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Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7031

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 392).
7031. — À M. DE CHENEVIERES[1].
1er octobre.

Il est vrai, mon cher confrère, qu’il a couru des bruits ridicules. Une parente[2] de M. le duc de Choiseul a daigné même venir m’en instruire dans ma retraite. Vous savez qu’il suffit d’un homme malintentionné ou mal instruit pour répandre les rumeurs les plus odieuses. Il n’y avait pas le plus léger fondement à tout ce qu’on a débité ; d’ailleurs je compte sur les bontés de M. le duc de Choiseul, qui me fait l’honneur de m’écrire quelquefois de sa main. M. le duc de Praslin et lui sont mes deux protecteurs très-constants, et je crois d’ailleurs mériter leur protection et les bontés du roi par ma conduite.

Si tous ceux qui habitent leurs terres faisaient ce que je fais dans les miennes, l’État serait encore plus florissant qu’il ne l’est. J’ai défriché des terrains considérables ; j’ai bâti des maisons pour les cultivateurs ; j’ai mis l’abondance où était la misère ; j’ai construit des églises ; mes curés, tous les gentilshommes mes voisins, ne rendent pas de moi de mauvais témoignages, et quand les Fréron et les Pompignan voudront me nuire, ils n’y réussiront pas.

Je vous remercie tendrement de votre attention et de la lettre de notre chevalier[3] ; nous vous embrassons tous, vous et la sœur-du-pot[4].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Sans doute Mme de Saint-Julien.
  3. Rochefort.
  4. Mme la duchesse d’Aiguillon.