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Cours d’agriculture (Rozier)/ÉMOTTER

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Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 202).


ÉMOTTER. C’est briser les monceaux de terre qui sont restes réunis après avoir été soulevés avec la charrue, ou avec tel autre instrument ; on appelle motte cette portion de terre. Toutes les fois qu’on laboure, lorsque la terre est trop humide, elle est soulevée par morceaux : si on n’a pas soin de herser aussi-tôt après, & sur-tout s’il survient une sécheresse, on a beaucoup de peine ensuite à la diviser : si la sécheresse succède tout-à-coup à de fortes pluies & qu’on laboure dans cette circonstance, il sera difficile de ne pas avoir un champ couvert de mottes. Si un troupeau a souvent passe & repassé dans un champ humide, la terre en est corroyée, & avant de la diviser & de la préparer à recevoir la semence, elle exige le triple de peines & de soins.

On parvient à diviser les mottes à force de herser, & non pas en passant par-dessus des rouleaux qui enfoncent les mottes dans la terre meuble ; pour peu qu’elles soient dures, lorsque la herse (voyez ce mot) ne peut suffire ; des femmes, des enfans, armés d’un maillet de bois longuement emmanché, suivent le champ d’un bout à l’autre avant & après l’opération de la semaille, & brisent les mottes. Cette opération est souvent indispensable pour les blés, & presque toujours très-urgente pour les luzernes, les trèfles, &c. On sent bien qu’une graine aussi fine que celle de ces plantes, sera étouffée & ne germera pas sous un monticule de terre de cinq à six pouces de diamètre. Les luzernes, les esparcettes ou sainfoins, les trèfles sont semés à demeure pour plusieurs années ; si on a manque l’opération dans le début, on regrettera bientôt de n’avoir pas pris les précautions essentielles à la réussite.