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Cours d’agriculture (Rozier)/BLÉ, machine pour battre le

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Libairie d’éducation et des sciences et des arts (Tome dixièmep. 466-476).


BLÉ. (Machine pour battre le) On a donné dans ce Dictionnaire au mot fléau. description de trois machines à battre le blé. Je n’ai pas ouï dire que ces machines eussent été exécutées en France ; et je ne pense pas, d’après l’examen de leur construction, qu’elles puissent être très-avantageuses. Ces machines inventées en Suède, il y a déjà long-temps, auroient sans doute été adoptées dans ce pays, si l’expérience eût démontré leur utilité. Parmi la quantité de machines employées au même usage que j’ai été à portée d’examiner pendant mon voyage en Suède, je n’en ai point vu de semblables à celles-ci. On m’a dit cependant que quelques personnes employoient encore celle à roues, de M. Medelpadet, représentée sous la figure 3.

La population peu nombreuse de la Suède, ainsi que la difficulté de se procurer des ouvriers, ont depuis long-temps obligé plusieurs agriculteurs de chercher des moyens économiques de battre le blé.

Il y a plus de cinquante ans que les paysans de la Dalécarlie, province du nord de la Suède, font usage de machines à battre le blé. Depuis cette époque on en a inventé un grand nombre fort ingénieuses, mais qui n’ont pas toutes réussi dans la pratique. On se sert aujourd’hui en Suède de cinq ou six différentes espèces de machines à battre le blé : ce long usage prouve combien elles sont avantageuses à l’agriculture. On peut évaluer leur nombre dans toute la Suède à plus de mille ; mais comme dans tous les pays les méthodes les plus profitables ne s’introduisent que très-lentement, il y a quelques provinces où ces machines sont presque inconnues. La France ainsi que les autres pays du midi de l’Europe offre un exemple bien plus frappant de ce genre d’insouciance.

Les hommes éclairés parmi ces nations florissantes ne s’étoient pas encore occupés à chercher des moyens mécaniques pour battre le blé, tandis que les paysans grossiers des régions glacées du Nord employoient avec succès de semblables moyens. Ces faits prouvent que les hommes, en général, ne deviennent créateurs et ne perfectionnent que lorsqu’ils y sont contraints par la dure nécessité.

Quelques personnes cependant ont imaginé dans ces derniers tems des méthodes pour accélérer le battage des grains ; mais comme les inventeurs avoient peu de génie, ou qu’ils ne connoissoient pas suffisamment l’opération qu’ils vouloient faciliter, leurs inventions n’ont été d’aucune utilité à l’agriculture. Les Écossois qui depuis plusieurs années dirigent leurs recherches vers ce but, ont imaginé une machine qui s’est successivement perfectionnée, qui a été adoptée en Angleterre, et qui, de ce pays, a passé en Suède, où elle a reçu quelques modifications avantageuses.

Cette machine que nous avons vue chez plusieurs cultivateurs, et qui se propage de jour en jour en Suède, mérite d’être employée dans nos campagnes. Nous avons pensé, d’après l’examen de ses effets, qu’elle rendroit de grands services à notre agriculture, sur-tout à une époque ou la population de la France se trouve affoiblie par les suites inévitables de notre révolution. L’industrie et le commerce qui prendront à la paix de grands accroissemens, réclament l’emploi de tous les moyens mécaniques par lesquels on peut suppléer au manque de bras.

Personne n’ignore que le commerce immense et les richesses prodigieuses des Anglois sont dues à l’emploi des moyens mécaniques et à l’application que ce peuple en a fait aux arts et aux manufactures. Les gouvernemens de l’Europe doivent porter un œil attentif sur la Grande-Bretagne, s’ils veulent enfin cesser d’être ses tributaires.

Quelques personnes réclament contre l’usage des machines dont le travail remplace celui de plusieurs hommes. Ce n’est pas ici le lieu de réfuter de semblables objections. Il nous suffit de citer l’exemple de l’Angleterre et de la Hollande, pays qui doivent leur prospérité et leur population à l’usage multiplié de ces machines. D’ailleurs, tout moyen qui procure des avantages à l’agriculteur en diminuant le prix d’une denrée, est toujours profitable aux différentes classes de la société.

