

4903. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
Aux Délices, 20 mai.

Non-seulement je suis paresseux[1], monsieur, mais il s’est joint à ce vice une maladie qui a passé quelque temps pour mortelle ; je suis encore très-faible. Je ne peux avoir l’honneur de vous écrire de ma main. On a trouvé vos saucissons excellents ; pour moi, j’ai été bien loin d’en pouvoir manger, mais je vous en remercie au nom de tout ce qui est aux Délices.

Que vous êtes sage et heureux, monsieur, d’habiter dans vos terres, et de ne point voir de près tous les malheurs de la France ! Notre seule félicité consiste à chasser des jésuites, et à conserver environ quatre-vingt mille autres moines qui dévorent le peu de substance qui nous reste. Il est bien ridicule d’avoir tant de moines et si peu de matelots. Adieu, monsieur ; un malade ne peut faire de longues lettres. Je regrette toujours que les Délices et Ferney soient si loin d’Angoulême, et je vous regretterai toute ma vie. Comptez que vous n’avez point de serviteur plus inviolablement attaché que V.

  1. La dernière lettre que lui avait adressée Voltaire était du 26 février ; voyez n° 4851.