Dictionnaire de théologie catholique/WANDALBERT DE PRUM

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 990).

WANDALBERT DE ÇRUM, moine de ce

monastère, première moitié du ixe siècle. — Né probablement en Francie occidentale en 813, il entra de bonne heure au monastère de Priim, dans l’Eifel, où il reçut une culture générale des plus soignées. L’abbé du couvent, Markwald, lui demanda bientôt de mettre en meilleur latin c’était une des préoccupations des puristes de la renaissance carolingienne — la Vie de saint (>oar, fort vénéré dans la région rhénane. A cette Vie Wandalbert ajouta, comme c’était la coutume de l’hagiographie d’alors, un recueil des miracles accomplis par le saint. Ce travail était terminé en 839. Wandalbert l’était essayé entre temps à de petits poèmes d’Inspiration séculière. Son

ami Otric, un clerc de Cologne, auprès de qui il avait séjourné, lui suggéra d’employer son talent poétique à une œuvre d’ordre plus ecclésiastique et de composer un martyrologe versifié. Aidé des conseils du diacre Florus de Lyon, qui lui communiqua les documents nécessaires, entre autres les deux martyrologes de saint Jérôme et de Bède, Wandalbert se mit à l’œuvre et rédigea avant 848 le travail demandé. Dans l’œuvre, telle que la donnent les manuscrits i et les éditions, le martyrologe proprement dit n’occupe guère qu’une moitié de l’espace. Il est précédé en effet par un certain nombre de pièces poétiques, qui donnent du talent de l’auteur une excellente impression : invocation à Dieu, harangue au lecteur ; dédicace à l’empereur (Lothaire) ; argument général de l’ouvrage. Vient ensuite l’énumération des saints afférents à chaque jour de l’année, où naturellement il est plus difficile d’éviter la monotonie ; d’autant que, complètement étranger à la méthode des martyrologes historiques qui commençait alors à se répandre, Wandalbert se contente de la sèche énumération des noms de saints inscrits pour chaque jour. Ainsi au 1 er janvier, après avoir rappelé en trois vers la circoncision du Sauveur, l’auteur ajoute :

Basiliusq’ue sacer meritorum splendet honore. Euphemina siniul nitet, Almachiusque beatus.

Tout le reste est de ce style. L’énumération des saints se termine sur une invocation à Dieu et une hymne à tous les saints, dont l’inspiration générale rappelle le Placare, Christe, servulis.

Au martyrologe font suite de petits développements, d’une fort jolie venue, sur les divers mois de l’année, leur nom, leurs caractères généraux, les travaux, surtout agricoles, qui les remplissent ; c’est un véritable calendrier, tel qu’il sera fréquemment reproduit par la sculpture aux portails des cathédrales. D’un ordre différent est un poème qui décrit l’œuvre de la création répartie en six jours. Tout l’ensemble de l’œuvre témoigne d’une grande habileté de versificateur — l’auteur connaît et pratique un grand nombre de mètres poétiques, dont il donne les règles dans sa préface — elle témoigne aussi d’un réel talent poétique. Tout cela fait de Wandalbert un bon représentant de l’humanisme carolingien.

Le Martyrologe a été publié pour la première fois en 1563, dans les œuvres de Bède, à qui on l’a assez longtemps attribué. Molanus le lit imprimer dans son édition d’Usuard. La première édition complète avec tous les poèmes qui encadrent le martyrologe est donnée par L. d’Achéry, Spicilegium, 1™ éd., t. v, 2e éd. au t. ii, où est ajouté le poème De creatione mundi. C’est le texte de d’Achéry qui est reproduit dans P. L., t. cxxi, col. 575-640 ; édit. critique plus récente de Dummlcr, dans Mon. Germ. hist., Poetæ lalini, t. n. La Vie de saint Goar, publiée d’abord par Surius, passe dans Mabillon, Aria sanct. O. S. P., t. ii, et de là dans P. L., t. cité, col. 639-674 ; la vieille Vie remaniée par Wandalbert a été publiée par Krusch, Mon. Germ. hist.. Script, rer. merou., t. iv, p. 402.

Notices dans l’IIisl. litt. de la France, t. v, p. 377 sq. ; Manitius, Gesch. der latein. Literatur des M. A., t. I, p. 557560 ; dans Protest. Realenzyclopeedie, t. xxi, p. 1.

É. Amann.