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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5108

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 306).

5108. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
À Ferney, 19 décembre.

C’est une belle époque, monsieur, dans les courtes archives de la raison humaine, que votre empressement généreux et celui de vos confrères à protéger l’innocence opprimée par le fanatisme. Personne ne s’est plus signalé que vous. Non-seulement vous êtes le premier qui ayez écrit en faveur des Calas, mais votre mémoire étant signé de quatorze avocats devient une espèce de jugement authentique dont l’arrêt du conseil ne pourra guère s’écarter. M. Mariette a travaillé judiciairement pour le conseil, et M. Loyseau, en s’exerçant sur la même matière, rend un nouveau témoignage à la bonté de la cause et à votre générosité. Tout ce que j’ai lu de vous me rend déjà précieux tout ce que vous voudrez bien m’envoyer. Vous joignez la philosophie à la jurisprudence, et vous ne plaiderez jamais que pour la raison.

Je suis enchanté que vous soyez lié avec M. de Cideville ; son ancienne amitié pour moi me donnera de nouveaux droits sur la vôtre. Je présente mes respects à Mme de Beaumont, et je vous jure que je vous donne toujours la préférence sur les autres Beaumont[1], fussent-ils papes.

  1. Christophe de Beaumont était alors archevêque de Paris ; voyez la note tome XXI, page 12.