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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5056

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 255-256).

5056. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À ferney, le 7 octobre.

Vous n’avez peut-être pas été content, monseigneur, des derniers mémoires que j’ai envoyés à Votre Éminence sur les Calas. Vous avez pu croire que toutes ces brochures étaient des pièces inutiles. Cependant j’ai tant fait que l’affaire est au conseil d’État. Nous avons une consultation de quinze avocats[1]. C’est un grand préjugé en faveur de la cause. La voix impartiale de quinze avocats doit diriger celle des juges.

Je ne vous ai point envoyé Olympie, parce que je l’ai fait jouer, et que, l’ayant vue, je n’ai point du tout été content. J’ai trouvé que Statira s’évanouissait mal à propos. J’ai senti que l’amour d’Olympie n’était pas assez développé, et que les passions doivent être un peu plus babillardes pour toucher le cœur. Je refais donc les trois derniers actes, car je veux mériter votre suffrage, et je persiste à croire qu’il faut se corriger, jusqu’à ce que la mort nous empêche de mieux faire. Nous avons eu dans mon trou une demi-douzaine de pairs, soit Anglais, soit Français. C’est la monnaie d’un cardinal ; mais je ne me console point que vous n’ayez pas eu quelque bonne maladie en Jésus-Christ qui vous ait mené consulter Tronchin. C’est un malheur pour moi que votre bonne santé ; mais je pardonne à Votre Éminence.

Permettra-t-elle que je mette dans cette enveloppe un petit paquet pour notre secrétaire perpétuel[2] ? Car je soupçonne qu’ayant été auprès de vous, il y est encore. Assurément j’en aurais usé ainsi. Agréez toujours le tendre respect du vieillard des Alpes, qui n’est pas le Vieux de la montagne[3].

  1. Voyez la note, tome XXIV, page 366, n° iv.
  2. Duclos ; voyez la lettre suivante.
  3. Voyez tome XVII, page 441.