Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5075

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 272).

5075. — À M. DEBRUS[1].
Mardi soir.

Qu’importe, monsieur, qu’un Anglais parle ou ne parle pas au roi d’un jugement inique d’un parlement français ? Soyez persuadé qu’on ne parle pas au roi si aisément, et que d’ailleurs Sa Majesté est l’homme du royaume qui influe le moins sur cette affaire ; il ne s’en mêle ni ne s’en mêlera ; il laissera agir la commission du conseil, et dira seulement un mot comme les autres. Nous dépendons absolument des juges, et nous les aurons pour nous, soyez-en sûr.

C’est alors que tout retentira auprès du roi de ce qu’on doit à l’innocence persécutée. Je vous dirai plus : cette affaire est très-capable de faire obtenir à vous autres huguenots une tolérance que vous n’avez point eue depuis la révocation de l’édit de Nantes. Je sais bien que vous serez damnés dans l’autre monde, mais il n’est pas juste que vous soyez persécutés dans celui-ci.

  1. Éditeur, A. Coquerel.