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Cours d’agriculture (Rozier)/SABLES ou TERRAINS SABLONNEUX

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SABLES ou TERRAINS SABLONNEUX. On trouve en divers endroits des cultures qui étonnent l’œil de l’observateur, soit à cause de l’art avec lequel elles sont dirigées, soit à cause de la fécondité du sol. Dans le genre de culture dont nous allons donner la description, le sol et le climat n’ont favorisé en rien les efforts de l’homme ; mais au contraire ils semblent leur avoir opposé des difficultés insurmontables. Il a fallu que le cultivateur trouvât dans les ressources de son industrie, dans l’assiduité et l’activité de son travail, les seuls moyens propres à fertiliser un sol qui paroissoit condamné à une stérilité absolue.

La culture qui est en usage en Espagne sur les terrains aux environs de San-Lucar de Barameda, nommés navazos, peut être regardée comme un prodige de l’art ; et aucune des méthodes employées ailleurs ne peuvent lui être mises en parallèle, si l’on considère les difficultés qu’il a fallu vaincre, et les résultats qu’on a obtenus. Je crois devoir entrer dans quelques détails sur cette méthode, soit à cause de l’intérêt qu’elle offre, soit à cause de l’application qui peut en être faite sur les terrains sablonneux de nos départemens, principalement sur les immenses et stériles landes de Bordeaux, sur les sables situés au bord de la mer, et des rivières, et sur les terrains qui conservent l’eau à une certaine profondeur.

Pour bien connoître les principes d’après lesquels cette culture est dirigée, il importe de décrire avec précision la configuration, la nature et les autres qualités du sol sur lequel elle a été établie.

San-Lucar de Barameda est situé sur le penchant d’une colline sablonneuse qui se prolonge le long des bords du Guadalquivir, à quelques lieues vers le nord, et se termine vers le midi aux rivages de la mer, et à ceux du fleuve, à peu de distance de la ville.

Cette colline qui s’étend vers la partie de l’est en forme de plateau irrégulier, présente, du côté de l’ouest, une pente plus ou moins rapide, et laisse entre elle et le fleuve une plaine de cinq quarts de lieue de large.

Sa largeur, qui n’a qu’un quart de lieue dans la partie située en face de la ville, s’étend à mesure que l’on remonte vers le nord. C’est dans cette petite plaine, et sur les rives du Guadalquivir, que l’on trouve les champs désignés sous le nom de navazos.

Le terrain est irrégulier ; il est formé par des monceaux de sables dont les dimensions sont plus ou moins étendues. Les flots agités par les tempêtes soulèvent et entraînent au delà des limites ordinaires du Guadalquivir, ces sables que le fleuve dépose continuellement sur ses bords ; le soleil les dessèche ; et bientôt, devenus le jouet des vents, ils se répandent dans la plaine, et ils forment ces inégalités du sol dont je viens de parler ; plus d’une fois ils ont menacé d’envahir la ville basse, qui même n’existeroit plus aujourd’hui, si l’industrie des cultivateurs ne leur eût opposé des barrières à l’abri desquelles les habitans jouissent de leurs propriétés, et l’agriculteur, du fruit de ses travaux. Quoique ces champs, ou plutôt ces jardins, nommés navazos, aient existé de temps immémorial sur les bords du Guadalquivir, il n’y a que soixante-dix ans qu’on en a fait dans la partie sud du terrain situé entre la ville et le fleuve. Chaque jour on en forme de nouveaux ; et j’ai vu, avec beaucoup d’intérêt, exécuter un genre de travail si extraordinaire.

Les sables sont extrêmement mouvans ; et même ils ne prennent qu’une légère consistance, par une longue culture, et par l’addition des engrais. Une humidité surabondante peut seule les fixer, et les rendre solides sous le pied de l’homme, ou sous celui des animaux. Les bords du fleuve découverts à l’instant du reflux, offrent une route unie et solide, qu’on choisit de préférence, même pour le passage des voitures. L’espace de terrain situé entre le rivage et les navazos, a quelques mètres de large, et sert de chemin lorsque la marée est parvenue à sa plus grande élévation.

Comment eût-on imaginé de faire produire quatre ou cinq récoltes annuelles à un terrain formé par des monticules d’un sable quartzeux, dans la contrée la plus brulante de l’Europe, si le hasard ne fût venu au secours de l’homme, si une longue observation ne lui eût appris à tirer parti des moyens indiqués par la nature, si le travail nécessaire pour produire une métamorphose si surprenante n’eût été stimulé par le plus puissant des motifs, celui de la jouissance ?

Lorsqu’on se propose de mettre en culture le terrain dont je viens de donner la description, et qu’au lieu de ces monceaux de sable qui fatiguent la vue, on veut couvrir le sol d’un tapis de verdure, et en retirer d’abondantes récoltes, on commence par déterminer la grandeur et la forme que doit avoir le jardin ou navazo. Ces dispositions sont prises d’après la configuration du terrain, d’après les dimensions plus ou moins grandes que présentent les parties basses de ce terrain, etc.

