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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4958

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 158-159).

4958. — À M. DAMILAVILLE.
8 juillet.

Vous savez, mon cher frère, que la place sur laquelle vous avez des vues est promise depuis longtemps, et que vous déplairiez si vous insistiez. Toutes les raisons de justice et de convenance sont pour vous ; mais elles doivent céder à l’autorité de monsieur le contrôleur général, et à son amitié pour M. de Morinval. S’il vous avait connu, ce serait vous qu’il aimerait sans doute. Faites-vous un mérite auprès de lui de votre sacrifice, afin qu’il vous aime à votre tour. Tâchez de lui parler ; donnez-lui des éloges sur ce que l’amitié lui fait faire ; remettez votre sort entre ses mains. Cette conduite, la seule que vous deviez tenir, peut contribuer à votre fortune. Mon cher frère, je vous prierai toujours de prendre votre parti en philosophe sur l’affaire de cette direction. Plût à Dieu que vous pussiez demander et obtenir celle de Lyon ! Il y a déjà un philosophe[1] dans cette ville ; vvous seriez deux, et l’archevêque, s’il osait, serait le troisième.

Vous devez avoir reçu un paquet contenant les Pièces originales[2] imprimées ; je vous prie d’en envoyer un exemplaire à M. Mignot, conseiller au grand-conseil, et un chez MM. Dufour et Mallet, banquiers ; c’est chez eux que demeure cette veuve si à plaindre.

Il est bien à souhaiter qu’on puisse imprimer à son profit ces Pièces, qui me paraissent convaincantes, et qu’elles puissent être portées au pied du trône par le public soulevé en faveur de l’innocence. Faites-les imprimer ; criez, je vous en prie, et faites crier. Il n’y a que le cri public qui puisse nous obtenir justice. Les formes ont été inventées pour perdre les innocents.

Mon frère Thieriot vous embrasse ; mon frère d’Alembert me néglige positivement.

  1. Bordes ; car Vasselier n’était pas encore en relations avec Vvoltaire. (B.)
  2. Voyez tome XXIV, page 365.