Il y a dans la Brie, dans la Beauce, etc., un grand nombre de fermiers qui dépensent annuellement, pour le battage de leur grain, 2 ou 3 mille francs. Ils sont obligés d’entretenir, d’une récolte à l’autre, plusieurs ouvriers uniquement occupés a ce travail. Ces cultivateurs en faisant construire la machine que nous proposons, diminueront, des deux tiers, les frais de battage.

Cet avantage n’est pas le seul : on a de plus la facilité de serrer promptement sa récolte, et n’étant plus maîtrisé par la lenteur du travail, on saisira les circonstances les plus favorables pour la vente des grains. C’est sur-tout dans les années où l’on a éprouvé une disette qu’il sera avantageux débattre avec cette célérité.

La manière ordinaire de battre le blé est très-pénible, elle est aussi très-pernicieuse à la santé. La poussière qui s’échappe sans cesse de la paille, pénètre dans les poumons des batteurs, et leur occasionne des maladies de poitrine dont un grand nombre sont les victimes. Les sentimens d’humanité s’accordent ici avec ceux de l’intérêt, et doivent aussi porter les cultivateurs à changer la méthode générale.

Cependant cette machine ne présente d’avantages réels qu’à ceux qui, ayant une exploitation assez considérable, peuvent trouver dans cette manière de battre, un bénéfice, déduction faite des frais de construction. On peut évaluer la construction à 2 mille ou 2 mille 500 livres. Ainsi celui qui n’ensemenceroit annuellement que 30 à 40 arpens, n’y trouveroit aucun bénéfice, à moins qu’il ne perçût une rétribution de ses voisins en leur accordant l’usage de sa machine.

On construira la machine à battre dans une grange spacieuse. En réunissant dans le même local une grande quantité de gerbes, on facilitera le travail ; on évitera les embarras et les frais de transport.

Le moteur sera hors de la grange ; et si l’on emploie les bestiaux, on construira un manège adossé à la partie extérieure de la muraille : un hangar suffira à cet usage.

Les propriétaires qui auront un courant d’eau trouveront un grand avantage à se servir de ce moteur, puisqu’ils éviteront ainsi l’emploi de trois ou quatre chevaux, et les salaires de la personne qui doit les conduire.

On pourra construire la machine dans un moulin à blé ou dans toute autre moulin, si le local le permet, ainsi que je l’ai vu pratiquer en Suède.

Le premier étage du bâtiment dont je parle, étoit consacré à la mouture, et l’on battoit le blé au rez-de-chaussée. La même roue faisoit mouvoir à volonté et successivement les deux machines. Cette réunion est importante pour n’être point négligée toutes les fois que les localités le permettront.

On a essayé en Suède de faire aller cette machine par le moyen du vent, mais sans succès.

Le vent ne soufflant jamais régulièrement, et ayant des interruptions fréquentes, il ne peut lui communiquer un mouvement habituel, de sorte que les ouvriers sont souvent contraints d’abandonner le travail, ce qui entraîne une grande perte de temps, et augmente par conséquent la dépense.

Lorsqu’on fait aller ces machines par un manège, on y emploie deux ou trois chevaux de taille ordinaire ; on est même obligé d’en atteler jusqu’à quatre, lorsqu’elles ne sont pas bien construites. Six personnes sont indispensables pour le service de la machine. Un homme est occupé à aller prendre les gerbes dans la grange ; une femme ou un jeune garçon présente les gerbes ; une troisième personne les pose sur la table : une quatrième reçoit la paille et la botelle à mesure qu’elle sort de la machine, après avoir été battue ; une cinquième emporte les bottes, et une sixième qui peut être un jeune enfant, conduit les chevaux. Ainsi, il faut six personnes, savoir : trois hommes et trois femmes, ou trois jeunes garçons ; car l’ouvrier qui présente la paille, celui qui l’étale sur la table, et le troisième qui conduit les chevaux, n’ont besoin, pour ces opérations, que d’une force et d’une adresse médiocre.

Ou calcule en Suède que six hommes font, par le moyen de la machine à battre, autant d’ouvrage que vingt-huit batteurs ordinaires, et cette supposition n’est pas exagérée ; les effets seront même plus considérables, si l’on fait mouvoir la machine par le moyen de l’eau ; car alors, on peut donner plus de longueur au tambour et aux cylindres, et ceux-ci prenant une plus grande quantité de paille à la fois, le battage est accéléré en proportion. Mais les calculs que je présente sont basés sur les dimensions d’une machine à manège, telle que je la décris ici.