L’objet principal du cultivateur, dans le travail qu’il va entreprendre, c’est de donner au sol une surface égale, et de le niveler à une hauteur donnée, condition indispensable, et sans laquelle on chercheroit en vain à se procurer des récoltes. C’est en ce point que consiste l’art de cette culture ; c’est ici qu’est caché tout le mystère d’une végétation qui étonne l’œil du voyageur.

En effet, la végétation ne s’opère dans ces sables qu’à cause de l’humidité dont le sol est plus ou moins imprégné dans les diverses saisons de l’année. On y trouve constamment, en creusant à une certaine profondeur, les eaux produites en été par le voisinage du Guadalquivir, et en hiver, où leur abondance est beaucoup plus grande, par l’eau des pluies qui découle et filtre des plateaux voisins. Les hautes marées qui se font sentir sur les bords du Guadalquivir produisent aussi une élévation marquée dans les eaux souterraines des navazos.

On conçoit qu’une surabondance d’eau, durant plusieurs mois de l’année, eût apporté dans la culture des obstacles insurmontables, et que le défaut d’humidité, pendant les chaleurs de l’été et de l’automne, eût frappé le sol d’une stérilité absolue.

Il a donc fallu trouver les moyens de faire écouler, pendant l’hiver, les eaux surabondantes, et de mettre à profit, durant les autres saisons, celles que l’on rencontre constamment sous la surface du sol.

L’observation a fait connoître quel étoit le niveau le plus bas des eaux en été, et leur plus grande élévation pendant l’hiver. C’est d’après ces données qu’on a déterminé l’élévation que devoit avoir le sol pour qu’il fût susceptible de fécondité. On a trouvé qu’il étoit nécessaire de tenir sa surface à cinq ou six décimètres (un pied et demi ou deux pieds) au dessus du niveau que conserve l’eau durant la majeure partie de l’année.

On a reconnu qu’à cette élévation le terrain n’était pas inondé pendant l’hiver, et qu’il recevoit pendant l’été, par le moyen des eaux souterraines, toute l’humidité dont il a besoin pour se couvrir d’une végétation vigoureuse. Il suffit pour cela que les racines des plantes trouvent une couche de terre assez profonde pour s’étendre sans pénétrer jusqu’à l’eau ; car alors elles se pourriroient ; et la végétation seroit foible, languissante, ou même ne pourroit avoir lieu. Si l’on donnoit à la superficie du sol un double décimètre (neuf pouces) d’élévation en sus de celui que je viens d’indiquer, on n’auroit aucun produit, excepté en hiver, par la raison que les eaux sont plus élevées qu’en été ; si on l’abaissait au contraire d’un double décimètre, (neuf pouces) on seroit obligé de semer beaucoup plus tard, et l’on obtiendroit des récoltes moins nombreuses et beaucoup moins abondantes. J’ai fait creuser à différens endroits distans les uns des autres d’une demi lieue, ou de trois quarts de lieue, et j’ai trouvé l’eau par-tout à une égale distance de la superficie des navazos. Cette eau n’a aucune mauvaise saveur ; et celle que l’on tire des puits est saine et bonne à boire. Elle hausse et baisse avec le flux et le reflux, principalement devant les hautes marées.

Le cultivateur qui se dirige d’après ces principes, examine, lorsqu’il veut faire un navazo, le terrain sur lequel il doit opérer ; s’il est maître du choix, il préfère celui qui se trouve le plus bas, et qui est couvert des monceaux de sable les plus petits ou les moins nombreux, par la raison que le travail à faire est alors moins long et moins pénible. Dans tous les cas, il forme son plan de manière a n’enlever du sol que la moindre quantité possible de sable. J’ai calculé que, généralement, on en transporte, sur une superficie donnée, l’épaisseur de seize décimètres (cinq pieds.)

