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Cours d’agriculture (Rozier)/VENTOUSE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 559-560).
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VENTOUSE. Cette expression, en style de jardiniers, dit M. Koger Schabol, désigne toute branche, tout bois, tout jet, tout rameau, qu’on laissé à certains arbres pour consumer la sève quand elle est très abondante, & que l’on abat dans la suite quand l’arbre se modère & se tourne à bien. Sans cette précaution & cette industrie, les arbres fourmilleroient de branches gourmandes & de branches de faux bois. Ce n’est pas à moi à critiquer le sentiment de M. Roger Schabol qui, le premier, a fait connoître la méthode sublime de la taille des arbres suivie à Montreuil. Qu’il me soit donc permis de dire qu’on modérera toujours la fougue de la sève d’un arbre en espalier, en gobelet, en mitigé, toutes les fois qu’on prendra la peine d’incliner au-dessous de l’angle de quarante-cinq degrés toutes les branches de cet arbre. Cela est si vrai qu’en supposant un côté de l’arbre espalier, l’emporter très-sensiblement sur le côté opposé, il suffit de palisser les branches & bourgeons de celui-ci, plus ou moins, suivant le besoin, au-dessus de l’angle de quarante-cinq degrés, & de baisser, plus ou moins, les branches & bourgeons de l’autre, au-dessous de l’angle de quarante-cinq degrés. Alors on force la sève à se porter sur le côté où les branches se rapprochent le plus de la perpendiculaire. On est donc toujours le maître de diriger la sève où l’on veut, & en telle quantité qu’on le desire, & même presque entièrement si tout un côté est librement dirigé sur la perpendiculaire, & l’autre tout sur l’angle de soixante degrés. Ce procédé est si conforme aux loix de la nature, que bientôt l’on verra les racines du côté foible, travailler vigoureusement, tandis que les autres, auparavant si attractives & si fortes, n’agiront presque plus & s’appauvriront à vue d’œil. Je ne vois donc pas la nécessité de l’usage des branches que M. Schabol appelle ventouse. (Consultez l’article Taille)