Les meilleurs batteurs en grange n’obtiennent jamais, l’un portant l’autre, plus de dix boisseaux de grains par jour. Les batteurs ordinaires sont beaucoup moins d’ouvrage ; mais nous établirons la comparaison en accordant qu’un homme puisse battre habituellement dix boisseaux par jour.

La machine servie par six ouvriers, produit par heure trente boisseaux, mesure de Paris. En supposant qu’elle soit en activité pendant dix heures, on aura trois cents boisseaux. Mais, afin de calculer au plus bas, et dans l’hypothèse où elle n’agiroit que pendant neuf heures, on obtiendra deux cents soixante-dix boisseaux par jour. D’après ce calcul, six personnes employées à la machine, donneront chaque jour, par individu, quarante-cinq boisseaux de grains, tandis que par la méthode ordinaire de battre, un homme n’en donne pas dix. Ainsi l’avantage en faveur de la machine sera comme quatre et demi est à un ; c’est-à-dire, que six personnes employées à une machine, feront le même ouvrage que vingt-sept batteurs en grange. On observera que, pour battre à la manière ordinaire, il faut des ouvriers vigoureux, tandis qu’avec une machine, il suffit d’avoir trois hommes de force ordinaire, et trois jeunes personnes ; ce qui présente un nouvel avantage, puisque, dans ce dernier cas, on paie moins chèrement les ouvriers ; aussi calcule-t-on en Suède que six personnes, avec une machine, tiennent lieu de vingt-huit batteurs.

On emploie ordinairement la machine dans le temps où les journées sont les moins chères, et dans la saison où les chevaux sont peu occupés. Si l’on calcule la valeur du travail de trois chevaux, le montant de l’intérêt de l’argent déboursé pour la construction de la machine, enfin les sommes payées aux ouvriers pour le battage d’une récolte, on trouvera, en comparant ces sommes avec celles qu’on dépense pour le battage ordinaire, une économie annuelle de deux tiers en faveur du battage par la machine.

La machine qui bat trente boisseaux de froment par heure, et à peu près la même quantité de seigle, expédié dans le même temps quarante-cinq boisseaux d’avoine. Elle ne peut pas servir à battre les pois, les fèves, les haricots, etc. Les plantes légumineuses ont les tiges et les capsules trop grosses et pas assez flexibles pour être battues avec avantage par des moyens mécaniques semblables à ceux dont on se sert ici.

On verra par la description que nous allons donner, que la paille est entraînée séparément, tandis que le blé sort dégagé de tout corps étranger, après avoir été vané et criblé, et qu’il se trouve propre à être porté au marché.


Explication des figures.

La fig. 1re représente le plan de la machine. La fig. 2, l’élévation sur la ligne C. D. La fig. 3, sa coupe sur la ligne A. B. Les fig.. 4, 5 et 6, qui représentent différentes parties de la machine, sont dessinées sur une échelle quadruple.

A. Grande roue de 2 mètres 6 décimètres de diamètre, avec 80 dents.

A 2. Levier, 4 mètres 7 décimètres de long.

A 3. Montant ayant, depuis le sol jusqu’aux dents inclusivement, 2 mètres de long, et 3 décimètres de diamètre.

B. Lanterne en bois ou en fer, ayant 4 décimètres, avec 10 fuseaux.

C. Arbre de 3 décimètres de diamètre et 5 mètres de longueur.

D. Petite roue dentée verticale, ayant un mètre 4 décimètres de diamètre, avec 52 dents.

E. Poulie d’engrenage, de 3 décimètres de diamètre, divisée en 9 parties ou dents.

F. Le tambour ayant un mètre 1 décimètre de diamètre, sans comprendre les battoirs B b. qui, ont 7 centimètres de saillie et 5 de large. L’arc du tambour a 1 décimètre et 8 centimètres de diamètre. Il a 1 mètre et 2 décimètres de long. L’espace S compris entre la tambour et le revêtissement inférieurs, a un décimètre 3 centimètres.

G. Les 3 poulies fixées sur le grand axe, destinées à faire mouvoir les cylindres. La plus grande a 6 décimètres de diamètre, et la seconde, 5 décimètres 5 centimètres ; la petite, 5 décimètres.

H. La quatrième poulie qui fait mouvoir le volant, a 6 décimètres 5 centimètres de.diamètre.

I. Les 3 poulies du cylindre ont, la première, 3 décimètres 8 centimètres ; la seconde, 3 décimètres, et la troisième, 2 décimètres 5 centimètres.