Comme le terrain situé auprès de la ville surpasse en valeur des terrains plus éloignés, et que le cultivateur trouve dans sa culture le remboursement de ses frais, et la récompense de ses travaux, il entreprend l’exploitation de ce terrain, malgré que les difficultés à surmonter soient plus considérables. Il enlève souvent des monticules hauts de six à sept mètres. Il transporte le sable sur les plateaux les plus élevés ; et il forme ainsi autour du champ des espèces de chaussées (Voyez la Pl. VIII) ou digues inégales en hauteur et en largeur, selon que la quantité de sable à extraire est plus ou moins grande. Elles ont communément de huit à dix mètres (vingt-cinq à trente pieds) de large sur deux et demi à trois (huit à neuf pieds) de hauteur. Elles servent de rempart contre l’invasion des hommes, et sur-tout des animaux. On est forcé, pour éviter un travail inutile, de transporter le sable dans le lieu le plus près de celui où l’on travaille. C’est par cette raison que la forme qu’on donne aux champs est souvent irrégulière. Elle présente ordinairement un carré long dans le sens du Guadalquivir ; quelquefois elle est triangulaire ; mais on cherche toujours à lui donner la plus grande régularité possible. On conçoit que la grandeur des navazos doit varier, puisqu’elle est subordonnée à la configuration du sol. J’en ai mesuré un qui avoit une contenue moyenne, et qui portoit quarante mètres de large sur cent de long (vingt toises sur cinquante). Un travail aussi pénible, qui toujours est entrepris par des cultivateurs indigens ou peu aisés, ne peut être terminé qu’au bout de quelques années ; aussi l’on commence toujours par les parties les plus basses ; on a alors une moindre quantité de sable à enlever, et la jouissance est plus prompte. Si l’année pendant laquelle on commence à préparer un navazo est pluvieuse, au lieu de creuser à la profondeur nécessaire, on laisse au terrain une profondeur de deux décimètres (huit pouces) en sus : car, dans ce cas, la végétation pouvant avoir lieu, on diffère ce travail pour l’année suivante, et l’on défriche une plus grande quantité de terrain dès la première année. On est forcé au contraire de creuser à la profondeur donnée, lorsque les pluies ont été peu abondantes.

Après avoir déblayé le champ de toute la quantité surabondante de sable, on lui donne un nivellement exact ; et l’on forme sur ses côtés, le long des digues, des fossés AA (Voyez la Planche), pour l’écoulement des eaux qui sont si abondantes pendant la saison des pluies. En effet, sans cette précaution, la superficie du sol seroit submergée. Outre ces fossés qui embrassent la circonférence du champ, on en pratique d’autres BB (Voyez la Planche) qui viennent aboutir à ceux-ci, et qui divisent le terrain en une quantité plus ou moins grande de carreaux. Ils servent à recevoir les eaux surabondantes du champ, et vont aboutir, par une pente presque insensible, à un ou plusieurs points de la digue la plus voisine du fleuve. Comme les travaux du défrichement sont considérables, on diffère ordinairement à la seconde année la formation des fossés qui doivent diviser le champ ; ces fossés et ceux qui bordent les digues sont profonds d’environ cinq décimètres (un pied et demi), de sorte qu’en creusant un demi-décimètre, ou un mètre plus avant, on trouve la superficie de l’eau. Ils ont à leur base trois à quatre décimètres (onze à quinze pouces) de large ; et leurs côtés forment un talus de cinquante degrés. Ils servent d’allées lorsqu’on veut se transporter d’une partie d’un narazo à l’autre. On sème sur leurs talus du maïs, des haricots, et des pimens.

On fait au pied de la digue un trou, ou réservoir en maçonnerie DD (Voyez la Pl.) d’un mètre carré (trois pieds). Il est destiné à recevoir la terre qui est entraînée par les eaux, et qui pourroit boucher le canal d’écoulement construit sous la digue.

Les dépôts qui s’y forment et qu’on enlève de temps à autre, sont rejetés sur le terrain comme engrais.

Pour placer le canal d’écoulement, on a égard à la pente du terrain, et à la hauteur des sables sous lesquels on doit le faire passer. Sa construction est quelquefois difficile, sur-tout lorsqu’on est obligé de lui faire traverser une masse de sable élevée. On ouvre une tranchée dans laquelle on construit une portion du canal ; on recouvre de sable, et on continue ainsi successivement. Il est fait avec des briques maçonnées, ou le plus souvent avec des tuyaux de terre cuite, du diamètre de deux décimètres (sept ou huit pouces). Les eaux éconduites par ces canaux passent successivement d’un navazo à l’autre sous les différentes digues, et vont se perdre sur le rivage du Guadalquivir. Ces canaux ont indiqués dans la figure par les lettres EE. (Voyez la Pl.) Il est nécessaire de donner une certaine inclinaison aux tuyaux, afin que le courant des eaux ait assez de force pour entraîner le sable qui pourroit s’y arrêter. Si un tuyau vient à se rompre ou à s’obstruer, on forme un ou plusieurs puits, jusqu’à ce qu’on ait rencontré la partie qui exige des réparations. Lorsque la base des fossés se trouve au dessus du niveau du terrain situé entre un navazo et le fleuve, on est obligé de construire en voûte un canal de conduite qui traverse ce terrain, et qui se décharge immédiatement dans le fleuve. Sans cette précaution, le sable boucheroit le conduit, et s’opposeroit à l’écoulement des eaux.

Les eaux, au sortir des navazos, s’écoulent ordinairement sur la plage, et vont se jeter dans le fleuve, ainsi qu’on le voit en FF. (Voyez la Planche.)

On a représenté aux lettres OOO, la coupe de la portion de terrain figurée au bas du dessin. On y voit les éminences de sable, les fossés qui sont situés au pied de ces éminences, et les fossés qui divisent le terrain, et servent à l’assainir.

