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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5166

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 361).
5166. — À. M. DAMILAVILLE.
30 janvier.

M. de Beaumont, mon cher frère, est donc aussi un de nos frères. Il n’y a qu’un philosophe qui puisse faire tant de bien. Il se trouvera que Mme Calas aura beaucoup plus d’argent qu’elle n’en aurait eu en reprenant tranquillement sa dot et son douaire. Tout cela est d’un bien bon augure pour la révision. Nous sommes dans un étrange temps, où il faut craindre qu’un parlement ne falsifie les pièces !

Aurai-je l’Appel à la Raison[1], pour lequel on dit que Kroust et Griffet, et feu Berner, sont décrétés ? Toute cette aventure de jésuites fait rire les philosophes, car il est permis au sage de rire. Il y a un grand malheur pour la Poule à ma tante[2] : c’est qu’il n’y a jamais eu de tante qui voulût que sa poule ne pondît point. Ce qui n’est pas dans la nature ne peut jamais plaire. Le conte est trop long et trop faible ; cette poulaille-là ne doit pas faire fortune.

Je prie mon cher frère de faire parvenir cette lettre à frère Protagoras[3]. Frère Helvétius est-il à Paris ? Il faudrait l’engager à faire quelque chose d’honnête, à condition qu’il ne demanderait point de privilège[4].

Frère Platon est occupé à son Encyclopédie ; mais n’y a-t-il point quelque bon frère qui puisse rendre service ? Écr. l’inf…, vous dis-je.

  1. Voyez la note, tome XXVI, page 126.
  2. Caquet Bonbec ou la Poule à ma tante, poëme de J.-B. de Junquières, mort en 1786.
  3. Cette lettre à d’Alembert est perdue.
  4. Il en avait demandé et obtenu un pour son livre de l’Esprit ; voyez tome XXXIX, page 490.