K. Les cylindres ont 1 décimètre 7 centimètres de diamètre, avec des rainures de 2 centimètres de profondeur.

X. Poids qui pèse sur l’axe du cylindre supérieur.

L. La poulie fixée au tambour a 4 décimètres 4 centimètres.

M. Le volant. Ses ailes, à partir du centre, ont 7 décimètres 5 centimètres de long. Il a la même largeur que le tambour. L’arc du volant a un décimètre et 5 centimètres de diamètre. Les pointes attachées aux extrémités du volant ont 1 décimètre de long. Il y en a deux à chaque battant.

N. La poulie fixée à l’axe du volant a 5 décimètres 5 centimètres de diamètre.

O. Treillage en bois.

Q q. Trémie.

R r. Partie où la paille est rejettée.

P. Poulies à diriger les cordes qui sont mouvoir le ventilateur Q.

R. Table qui sert à poser la paille, ayant un mètre de long.

C e. Revêtissement supérieur du tambour.

S. Revêtissement inférieur du tambour.

T. Bluttoir.

La fig. 4 indique le développement des cylindres.

La fig. 5 représente la coupe de la grande roue, et l’arbre d’engrenage avec sa lanterne.

La fig. 6 représente le cylindre creux, formé par des anneaux Y. U est l’arbre carré qui traverse ces anneaux.

La machine à battre est mue par des bœufs ou par des chevaux, qu’on attèle à la traverse A 2, fixée dans la partie inférieure de l’arbre A 3. Deux chevaux font faire ordinairement deux révolutions à la grande roue. Les bœufs ne font qu’une révolution . On peut obtenir par ce mouvement 110 rotations du tambour par minute. Ces rotations peuvent être réduites à 70 ou 90, sans diminuer les effets. On doit même se fixer à ce nombre ; car une plus grande vitesse ne sert qu’à augmenter le travail des bestiaux, sans aucune utilité.

La grande roue A met en mouvement la lanterne N de l’arbre C. La roue D adaptée à l’autre extrémité de cet arbre, s’engrène dans la petite lanterne E, fixée à l’extrémité de l’axe du tambour.

Le tambour F de forme cylindrique est revêtu, à sa circonférence, de planches posées les unes contre les autres. Ses deux extrémités sont également fermées avec des planches. Il est garni de quatre battoirs placés longitudinalement, et à égale distance les uns des autres. Ces battoirs sont formés par des pièces de bois de la longueur du tambour. Ils ont 7 ou 8 centimètres de hauteur, et 5 centimètres de largeur. Ils frappent la paille à mesure qu’elle avance entre les cylindres et en détachant ainsi le grain. La paille est entraînée dans l’espace compris entre le tambour et le revêtisse ment inférieur, et sort par l’extrémité opposée aux cylindres.

Le tambour est surmonté d’un revêtissement C C, à la partie située vis-à-vis de la table. Ce revêtissement, qui s’ouvre à volonté par le moyen d’une charnière, est fait pour empêcher que le vent et la poussière n’incommodent l’ouvrier qui pose le blé sur la table.

Une corde, ou ce qui est préférable, une lanière de cuir qu’on tend, ou qu’on relâche au besoin par le moyen d’une boucle, fait tourner les deux cylindres K, en passant dans l’une des poulies G, fixées sur le grand arbre, et dans l’une de celles qui se trouvent à l’extrémité du cylindre inférieur I. On construit les poulies de diamètre différent, afin d’accélérer ou de ralentir le mouvement des cylindres. Les cylindres K servent à attirer la paille, et à la faire passer entre le tambour et le revêtissement S.

Il est nécessaire que le cylindre supérieur soit mobile, sans quoi une partie du grain seroit écrasée, et la paille qui entre souvent par gros paquets dérangeroit la machine ; mais afin que sa pression soit toujours égale, on charge l’une de ces extrémités d’un poids X, qui cède lorsque la paille est attirée entre les cylindres en trop grande quantité.

La table R est posée à la hauteur de la ligne de contact des deux cylindres ; elle est garnie à droite et à gauche d’un rebord pour retenir la paille. On doit lui donner un peu d’inclinaison, afin que la paille puisse se porter plus facilement vers les cylindres.