Après avoir donné au terrain cette première disposition, après avoir terminé un travail long et pénible, il est nécessaire que le cultivateur se livre à d’autres soins et à de nouveaux travaux, afin que la nature ne puisse détruire l’ouvrage de l’art. L’expérience lui a appris que la belle verdure, dont les navazos sont couverts durant toute l’année, disparoîtroit promptement, s’il ne travailloit à arrêter des sables que le vent enlève et répand sans cesse dans la campagne, lorsqu’on n’emploie aucun moyen pour les contenir. Il plante à cet effet, sur la partie la plus élevée de la digue qu’il vient de former, des aloès, des cactus, et il y répand des tiges de melons, de citrouilles, de calebasses, et les différentes plantes qui croissent spontanément sur les lieux. Cette espèce de toit, dont la digue est couverte, empêche que le vent n’ait prise sur les sables durant la première année. Les semences des plantes qui ont été répandues germent et produisent des tiges qui, les années suivantes, fixent le sable et consolident le terrain. Lorsque les effets du vent viennent à se faire sentir sur un point de la digue, on y répand de nouveau des herbes qui contiennent le sable ; et on arrête ainsi les dégradations. Les cultivateurs plantent, en outre, sur les monceaux de sable qu’ils n’ont pu enlever, de la vigne et des arbres, ainsi que je le dirai plus bas.

On distingue deux espèces de navazos ; les uns qui reçoivent des hauteurs voisines une quantité d’eau à laquelle il n’est pas possible de donner de l’écoulement, restent submergés pendant l’hiver ; les autres peuvent être facilement débarrassés des eaux surabondantes qui, dans leur plus grande hauteur, ne parviennent qu’à deux décimètres (sept à huit pouces) au dessous de la superficie du sol. Les premiers sont assez rares. La culture des uns et des autres ne diffère qu’en ce que les navazos humides ne sont susceptibles de recevoir la semence des plantes que dans les mois d’avril, de mai, et même au mois de juin. Les navazos ordinaires peuvent être ensemencés pendant tout le cours de l’année, et produire des récoltes d’hiver et d été.

On donne chaque année un labour à fond aux navazos ; c’est-à-dire que l’on remue et que l’on retourne le terrain à la profondeur de cinq à six décimètres, (dix-huit à vingt-deux pouces) qui est celle où l’on trouve l’eau. Pour exécuter ce travail, on commence par l’une des extrémités du champ, en rejetant la terre en arrière avec un large hoyau P, dont je donnerai plus bas la description.

On ne pourroit remuer la terre à cette profondeur, si on se contentoit de donner un seul coup de hoyau. Il est donc nécessaire d’en donner trois dans le même espace, de manière que le sable enlevé du premier coup, soit jeté au fond du fossé ou sillon que l’ouvrier a formé derrière lui. Il achève de le combler par deux autres coups de hoyau : c’est ainsi qu’il remue successivement tout son terrain.

L’ouvrier, en exécutant ce travail, ne cherche pas à égaliser le sol ; il laisse à dessein les mottes telles que le hasard les forme. L’expérience lui a appris que ces sables deviennent le jouet des vents, et sont transportés d’un lieu à l’autre, lorsqu’ils ne trouvent aucun obstacle, et lorsque la superficie du sol est unie et sans aspérité. Les mottes diminuent l’effet du vent, et arrêtent le sable dans sa marche. Le champ reste dans cet état jusqu’à ce que les plantes qu’on a semées aient acquis leur développement, et que la superficie du sol soit couverte de manière à être suffisamment abritée. C’est à cette époque que le cultivateur égalise et affermit son terrain, ainsi que je le dirai plus bas.

On ne peut exécuter un labour aussi profond sans combler les fossés qui servent de division aux carreaux. Le cultivateur est donc forcé de le rétablir. Son champ est alors disposé à recevoir les semences ou les plantes qu’il se propose de lui faire produire.

On a remarqué que la première année du défrichement, le sol est susceptible de produire une bonne récolte de sandies ou melons d’eau, sans même qu’il soit nécessaire de le fumer. C’est aussi la première culture que l’on établit sur ces nouveaux terrains.

Les plantes que l’on cultive communément dans les navazos sont les melons d’eau, plusieurs variétés de citrouilles, des melons, des tomates, des pimens, des fèves, des haricots, des pois, du maïs, de l’orge, des choux, des choux-fleurs, des brocolis, des ognons, de l’ail, des aubergines, des roseaux, etc. On y a introduit depuis trois ou quatre ans la culture des pommes de terre, qui a parfaitement réussi. Les arbres ou arbustes que l’on plante sur les monticules de sable, sont la vigne, le figuier, le mûrier, le prunier, l’abricotier, le pêcher, le coignassier, etc.

Les plantes qui forment la culture d’hiver, et que l’on sème à la fin de l’automne, ou dans le cours de l’hiver, sont les fèves, les pois, les laitues, l’escarole, l’orge, les ognons, les tomates, etc. On plante aussi, pendant l’hiver, des choux, des choux fleurs, des tomates, etc.

