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Discussion Livre:Marais - Nicole, courtisane.djvu

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Le mouvement littéraire; petit chronique des lettres, 1904-1912[modifier]

[1] https://archive.org/stream/lemouvementlitt09glasuoft/#page/392/mode/2up JEANNE MARAIS

Nicole Courtisane.

Nicole Courtisane, est une ravissante personne, intelligente, fine, cultivée ; elle relève singulièrement le prestige de ce titre de courtisane et lui restitue le rang officiel que les Grecs lui reconnaissaient publiquement et que nous mettons un peu plus d'hypocrisie à lui consentir. Nicole est d'ailleurs une courtisane d'un ordre tout à fait particulier ; elle ressemble énormément à une honnête femme. Son ami, le richissime banquier Bernard, est le premier homme qui ait passé dans sa vie, ou presque, — Nicole n'a, en effet, connu avant lui qu'une très sentimentale et très blanche déception, — il est certainement le seul, et Nicole serait une femme du meilleur monde si, par malheur, Bernard n'était marié ailleurs. A cette nuance près, la vie de Nicole est la plus régulière qui soit ; elle s'écoule dans le cadre d'un hôtel somptueux où fréquentent des ministres d'hier et de demain, de grands banquiers, des artistes, et de simples mondains prêts à l'amour, avides de se brûler les ailes à cette flamme éblouissante.

Dans ce palais, Nicole amusée, intéressée, un peu écœurée, assiste et préside à des événements de la vie parisienne où la comédie voisine avec le drame et qui ne sont pas sans influence sur la chose publique. Ces événements, que M^^^ Jeanne Marais nous raconte d'une plume alerte et familière, je ne puis songer à vous les retracer ; ils meublent tout au long ce roman très vivant, très palpitant et qui se dénoue le mieux du monde, par la rentrée définitive dans la vie normale de Nicole, qui épouse Bernard devenu veuf. Elle a trouvé, entre temps, le moyen de faire décorer son ami, de sauver d'une aventure fâcheuse le banquier Landry Colin, associé de Bernard, d'attacher à son char le ministre Brochard par le seul prestige de son intelligence et de sa grâce sans que sa vertu ait subi la moindre atteinte. Elle a sur la conscience une seule victime : Julien Dangel, le jeune papillon amoureux qui n'a su faire croire à sa sincérité qu'en se suicidant, comme Werther.

Il y a dans ce roman, écrit sans recherche, de bien jolies qualités d'observation et d'intérêt, et puis, il a la vertu suprême : une vie intense, débordante.