Le volant est mis en mouvement par une courroie qui passe de la poulie H à la poulie N. Les ailes de cette espèce de volant, armées de leurs pointes, entraînent la paille en la faisant passer sur un fond O, formé par un treillage en bois à travers duquel le grain s’échappe, tombe dans la trémie Q q, passe dans le bluttoir, et sort dans la partie S s. La construction du bluttoir est la même que celle qu’on a décrite dans le second volume de ce Dictionnaire. La paille est rejettée dans la partie R r.

On feroit mouvoir par le moyen d’une poulie fixée au grand arbre une machine à couper la paille, semblable à celle dont on se sert communément en Allemagne. C’est un avantage dont doivent profiter ceux qui suivent la bonne méthode de nourrir les chevaux avec de la paille hachée.

La machine dont je viens de donner la description m’a parue la plus parfaite de toutes celles que j’ai vues en Suède et en Danemarck. J’ai remarqué quelques variétés dans leur construction. Il suffira de présenter les différences qui offrent des modifications essentielles.

On fait des machines à battre, dont l’arbre C n’engrène à l’une de ces extrémités dans les dents de la grande roue, par le moyen d’un pignon de fer, tandis que son autre extrémité forme l’axe du tambour, et reçoit la poulie qui met en mouvement les cylindres.

Le tambour peut être revêtu en toile au lieu de planches. Ce revêtissement doit être parfaitement circulairen afin de faciliter le mouvement. Si l’on veut accélérer le battage, on lui donne huit battoirs au lieu de quatre. Ou construit des tambours de deux mètres de longueur, et alors on peut augmenter le diamètre. En donnant plus de longueur au battoir et au cylindre, il passe dans le même espace de tems une plus grande quantité de paille, et le battage se trouve accéléré, sans qu’il soit besoin d’augmenter de beaucoup la force motrice.

Il y a sur l’arbre horizontal de notre machine trois poulies de diamètre différent qui correspondent à trois autres poulies de diamètre inégal. Cette combinaison qui a l’avantage de donner aux cylindres le degré de vitesse dont on a besoin, est omise dans d’autres machines où il n’y a qu’une seule poulie sur l’arbre horizontal et une autre sur l’axe du cylindre. Il est moins aisé alors de régler le mouvement des cylindres.

Dans certaines machines l’espace qui se trouve sous le tambour est formé par un revêtissement auquel on fixe huit ou neuf pièces de bois en saillie, qui ont les mêmes dimensions que les battoirs du tambour, et qui leur sont parallèles.

Ce revêtissement occupe l’espace compris depuis le cylindre inférieur jusqu’à la ligne qui tombe perpendiculairement au-dessous de l’axe du tambour ; les pièces de bois servent à froisser les épis dans leur passage. L’intervalle qui les sépare des battoirs du tambour lorsqu’elles sont placées vis-à-vis de ceux-ci, ne doit être que de trois millimètres.

Le cylindre supérieur est ordinairement en bois ; il seroit plus à propos qu’il fût en fer : il produiroit alors une pression suffisante, sans qu’il fût besoin de le charger d’un poids.

Je donne, fig. 6, la représentation d’un cylindre d’une construction ingénieuse que j’ai trouvée dans les Œuvres diverses de Jumelin. Ce cylindre est formé par des amicaux Y de fer fondu et cannelé, ils sont traversés par une barre de fer quarrée U, de sorte qu’ils peuvent s’élever et s’abaisser indépendamment l’un de l’autre, selon la quantité plus ou moins grande de paille qui fait effort pour passer. Ou conçoit qu’en employant un cylindre construit de pièces détachées et dont le jeu est libre et indépendant, la pression sera par-tout la même, puisque chaque partie plus ou moins épaisse de la couche de paille reçoit un poids égal, tandis qu’avec un cylindre d’une seule pièce cette couche reçoit nécessairement des pressions inégales.

On a imaginé depuis peu en Suède des machines portatives à battre ; mais comme une assez longue expérience n’en a pas encore constaté les effets, j’ai cru inutile d’en donner ici la description.

La machine à battre le blé est sans doute susceptible d’être simplifiée, ou de recevoir des modifications avantageuses. J’invite les personnes qui apporteront quelque perfectionnement à cette machine, de vouloir bien m’en faire part, lorsque l’expérience leur aura démontré l’utilité de ces changemens. Je m’empresserai alors de les publier en faisant connoître le nom de leur auteur.

Lasteyrie., membre de la Société d’agriculture de Paris.