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Cours d’agriculture (Rozier)/SUCRE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 298-299).


SUCRE. Sel essentiel, cristallisable, d’une saveur douce, agréable, contenu plus ou moins abondamment dans beaucoup d’espèces de végétaux, mais dans la plupart en trop petite quantité, ou embarrassé de trop de matières étrangères, pour qu’on puisse l’en tirer avec profit. M. Margraff en a retiré des racines de plusieurs de nos plantes potagères, telles que les panais, les carottes, les chervis, les poirées, les bette-raves ; on a découvert en Amérique une espèce d’érable dont le suc, traité comme celui de la canne à sucre, en fournit une assez grande quantité ; mais on ne connoît encore aucune plante comparable dans ses produits à la canne à sucre.

La chaleur du climat de France n’est pas assez forte, assez active pour en permettre la culture. Cette plante exige chez nous la serre chaude. Sans l’abondance des matières qui doivent encore entrer dans ce dernier volume, j’aurois détaillé les soins que cette plante exige, & la manière d’en obtenir le sucre : comme je ne l’ai jamais cultivée, il auroit fallu copier ce qui a été dit, & de simples répétitions deviennent superflues.

Le sucre est la seule substance connue dans la nature, qui soit susceptible de produire la fermentation vineuse, & par conséquent spiritueuse. Du vin, du cidre, du poiré, de la bierre, &c. (consultez ces mots) on n’en retire de l’esprit ardent ou eau-de-vie, que parce que les principes de ces liqueurs sont sucrés & en proportion suffisante.

Le suc des panais, des bette-raves, produiroit du vin, si la partie sucrée y étoit plus abondante.

Le sucre nourrit, augmente la soif, favorise le développement de l’air que contiennent les matières transportées dans l’estomac ou les intestins. Il est indiqué dans les maladies de poitrine où il faut diminuer l’âcreté des humeurs qui revêtent les parois des bronches pulmonaires, & où il faut rendre l’expectoration libre, & où il y a peu de sécheresse & d’inflammation. Il est nuisible dans les espèces de maladies inflammatoires du ventre, dans les maladies avec acidité des humeurs, ou penchant vers la putridité, le météorisme, les coliques venteuses, celles où les premières voies renferment des vers, & dans la plupart des maladies des enfans, parce qu’il entretient l’acidité des humeurs, et contribue au développement des vers.