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Cours d’agriculture (Rozier)/SÉNEÇON

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 180-181).


SÉNEÇON. Von-Linné le classe dans la syngénésie polygamie superflue, & le nomme Senecio. Tournefort lut donne le même nom, & le place dans la seconde section de la douzième classe des herbes à fleurs à fleurons, qui laissent après elles des semences aigrettées. Le séneçon commun est trop multiplié & trop connu pour le décrire. Je dirai seulement que toute cette plante est sans odeur, fade, légèrement acide, émolliente, rafraîchissante & réputée vermifuge. On en fait des décoctions pour lavemens, fomentations & cataplasmes. Si on désire de plus grands détails sur les caractères génériques du séneçon, on peut consulter l’article Jacobée, dont il diffère par ses corolles nues & jaunes, ses fleurs éparses, & par ses feuilles sinuées qui embrassent les tiges.

Parmi le grand nombre d’espèces comprises dans le genre des séneçons, celui d’Éthiopie mérite d’être distingué & de trouver place dans les jardins des fleuristes ; il fleurit en automne. Von-Linné le nomme avec raison Senecio elegans, & Tournefort l’appelle Senecio americanus purpureo-cœrulco flore.

La plante bien cultivée & semee de bonne heure, s’élève à la hauteur de quinze à dix-huit pouces. Elle pousse plusieurs tiges droites assez serrées les unes contre les autres, qui se divisent au sommet en un grand nombre de pédicules, & presque chaque pédicule porte une fleur ; les pétales ou feuilles de la fleur sont disposés presqu’en rose, d’une couleur pourpre brillante ; le centre de la fleur est coupé par des fleurons hermaphrodites de couleur jaune ; le calice commun est écailleux & d’un verd tranchant. C’est par la réunion de ces fleurs, par leur multiplicité & par leurs couleurs, que la plante devient intéressante & très-agréable à l’œil ; les feuilles sont presque découpées en manière de lyre, les découpures égales & ouvertes.

Quoique cette plante soit originaire d’Éthiopie, & par conséquent d’un pays très-chaud, elle réussit, sans des soins recherchés, dans la majeure partie de nos provinces. Elle participe de la facilité qu’ont tous les séneçons à se multiplier par leurs graines emportées par le vent. On doit, semer celui-ci sur couche sourde, ou sous châssis si on en a, dès la fin de mars, & à la fin de février pour les provinces méridionales, dans une exposition chaude, bien abritée, & que l’on puisse recouvrir avec des paillassons dans le besoin. La seconde attention à avoir, consiste a préparer une terre douce, très-légère, ou bien employer du vieux terreau des couches, & à son défaut, de la terre de saule. La graine très-petite demande à être peu enterrée, & lorsqu’elle est semée, on recouvre le tout avec de la paille hachée menu & en petite quantité, c’est-à-dire, pour qu’elle retienne le coup-d’eau lorsqu’on arrose, & que cette eau ne tape pas trop la terre. On laisse la plante se fortifier sur le lieu même, & lorsqu’elle a acquis un certain nombre de feuilles, on la lève & on la met à demeure dans des pots ou dans les plates-bandes.