Aller au contenu

Effets de théâtre/3

La bibliothèque libre.
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 7-8).

LE POMPIER


À Victor Margueritte.


Son casque luit comme de l’or.
Le pompier, auprès du décor,
Guigne les gentilles poudrées :
Chanteuses, étoiles ou rats,
— Ces héroïnes d’opéras, —
Un monde d’amours ignorées !

Combien de jeunes et de vieux
Prendraient la consigne à sa place ?
Et, là, feraient leur Lovelace,
De la voix, du geste et des yeux.


Mais le pompier reste, fidèle,
Surveillant paternellement
Le bec de gaz et la chandelle
Dans les recoins du bâtiment.

Son rêve est d’emporter les femmes
En les serrant bien sur son cœur,
Fier de lui, joyeux et vainqueur,
Par la fumée et par les flammes.
Mais, hors ce cas prépondérant,
Le pompier ne touche à la reine,
Ni même au page figurant…
— Il est l’eunuque de la scène ! —