Il n’y a enfin aucune plante dont la culture n’ait eu de succès toutes les fois qu’elle a été tentée. No se cria lo que no se pone. On ne récolte que ce que l’on a semé, me disoit un cultivateur, voulant signifier que toutes les cultures réussissoient également.

Les navazos qui ne sont pas trop humides peuvent recevoir, au mois de mars, les semences de diverses espèces de plantes.

On donne à la terre une disposition particulière lorsqu’on la destine aux cultures d’hiver. On rehausse le terrain en ados, afin de procurer aux plantes un abri contre les vents froids, contre les sables, et pour les préserver d’une humidité trop abondante. Ainsi, pour planter des laitues, on divise un carreau en plates-bandes larges de sept mètres (vingt-deux pieds). Voyez la figure G, H, I, etc., qui représente une coupe de terrain disposée d’après ce système, et tracée sur de plus grandes dimensions que les autres parties du dessin.

On forme, sur la longueur de ces plates-bandes, deux ados pyramidaux GG, destinés à recevoir de l’orge, et dans l’intervalle quatre ados bombés HH, etc., sur lesquels on plante des laitues. Les sillons II, etc., placés entre les ados, servent à l’écoulement des eaux ; et l’orge met les laitues à l’abri du sable et des vents froids.

On donne souvent aux sillons II une certaine largeur, ainsi qu’on l’a fait ici, afin de les rendre propres à recevoir une culture hâtive de citrouilles. Toutes les fois que l’on confie à la terre une plante délicate, qui pourroit être endommagée par les vents ou par les sables, on a soin de l’abriter par des ados, ou par de l’orge semée sur des plates bandes longues et étroites. Cette orge est ordinairement coupée en vert, pour la nourriture des animaux.

Les fèves, les haricots et les pois se sèment vers le premier de novembre, et dans les mois suivans ; les laitues, depuis le premier novembre jusqu’au dernier de février ; les citrouilles, à la fin de février ; les ognons, de janvier à février ; les tomates et les choux, en mars : la récolte de cette dernière plante se fait depuis octobre jusqu’en janvier ; les tomates commencent en juin, et durent jusqu’en janvier ; presque toutes les plantes n’occupent le sol que durant l’espace de trois ou quatre mois. La végétation est en effet d’une promptitude extraordinaire ; j’ai vu du maïs semé depuis quatre jours, dont les premières feuilles commençoient à paroître.

Non seulement la végétation est très-accélérée dans les navazos ; mais les fruits et les plantes y parviennent à une grosseur et à une hauteur prodigieuses. On y trouve communément des pastèques de vingt à trente livres : on en a vu qui pesoient jusqu’à soixante-quatre livres, ainsi que des citrouilles de cent dix-sept, et des choux de vingt-six.

J’ai mesuré des feuilles de citrouille, dont la longueur, y compris le pétiole, étoit de douze décimètres (quatre pieds), et des pieds de maïs qui, n’ayant pas atteint leur entière croissance, s’élevoient cependant à la hauteur de trois mètres (neuf pieds) ; des ognons de quinze centimètres (six pouces) de diamètre, et de huit (trois pouces) d’épaisseur. On y fait deux récoltes annuelles de pommes de terre ; et, un particulier qui avoit cherché à en obtenir trois, m’a dit qu’il auroit réussi, si le terrain sur lequel il cultivoit eût été moins humide. La même pièce de terre donne, chaque année, quatre ou cinq récoltes qui se combinent les unes avec les autres, et qui se succèdent alternativement. Un pied de melon produit six, huit et dix melons ; il repousse souvent et donne une seconde récolte de trois ou quatre melons moins gros que les premiers. Les citrouilles, après avoir porté quatre ou cinq fruits, produisent aussi une seconde récolte, lorsque les circonstances sont favorables. Une portion de navazos longue de trente-six mètres sur trente de large (dix-huit toises sur quinze) produit environ trente-six mille ognons d’une belle grosseur.

La température du climat de l’Andalousie, la chaleur du soleil, l’humidité du sol et l’abondance des rosées sont les agens qui produisent la végétation dans les navazos de San-Lucar, et lui donnent une force si extraordinaire. Si l’on examine les champs avant le lever du soleil, on y trouve ordinairement les plantes couvertes d’une rosée si abondante, qu’elle pénètre le sable même à une certaine profondeur. Le fumier contribue également à la fécondité du sol, et les produits sont toujours en raison de la quantité d’engrais employée.

