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Cours d’agriculture (Rozier)/SABLONNEUX, terrain

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 7-8).


SABLONNEUX. (Terrain) Celui où le sable domine. C’est la quantité de sable qui détermine le point de sa fécondité, ainsi que la qualité de ce sable ; (voyez le mot Sable) mais les terrains uniquement composés de sables secs & purs, sont complètement nuls pour la végétation ; tel est en général celui des Dunes, qu’on peut appeler sable mouvant, parce que n’ayant point de lien, le vent l’enlève couche par couche & lui fait changer de place. Il est bien difficile qu’un sable formé, par exemple, par les débris du grès, devienne fertile, il est trop sec & ne se décompose pas. Cependant à la longue, dans les cantons pluvieux seulement, à force d’y semer de la graine de différentes herbes & arbustes, il s’y formera un peu de terre végétale, & petit à petit le sol prendra de la consistance. Heureux sera le propriétaire, si la graine des ajoncs ou autres arbustes & arbrisseaux, & des pins de Bordeaux, peut y germer & s’y soutenir pendant la première année ; leurs racines pivotantes iront chercher la fraîcheur & l’humidité, à une profondeur convenable. Je préférerois les pins de Bordeaux à tout autre arbre ou arbuste : une fois maîtres du terrain, ils formeront une forêt très-utile. La difficulté est dans la conservation de la petite plante pendant la première année.

Les terrains où le sable est moins abondant & plus mélangé avec une terre quelconque, mais non pas en proportion suffisante avec cette dernière, demandent à être labourés profondément, sur-tout pour le dernier labour avant les semailles. Comme le grand défaut de ce sol est d’être trop meuble, trop délié, le seigle, par exemple, y germera & percera avec facilité la couche qui le recouvre, afin de mettre à l’air ses premières pousses. Il en résultera que sa première racine, qui est toujours pivotante, plongera profondément, sera par la suite plus à l’abri des impressions des fortes chaleurs, & par conséquent la plante craindra moins les effets de la chaleur & de la sécheresse. Le grand défaut de ces champs est d’être trop perméables aux eaux de pluie, de ne pas assez retenir l’eau, & de laisser trop facilement évaporer l’humidité par sa superficie ; on le corrige par le transport des terres franches, & les frais de ce transport excèdent souvent la valeur du champ. Ces grands correctifs si vantés sont excellens dans les livres ; les conseils donnés par les auteurs ne leur coûtent rien ; il n’en est pas de même de leur exécution pour le cultivateur.

Si cependant le champ n’est pas très-mauvais, on le rend productif en y semant des pois, des vesces, des lupins, que l’on enterre par un fort coup de charrue lorsque ces plantes sont en pleine fleur. Ce n’est qu’en y créant de la terre végétale ou humus, ou terre provenant des débris des végétaux & des animaux, qu’on peut, à la longue, lui faire acquérir de la consistance & le rendre productif. C’est sur ces champs qu’on doit faire passer la nuit au gros bétail. Leurs excrémens forment un lien, & donnent du corps à leurs parties isolées. Si le champ est très-mauvais, qu’on sème de l’herbe, on aura au moins un pâturage d’hiver & de printemps pour les troupeaux. Consultez Ce qui a été dit à l’article Sable.