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Cours d’agriculture (Rozier)/ARISTOLOCHE

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Hôtel Serpente (Tome premierp. 671-673).


ARISTOLOCHE-CLÉMATITE. M. Tournefort place les clématites dans la seconde section de la troisième classe, qui comprend les fleurs d’une seule pièce, d’une forme irrégulière, terminée en languette, & dont le calice devient le fruit, & il désigne cette plante par cette phrase de Bauhin : Aristolochia dematitis erecta. M. Von Linné la classe dans la gynandrie hexandrie, & l’appelle aristolochia clematitis.

aristoloche
aristoloche

Fleur, d’une seule pièce, irrégulière, globuleuse à sa base, & le reste est en manière de tube hexagone, alongé, cylindrique, terminé en forme de langue arrondie à son extrémité ; il imite en quelque sorte la forme d’une oreille de souris. Le pistil B porte six étamines dont les anthères sont fendues longitudinalement.

Fruit C, capsule membraneuse, ovale, cylindrique, à six angles, divisé en six loges, comme on le voit en D, qui représente la capsule coupée transversalement. En F, le fruit est représente dépouillé de la membrane qui l’enveloppoit ; cette capsule renferme des semences E, aplaties, entassées les unes sur les autres dans chacune des colonnes, & attachées sur le placenta G, dans l’intervalle des cloisons.

Feuilles, en forme de cœur alongé, portées par des pétioles longs, fortement veinées, d’un verd plus foncé par-dessus que par-dessous.

Racine A, tubéreuse, accompagnée de racines, fibreuses, rampantes.

Port. La tige est cannelée, très-simple, très-droite ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, & sont plusieurs rassemblées.

Lieu. Très-commune dans les provinces méridionales du royaume, où elle fleurit en Mai & Juin ; elle est vivace par ses racines, & perd sa tige toutes les années. On connoît plusieurs autres aristoloches dont on se sert en médecine : telles sont la longue, la ronde & la petite.

L’aristoloche ronde fleurit en Avril & en Mai. Elle diffère de la première, 1o. par ses feuilles qui sont rondes, & sont portées par de très-courts pétioles ; 2o. par sa tige foible, ordinairement articulée, tortueuse & presque rampante ; 3o. enfin, par ses fleurs qui naissent isolées.

L’aristoloche longue diffère des deux autres par ses feuilles en forme de cœur, très-entières, légérement obtuses, & soutenues par de longs pétioles.

L’aristoloche petite, ou de Boétie, a ses feuilles terminées en pointe & en forme de cœur ; sa racine est longue & ténue ; ses tiges serpentantes, quelquefois rameuses, grimpent sur les plantes & sur les arbres voisins.

L’aristoloche clématite est âcre, amère, aromatique, détersive, vulnéraire, emménagogue, foible émétique. La racine échauffe, cause des nausées & souvent le vomissement. Elle est indiquée dans les espèces de maladies soporeuses, causées par des humeurs séreuses. On l’emploie extérieurement pour les ulcères putrides & sanieux. On prescrit la racine sèche & réduite en petits morceaux, depuis quinze grains jusqu’à deux drachmes en infusion dans six onces d’eau. Pour les animaux, la dose est de demi-once en décoction ; non dans la vue de procurer le vomissement au cheval, puisqu’il lui est impossible de vomir. On leur donne également les feuilles & les sommités en infusion.

L’aristoloche ronde ; son odeur est forte, aromatique, nauséabonde, d’une saveur très-amère & âcre. La racine l’emporte sur toutes les autres espèces d’aristoloches, lorsqu’il faut ranimer les forces vitales & musculaires, & dans l’espèce des maladies soporeuses produites par des humeurs séreuses & pituiteuses. Elle irrite plus que les autres l’estomac, & échauffe beaucoup plus. La racine est spécialement emménagogue, céphalique, apéritive, résolutive & très-détersive. La racine, pulvérisée & tamisée, se donne à l’homme, depuis six grains jusqu’à une drachme, incorporée avec un sirop, ou délayée dans trois onces d’eau. La dose de la racine, réduite en petits morceaux & en macération dans six onces d’eau au bain-marie, est depuis quinze grains jusqu’à trois drachmes, & à la dose d’une once pour les animaux.

L’aristoloche longue fleurit en Avril & Mai ; elle peut suppléer la précédente. Sa racine échauffe, altère, constipe, réveille puissamment les forces vitales, n’augmente pas d’une manière bien décidée le cours des urines & la transpiration insensible. Elle est indiquée dans les mêmes cas que l’aristoloche ronde ; mais plus particulièrement dans les pâles couleurs, dans la suppression du flux menstruel par l’impression trop vive des corps froids, dans l’asthme humide chez les sujets d’un tempérament pituiteux ; extérieurement dans les ulcères putrides sanieux, peu douloureux & anciens. Les doses sont les mêmes que celles de l’aristoloche ronde.

La petite aristoloche est indiquée dans les mêmes cas que les précédentes.

Lorsqu’on cultivera ces plantes dans les provinces du nord, le grand point est de les garantir de la rigueur des froids, de semer leurs graines sous des châssis & sur couche au mois d’Octobre ; enfin, de les conduire ainsi que les plantes qui exigent l’orangerie. Quelques-unes de ces espèces ne sont que trop multipliées dans les vignes des provinces méridionales ; & si on n’a soin d’extirper sur-tout l’aristoloche longue & ronde, sa mauvaise odeur se communique aux raisins, & le vin qu’on exprime de ces raisins conserve un goût & une odeur désagréables. Dans les cantons où les vignes sont garnies d’échalas, il faut bien se garder de s’en servir pour mettre ces herbes sécher. S’il survient une pluie, l’eau qui en découle sur le raisin lui communique un goût détestable. Il seroit même très à propos, dès que l’aristoloche est arrachée de terre, de la transporter hors de la vigne. Elle donne beaucoup de peine à détruire, parce que chaque nœud de sa racine produit une nouvelle plante. Il faut donc en agir pour l’aristoloche comme pour le gramen.