Pour obtenir une succession de récolte dans le même terrain, pendant l’intervalle de dix à douze mois, il est nécessaire de former des pépinières où l’on élève les plantes qui doivent être transplantées, lorsqu’elles ont acquis un accroissement suffisant. Le choix du terrain pour former une pépinière est indifférent, puisque sa qualité est la même dans toute l’étendue du champ. Il suffit que la pépinière soit à l’abri des vents, qu’elle ait une exposition favorable, et que les engrais y soient répandus en abondance. Le cultivateur enlève de la pépinière, et place sur le même espace de terrain, par rangées alternatives, deux ou trois différentes espèces de plantes, tantôt à la même époque, tantôt à des époques successives. Dans le premier cas, il combine ses plantations de manière à ce que les plantes confiées au terrain soient douées d’une végétation plus prompte les unes que les autres ; celles qui parviennent les premières à l’état de maturité, sont récoltées, et laissent aux autres la place dont elles ont besoin pour prendre leur entier accroissement. Dans le second cas, le cultivateur, après avoir enlevé de son champ une plante intercalée avec d’autres, en substitue une nouvelle, qui trouve assez d’espace pour croître, jusqu’au moment où doit être faite une seconde récolte, et ainsi successivement. C’est par le moyen de cette combinaison que le sol se trouve toujours couvert de plantes qui se succèdent, sans que l’une puisse nuire à l’autre. Cet excellent système ne sauroit trop être recommandé : c’est le même qui est suivi par les maraîchers des environs de Paris.

On a représenté quelques unes des combinaisons qui ont lieu dans les navazos de San-Lucar. K indique un mélange de citrouilles, de choux et de tomates. (Les différentes plantes sont désignées sur la gravure par des signes particuliers.) L représente un carreau de tomates, de choux et de haricots ; M des ognons et des haricots ; W des tomates, des fèves et des ognons.

Les plantes sont alignées au cordeau, et chaque espèce est ordinairement placée à des distances égales, relativement les unes aux autres, ainsi qu’on peut le voir figuré sur la gravure. Comme le sable est très-mouvant, on se contente de faire un trou à la main, lorsqu’on veut mettre une plante en terre. On forme cependant des fosses pour les cucurbitacées, parce que leurs racines ont besoin d’être entourées d’une certaine quantité de fumier.

Ces fosses sont placées à la distance de vingt-cinq à trente décimètres (huit à neuf pieds.) Ou leur donne cinq décimètres (dix-huit pouces) de profondeur, c’est-à-dire, que leur fond doit être élevé d’un décimètre (quatre pouces) au dessus du niveau de l’eau ; leur largeur est de cinq à six décimètres (dix-huit à vingt-deux pouces.) On y met du fumier, en raison d’une charge d’âne par chaque creux. Une partie de cet engrais est jetée au fond de la fosse, et l’autre est mêlée avec le sable, de manière à ce que la fosse en soit remplie. On sème les graines de citrouilles au centre de la fosse, ou bien on y place la plante à l’époque où les tiges ont six décimètres (vingt-deux pouces) environ.

Lorsque les citrouilles ont poussé la seconde ou troisième feuille, ou que les plants sont bien pris, on donne un labour, qui consiste à remuer légèrement la terre, à l’égaliser, et l’affermir. On se sert, à cet effet, d’un hoyau P, dont le manche forme, avec le fer, un angle de quarante degrés. Le fer a trois décimètres (un pied) sur chacune de ses dimensions. Ce labour, ou plutôt ce binage, se donne à toutes les plantes. On le répète, dans quelques circonstances, jusqu’à deux fois. On fait entrer horizontalement en terre le fer du hoyau, à peu de distance de la superficie du sol ; on le retire ; on le passe ensuite à plat sur la terre, par un mouvement de droite à gauche ; et enfin l’on affermit le sable, en frappant plusieurs coups avec le plat de l’instrument. Cette dernière opération correspond au piétinement pratiqué dans nos jardins. Elle est usitée dans plusieurs endroits de l’Andalousie, sur-tout dans les terrains légers. Elle mérite d’être imitée, principalement dans les climats chauds et les terrains arides. Elle contribue puissamment à conserver l’humidité du sol. J’ai plusieurs fois examiné, comparativement, le sol d’un champ qui avoit été ainsi labouré et battu, avec celui qui n’avoit reçu qu’un labour ordinaire. J’ai trouvé que la terre de l’un conservoit une grande humidité, même à la surface, tandis que l’autre étoit desséchée à la profondeur de trois décimètres, et plus.

Lorsque les tiges des citrouilles ont atteint la longueur de treize à quatorze décimètres, on couvre leurs nœuds de sable, afin de leur faire prendre racine ; la plante trouve ainsi une plus grande quantité de sucs alimentaires ; et les sables sont moins exposés à être entraînés par les vents. On coupe, ou l’on écourte quelques tiges aux citrouilles, pour les empêcher de s’étendre au delà de la place qui leur est réservée[1]. La récolte de leurs fruits commence en juin, et dure plusieurs mois : les Espagnols mangent avec plaisir les citrouilles, avant qu’elles ne soient parvenues à leur degré de maturité.

Telle est la culture qu’on donne non seulement aux citrouilles, mais aussi à toutes les espèces de cucurbitacées.

