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Cours d’agriculture (Rozier)/COL

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 424-425).


COL, Médecine vétérinaire. Nous comprenons ici sous ce nom, l’encolure, le col proprement dit, & le gosier.

L’encolure en forme la partie supérieure, & est garnie des crins ou de la crinière. (Quant à sa conformation extérieure, voyez Encolure.) Le col, proprement dit, en est la partie moyenne. C’est de cette partie que sort l’encolure : le gosier en est la partie antérieure, & s’étend depuis le dessous de la ganache, jusqu’à l’entre-deux des épaules.

Des maladies du col. Le col est exposé à l’enflure & à la fistule ; l’enflure est occasionnée par le frottement réitéré du collier, du joug, & autres corps durs ; les coups donnés avec violence sur le col, les piqûres faites avec des instrumens mécaniques, & par les morsures venimeuses de quelque animal.

Traitement de l’enflure. Si l’enflure est récente, on doit la frotter avec de l’eau salée : si, au bout de quelques jours, malgré ces remèdes, l’enflure ne paroît pas diminuer, il faut saigner l’animal à la veine du plat de la cuisse, pour s’opposer à tout ce qui pourroit affecter la trachée artère, les artères carotides & les veines jugulaires, dont l’inflammation, quelque médiocre qu’elle pût devenir, mérite la plus grande attention ; appliquer ensuite sur l’enflure des étoupes imbibées d’un mélange d’eau-de-vie & d’eau commune ; donner pour nourriture à l’animal, du son humecté, & pour boisson, de l’eau blanche. Par ce traitement, on évite la suppuration, ordinairement fâcheuse, lorsqu’elle intéresse le tissu cellulaire des muscles du col.

L’enflure du col, qui vient à la suite de la morsure d’une bête venimeuse, exige un traitement analogue & particulier. (Voy. Morsure)

La seconde maladie qui affecte le col, est la fistule. Elle est occasionnée lorsque le maréchal, peu instruit, ou mal-adroit, en saignant un cheval ou un bœuf, pique, avec sa flamme, sur une valvule. On remarque alors à l’endroit où la saignée a été pratiquée, une élévation en forme de cul de poule, d’où il suinte une humeur roussâtre. La veine jugulaire se durcit en cet endroit ; & au milieu du cul de poule on observe un petit point rouge. C’est ce que nous appelons fistule.

Traitement. Pour s’assurer encore mieux de l’existence de la fistule, le chirurgien vétérinaire doit se servir de la sonde. La sonde cannelée, introduite dans le trou du cul de poule, il sondera la veine dans toute l’étendue de la tumeur. C’est le vrai moyen de faire évacuer la matière qui y est contenue, & la lymphe qui y séjourne. Il prendra garde de ne point pousser la sonde au-delà de la petite tumeur, de crainte d’occasionner une hémorragie qui pourroit avoir lieu, d’autant plus que la saignée auroit été pratiquée près des glandes parotides, d’où les veines jugulaires partent, ce qui seroit un obstacle à la ligature. La veine étant donc ouverte dans la portion dure & tuméfiée, il fera sortir les couches de lymphe qui peuvent s’y trouver ; il passera aux bords de la peau deux ou trois cordons, pour maintenir l’appareil ; après quoi il introduira, dans le haut de la veine & ses parois, de petits plumaceaux chargés de digestif simple, qui seront maintenus par des plumaceaux secs, placés par-dessus, comprimés & contenus par les cordons passés au bord de la peau. L’escarre étant tombée au bout de quelques jours, il suffit, pour terminer la cure, de laver deux fois le jour la plaie avec du vin chaud. Il faut bien se garder, à l’exemple de plusieurs maréchaux de village, d’appliquer des boutons de feu sur le cul de poule : l’expérience prouve qu’un ulcère sinueux, tel que celui dont il s’agit ne doit être ouvert qu’avec l’instrument tranchant ; que le bouton de feu ne peut jamais assez ouvrir la plaie ; qu’au lieu de conserver la peau, qui est essentielle & nécessaire, il ne tend, au contraire, qu’à la détruire ; & qu’en un mot, le feu rendant la chute de l’escarre plus tardive, la maladie devient conséquemment plus longue. M. T.