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De l’Imitation de Jésus-Christ (Brignon)/Livre 3/42

La bibliothèque libre.
Traduction par Jean Brignon.
Bruyset (p. 226-227).


CHAPITRE XLII.
Que la paix du cœur ne dépend point de l’amitié des hommes.
Le Maistre.

Mon fils, si la paix de vôtre cœur dépend d’une personne avec laquelle vous vivez, & qui a pour vous de la complaisance, vous serez souvent inquiet & embarrassé.

Mais attachez-vous à celui qui vit toûjours, & qui est la verité éternelle ; vous n’aurez jamais de chagrin ; s’il arrive que quelqu’un de vos amis vous abandonne, ou que la mort vous l’enleve.

L’amour que vous portez à votre ami, doit être renfermé dans moi, & j’en dois être l’unique motif. Si vous trouvez dans une personne, des qualitez qui vous la rendent aimable, il ne faut pas que vous l’aimiez pour elle-même, mais pour moi seul.

Il n’y a point d’amitié parfaite, ni qui puisse durer sans moi.

Soyez tellement indifferent & insensible pour ce qui regarde l’amitié des hommes, que si vous suiviez vôtre inclination, vous voulussiez vivre dans la solitude.

Plus on s’éloigne des plaisirs de la terre, plus on s’approche de Dieu.

On n’est grand aux yeux du Tres-Haut, qu’à proportion qu’on s’abbaisse, & qu’on devient méprisable à ses propres yeux.

Mais quiconque s’attribuë la gloire de quelque bien qu’il a fait, se rend indigne des dons du Ciel ; parce que le Saint-Esprit ne les répand que dans les cœurs, où regne l’humilité.

Si vous sçavez vous anéantir devant moi, & vous détacher de toutes les choses créées, je vous comblerois de graces.

Quand vous vous plaisez à considerer les créatures, vous vous privez de la vûë du Créateur.

Apprenez à vous vaincre en tout pour l’amour de moi, & vous pourrez parvenir à la connoissance des choses divines.

Quelque chose que vous aimiez désordonnément, pour petite qu’elle soit, ce vous est toûjours une occasion de peché, & un obstacle à la perfection.