Les cultivateurs ont en général soin d’alterner les récoltes, c’est-à-dire qu’ils ne font pas produire au même terrain la même plante deux fois de suite. Ils remplacent ordinairement les plantes dont les tiges et les racines occupent peu d’espace, telles que les laitues, les ognons, les haricots, par celles dont la fane ou les racines prennent une certaine étendue, comme sont les cucurbitacées, le maïs, etc. Cette méthode est fondée sur une théorie mieux raisonnée que ne l’est celle qu’on a établie sur la facilité de tracer ou de pivoter, qui appartient à certaines plantes.

ils s’attachent principalement à bien travailler et à bien fumer la terre, pour en obtenir des récoltes abondantes. Sancto stiescol hace estas cosas. Saint fumier produit ces merveilles, me répétoit souvent un cultivateur, lorsque je lui exprimois mon étonnement, à la vue de la brillante végétation des navazos.

Les cultivateurs de San-Lucar de Barameda, qui sont très-industrieux et très-actifs, ne laissent perdre aucune des substances propres à donner de l’engrais. Ils ramassent avec soin les ordures des rues, et les débris de végétaux. Ils répandent sur les champs tout le fumier qu’ils peuvent se procurer. Ils préfèrent celui des chevaux, et celui des mules, aux engrais produits par les bêtes à cornes, par la raison que les premiers sont nourris avec des grains, tandis que les bœufs n’en mangent que très-rarement. On sait, en effet, que les bestiaux qui reçoivent des alimens succulens, produisent un engrais plus actif.

Un terrain aussi facile à remuer que celui des navazos, exige un très-petit nombre d’instrumens. Les seuls dont on fait usage sont le hoyau P à fer plein, dont j’ai donné la description, et l’almografe Q, apporté en Espagne par les Arabes, et extrêmement bien combiné pour l’usage auquel on le destine, c’est-à-dire pour arracher les herbes parasites, et même les plantes cultivées. Cet instrument en fer décrit une forme demi-circulaire ; il a une grosseur égale, et un peu aplatie dans toute sa longueur, excepté à son extrémité, où il forme un fer de lance un peu recourbé. C’est cette extrémité qui sert à arracher les plantes. Il est emmanché comme une faucille. L’ouvrier fait agir l’instrument de la main droite, et se sert au besoin de la main gauche, pour finir de déraciner les plantes, et pour secouer la terre adhérente à leurs racines. De cette manière, le travail peut s’exécuter avec exactitude et avec célérité. On fait usage en outre de cordeaux, et on se sert de paniers pour le transport du fumier, ou celui des sables. La brouette, qui n’est pas connue à San-Lucar, pourroit être substituée avec beaucoup d’avantage, sur-tout lorsqu’il s’agit de former des navazos ; il suffiroit de mettre des planches aux endroits par où elle doit passer. Au lieu de se servir de cet instrument, l’ouvrier transporte le sable dans des paniers posés sur sa tête.

J’ai dit que les navazos seroient submergés par les eaux durant l’hiver, si le cultivateur n’avoit pas des moyens pour procurer leur écoulement. Une trop grande quantité d’eau qui, faute d’écoulement, séjourne un certain espace de temps sur le terrain, en rendroit la culture moins facile et moins lucrative. Il est cependant nécessaire de tenir les fosses remplies d’eau à une certaine hauteur durant l’hiver, afin que le sol soit bien imbibé. C’est pour cette raison qu’on doit ouvrir ou fermer les conduits de décharge selon que l’affluence des eaux est plus ou moins grande. On les ferme lorsque l’eau est au dessous de quatre décimètres dans les fossés, et on les ouvre toutes les fois qu’elle surpasse cette élévation. Les navazos situés immédiatement sur les bords du Guadalquivir, demandent une surveillance plus active. Les hautes marées jettent des sables qui souvent obstruent les conduits ; et même elles portent leurs eaux salées jusque dans l’intérieur des navazos. Les cultivateurs doivent même, pendant la nuit, déboucher les conduits pour faciliter l’écoulement des eaux pluviales, ou les boucher, afin d’empêcher l’intromission des eaux saumâtres qui détériorent la qualité du sol.

Les industrieux cultivateurs de San-Lucar ne se bornent pas à tirer plusieurs récoltes d’un terrain qu’ils ont su rendre si productif ; ils ont trouvé le moyen de mettre à profit les monceaux de sable qui existoient naturellement, ou qu’ils ont formés en déblayant le sol. Ils ont choisi de préférence, pour garnir ces monticules arides, les arbres dont les racines pivotent le plus profondément : tels sont la vigne, le figuier, etc. Les racines de ces deux arbres pénètrent jusqu’à la couche d’eau sans en être endommagées ; le vin qu’on récolte est spiritueux et d’une très-bonne qualité, il a une couleur jaune foncé. Les fruits sont en général très-savoureux ; les figues de San-Lucar passent pour les meilleures de l’Espagne.

