Encyclopédie méthodique/Economie politique/AMIRAL
AMIRAL [1], commandant en chef des flottes & armées navales.
On dit que le mot amiral vient de l’arabe amir, ou plutôt emir, qui signifie seigneur, gouverneur ou chef des armées.
Il y avoit autrefois en France un amiral du Ponent, & un amiral du Levant. Ces deux charges ont été réunies.
Dans plusieurs états de l’Europe, si l’amiral en charge ne commande pas une flotte, l’officier qui la commande en son absence, prend ce titre, qui n’est alors qu’accidentel.
L’amiral d’Arragon, ceux d’Angleterre, de la Hollande & de Zélande, n’ont cette dignité que par commission. En Espagne, on dit l’amirante ; l’amiral n’y est que le second officier ; il a un général au-dessus de lui.
Les anglois traitent d’amiral le commandant de chaque flotte qui est en mer. Mais le titre cesse pour celui qui le porte, quand la flotte qu’il commande est désarmée.
Lorsque les principales forces de ce royaume sont réunies, l’armée se divise en trois escadres, qu’on distingue par la couleur du pavillon.
La première des trois est l’escadre rouge ; la seconde est l’escadre blanche ; & la troisième l’escadre bleue. Le Dictionnaire de marine doit donner de plus grands détails sur ce point.
En France, il n’y a jamais qu’un amiral. Les commandans des flottes ne sont appellés que commandans, même en l’absence de l’amiral. Les vice-amiraux, dont nous parlerons tout-à-l’heure, peuvent être maréchaux de France, ou sont au moins lieutenans-généraux ; au-dessous de ces lieutenans-généraux sont les chefs d’escadres. On a créé ces deux dernières dignités à peu près à la même époque que celles des lieutenans-généraux, & des maréchaux de camp de terre.
Les sarrasins donnèrent les premiers le titre d’amiral aux capitaines & généraux de leurs flottes.
Il est au pouvoir de l’amiral ou commandant d’une armee navale, de prescrire des loix aux officiers, aux équipages de la flotte, & à tous ceux qui sont au service. Il les donne par écrit, & on lui prête serment de les observer.
L’amiral ne fait ordinairement le signal de mettre à la voile, que lorsque la première ancre de son vaisseau est levée, & que le cable de la seconde est déjà au cabestan.
S’il survient des choses extraordinaires, dont les avis ne peuvent être donnés par des signaux, l’amiral fait porter ses ordres par de petits bâtimens, qu’il a toujours auprès de son vaisseau pour cet effet ; ou bien il fait le signal à tous les vaisseaux de passer à son arrière, où il leur explique lui-même ses intentions.
Lorsque l’armée court sur l’ennemi, l’escadre de l’amiral se tient au milieu, & fait le corps de bataille, soit qu’on marche en ligne, à la file ou en croissant. