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Cours d’agriculture (Rozier)/FUMETERRE

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Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 194-195).
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FUMETERRE. (Voyez Pl. 8 du tome IV, pag. 638) M. Tournefort la place dans la première section de la onzième classe, qui comprend les herbes à fleurs de plusieurs pièces, irrégulières, & de figure singulière, dont le pistil devient un fruit d’une seule loge, & il la nomme Fumaria officinarum. M. von-Linné lui conserve la même dénomination, & la classe dans la diadelphie hexandrie.

Fleur, papilionnacée, purpurine, verte au sommet ; B représente la lèvre supérieure ; C, la fleur grossie laissant voir les étamines au nombre de six, avec le pistil ; D, l’espèce de tunique qui enveloppe les parties de la génération.

Fruit E, silicule membraneuse qui succède à la fleur, & renferme une graine sphérique F.

Feuilles, portées par d’assez longs pétioles, ailées, terminées par une impaire ; les folioles sont également ailées, & plusieurs fois découpées, leurs découpures obtuses.

Racine A, menue, peu fibreuse, perpendiculaire, blanchâtre.

Port. Tige creuse, lisse, avec plusieurs rameaux anguleux, opposés aux feuilles, ainsi que les fleurs qui naissent en grappes ; les feuilles sont placées alternativement sur les tiges.

Lieu. Les champs, les jardins ; la plante est annuelle, & fleurit en mai, juin, juillet, & jusqu’à l’hiver, suivant le climat.

Propriétés. Les auteurs sont peu d’accord sur l’origine du nom de cette plante ; les uns disent qu’elle aime les terre fumées ; d’autres, que son suc introduit dans les yeux, y cause de l’irritation comme de la fumée. Quant à moi, je pense que son nom vient réellement de sa qualité, relativement à la terre, attendu qu’elle la fume ; en effet, pour peu que cette plante trouve une terre convenable, elle pousse de longs & nombreux rameaux qui contiennent, au rapport de M. Adanson, un vrai sel nitreux, qui décrépite au feu comme du nitre, ainsi, la décomposition de cette plante rend à la terre beaucoup plus de principes qu’elle n’en a reçu d’elle. (Voy. les mots Alterner, Amendement, Engrais).

La fumeterre est très-amère, désagréable au goût, sans odeur. On a beaucoup vanté le suc de ses feuilles contre les dartres, la gale, la goutte, sans aucun fondement. On peut la regarder comme stomachique, utile dans la jaunisse essentielle, lorsque l’inflammation devient modérée ; dans les obstructions récentes du foie, dans les pâles couleurs. On en prépare un sirop & un extrait ; le premier est employé dans les mêmes cas que le suc ; le second échauffe & ne vaut pas le premier ; son eau distillée ne diffère en rien de celle des rivières, des fontaines. La dose du suc est depuis deux jusqu’à quatre onces pour les hommes, & depuis six jusqu’à huit pour les animaux. Si on s’en sert pour ces derniers en infusion, la dose est de deux poignées sur deux livres d’eau.