Les produits que les cultivateurs retirent des navazos suffisent non pour leur procurer du superflu, mais pour les mettre à même de vivre eux et leur famille dans une honnête aisance. Ils vendent une douzaine de citrouilles de dix à douze francs, un cent de melons vingt-cinq francs ; les melons d’eau ont un peu plus de valeur.

Une aranzade de terre produit quelquefois pour la valeur de deux cents francs, en melons d’eau. La culture de cette plante, et celle de la citrouille, sont les plus lucratives. La même mesure de terre donne communément un produit brut de quinze cents francs, ce qui fait sept cent cinquante mille francs, en portant à cinq cents aranzades la quantité de terrain employée en navazos dans les environs de San-Lucar de Barameda. Les cultivateurs font des pertes considérables, en temps de guerre, par la difficulté qu’ils trouvent à faire passer leurs denrées à Cadix, cette ville étant leur marché principal. Ils laissent alors pourrir sur place les citrouilles, les melons, etc., lorsqu’ils n’ont point de cochons pour les consommer.

Si les récoltes des navazos, et le montant de la vente qui en provient sont considérablés, les frais d’exploitation demandent aussi de grandes avances.

Le particulier qui prend un terrain dans le dessein de le mettre en culture, paie au concessionnaire une redevance annuelle de trois francs par aranzade. On fait entrer dans ce compte le terrain productif, ainsi que celui qui ne l’est pas, comme les digues et quelques monceaux de sable. Cette redevance représente un capital de 100 francs, puisque l’on peut se rédimer en payant cette somme pour chaque aranzade que l’on tient à cens.

La dime se paie en fruits, à raison d’un sur douze, ou en argent, à raison d’un sur quinze. Lorsqu’on paie en numéraire, il suffit de faire une déclaration du montant de la vente de ses denrées.

Un navazo de trois aranzades demande quatre-vingt-dix journées d’ouvriers pour le principal labour ; dix-sept, pour rétablir les fossés ; trente journées, pour le binage ; douze journées, pour le plantage des tomates, des choux, etc. ; trente-deux, pour la culture des pépinières, ce qui fait en tout cent quatre-vingt-une journées, qui sont payées à raison d’un franc cinquante centimes, les ouvriers travaillant neuf heures par jour en hiver, et huit en été. On ne comprend pas dans ce calcul le travail du jardinier en chef, et celui de deux enfans qui sont principalement occupés à charrier du fumier. La nourriture des deux ânes nécessaire à ce transport, se prend sur les produits du navazo, et se trouve compensée par le produit du fumier, à raison de soixante-quinze centimes la charge.

On enlève communément, sur la surface d’un terrain qu’on veut mettre en état de culture, seize à dix-sept décimètres de sable en profondeur. Ce travail est évalué à trois mille cinq cents francs par aranzade.

Le fonds d’une aranzade de navazos, en culture, qui est évalué cinq mille francs, s’afferme deux cent soixante francs, ce qui fait un peu plus de cinq pour cent.

Le genre de culture dont je viens de donner la description, a certainement été apporté en Espagne par les Arabes, ainsi que me portent à le croire certaines observations que j’ai faites sur les lieux. Cette opinion est en outre fondée sur ce que la même culture se pratique de nos jours dans quelques parties des pays orientaux. « À Jeni-Capi, près de Diarbekir, (dit Sestini, dans son Voyage de Constantinople à Bassora, pag 107) les rives du Tygre sont argileuses. Non loin du bord nous vîmes plusieurs fossés carrés et profonds d’une brasse, à une des extrémités desquels croissent des concombres et des melons. Les fruits en sont d’une grosseur prodigieuse. »

Ce passage prouve de plus, qu’il y a de grands avantages à établir la culture des navazos, même dans les terrains argileux, sur-tout dans les pays secs et chauds. On rapproche ainsi les plantes de l’humidité, qui entretient et favorise une végétation vigoureuse.

Le même auteur ajoute, page 203 : « La culture des terres, aux environs de Bassora, est pénible et dispendieuse. Toute la superficie étant imprégnée de parties salines, il faut l’enlever et creuser jusqu’à la terre productive. On ne peut que par ce moyen avoir du blé, de l’orge et du riz ; les moissons en sont ensuite abondantes. »

Cette méthode peut être employée non seulement lorsque le terrain contient une certaine quantité de matières salines qui s’opposent à la végétation des plantes, mais encore toutes les fois que la couche superficielle du terrain est d’une stérilité absolue, et qu’elle recouvre une terre de bonne qualité.

Les cultivateurs industrieux qui sauront, selon les circonstances, faire l’application de ces méthodes, en retireront de grands avantages ; mais, des entreprises de cette nature demandent un travail assidu, ou des capitaux suffisans. (Lasteyrie.)

  1. On pourroit employer les extrémités de ces tiges comme substance alimentaire, ainsi que cela se pratique dans quelques parties de nos départemens méridionaux, où on les mange en guise d’asperges. C’est un aliment sain et savoureux. On coupe les tiges à différentes époques pour les faire produire en plus grande abondance.