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Description de la Chine (La Haye)/Description géographique

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Scheuerleer (Tome Premierp. 131-132).


AVERTISSEMENT


J’ai déjà dit ailleurs qu’il n’y a presque point de différence entre la plupart des villes de la Chine, et qu’elles sont assez semblables, de sorte qu’il suffit presque d’en avoir vu une, pour se former l’idée de toutes les autres. Elles sont la plupart de figure carrée, lorsque le terrain le comporte, et environnées de hautes murailles, avec des tours d’espace en espace qui y sont adossées ; elles ont quelquefois des fossés, ou secs, ou pleins d’eau. On y voit d’autres tours ou rondes, ou hexagones, ou octogones, qui ont jusqu’à huit ou neuf étages, des arcs de triomphe dans les rues, d’assez beaux temples consacrés aux idoles, ou des monuments érigés en l’honneur des héros de la nation, et de ceux qui ont rendu quelque service important à l’État et au bien des peuples, enfin quelques édifices publics plus remarquables par leur vaste étendue, que par leur magnificence.

Ajoutez à cela quelques places assez grandes, de longues rues, les unes fort larges, et les autres assez étroites, bordées de maisons à rez de chaussée, ou d’un seul étage. On y voit des boutiques ornées de porcelaines, de soie, et de vernis : devant la porte de chaque boutique est un piédestal, sur lequel est posée une planche haute de sept à huit pieds, peinte ou dorée ; l’on y voit écrit trois gros caractères, que le marchand a choisi pour l’enseigne de sa boutique, et qui la distinguent de toutes les autres : on y lit quelquefois deux ou trois sortes de marchandises qui s’y trouvent, et enfin au bas on voit son nom avec ces mots Pou hou, c’est-à-dire, il ne vous trompera point. Ce double rang d’espèces de pilastres placés à égale distance, forme une colonnade, dont la perspective est assez agréable.

C’est en cela seul que consiste toute la beauté des villes chinoises. J’ai cru devoir en donner d’abord cette idée générale, afin de n’être pas obligé de répéter sans cesse la même chose, en parlant des principales villes de chaque province, et de tomber dans des redites inutiles et ennuyeuses. C’est pourquoi je ne m’attacherai qu’à ce qu’elles ont de particulier, et à ce qui les distingue par rapport à leur situation, à leur commerce, et à la fertilité du terroir. Je m’étendrai davantage sur celles qui ont le plus de réputation, et qui sont d’un plus grand abord, et ce que je dirai des autres, suffira pour en donner les connaissances nécessaires. J’ajouterai le plan de plusieurs de ces villes, surtout de celles qui frappent le plus par leur singularité.