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Délicieuses voluptés/13

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(pseudo non identifié)
Éditions de Minuit, 8 rue de Tracy (p. 121-127).
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XIII

…Eh ! bien, Monsieur Roger, voilà qui est joli ! Petit polisson, je vous en fais mes compliments… Comment, sans autorisation, vous m’embrassez dans le cou, et vous caressez mes seins ! Fi donc ! Vilain, vous verrez tout à l’heure comment je vais châtier votre hardiesse…

Rouge de confusion, Roger de Huchetelles baisse la tête sous la véhémence et la fureur feinte de Colette de Verneuse, cependant que Jacqueline rit aux éclats.

Les jeunes gens sont dans le parc, et Colette cherchait un moyen d’animer aimablement l’après-midi. Voici que l’algarade de Roger lui en donne l’occasion, et elle prend une résolution bien joyeuse, car le sourire lui vient aux lèvres.

Cueillons-là quelques bonnes brindilles ! dit-elle à Jacqueline, et nous allons nous amuser. De plus, je vais t’offrir un spectacle inédit. Roger ! venez ici !…

Penaud, le jeune homme s’avance, cependant que Mademoiselle de Verneuse, formant avec les branches cueillies une solide verge, s’assied sur un petit monticule moussu.

— Roger, dit-elle, je vais vous donner une fessée pour vous punir. Baissez votre culotte et venez vous mettre à genoux devant moi !

Le jeune homme resta tout d’abord surpris par cette brusque décision de la jolie fille, mais se ressaisissant rapidement, il s’avance tout près d’elle, et s’agenouille à ses pieds.

Jacqueline et Colette furent étonnées d’une si prompte obéissance à cet ordre pour le moins inattendu, mais tel était l’ascendant pris par Mademoiselle de Verneuse, sur le jeune homme, que celui-ci trouva la chose fort naturelle.

Colette en fut heureuse et fière à la fois, il ne lui déplaisait pas d’exercer son autorité féminine et de déployer ses talents devant la douce Jacqueline.

Elle n’hésita donc pas ; retroussant sa robe, elle prit entre ses cuisses, la tête de Roger, remonta le pan de la chemise et le fixa sur les épaules avec une épingle, puis appliqua sur les fesses du jeune homme, quelques bonnes cinglades.

Roger gémissait, non pas de douleur, mais de volupté, car les coups lui faisaient l’effet de caresses, et il sentait palpiter contre ses joues, la chair tiède des cuisses de la jeune femme, laquelle s’échauffait joliment.

Quant à la blonde Jacqueline, couchée tout près du groupe, elle ne perdait rien de ce singulier spectacle.

Colette de Verneuse frappa assez longuement le postérieur de Roger de Huchetelles, jusqu’au moment où il se couvrit de teintes rouges. Elle desserra alors son étreinte.

Le jeune homme était en proie à une volupté très douce. Colette rejeta sa verge, et attira contre elle son amoureuse victime. Roger sentit son cœur battre très fort, mais il n’eût pas le temps de se livrer aux commentaires de cette action peu ordinaire, car Mademoiselle de Verneuse prit ses lèvres dans les siennes, les écarta et fit pénétrer sa langue dans sa bouche en un délicieux baiser, cependant que sa main guidait celle de Roger, sous sa robe, dans les profondeurs du linge, puis le long des cuisses, jusqu’à la toison frisée. Le jeune homme en frôla l’exquise douceur, quand soudain, il sentit les palpitations de l’intime fleur d’amour. Ses doigts se trouvèrent prisonniers entre les pétales, car les cuisses de Colette se refermèrent sur sa main. D’instinct, il lui prodigua les plus vives caresses, et elle lui marqua sa satisfaction en lui baisant goulûment les lèvres.

Et Roger sentit ses doigts se mouiller de plus en plus.

Ce voluptueux manège dura quelques minutes. Le jeune homme sentait lui aussi, son émoi grandissant, et il avait bien envie de guider vers son centre, la main de Mademoiselle de Verneuse.

Il n’en eut pas le temps, car Colette, arrivant au paroxysme du plaisir, se détendit toute, et s’affala dans l’herbe en gémissant.

Mais Roger était encore tout vigoureux, insatisfait et rempli d’une brûlante et voluptueuse ardeur.

Il chevaucha le corps inanimé de la brune Colette et allait faire ce que commandait son instinct, cependant que ses lèvres gourmandes baisaient passionnément les beaux seins dressés et libérés du corsage.

Mais il était trop tard ! Son amoureux émoi s’acheva trop rapide dans un flux qui inonda les replis de dentelles et de soie avant d’arriver à son but !…

Et à son tour, Roger de Huchetelles, gémissant, s’affala aux côtés de Mademoiselle de Verneuse.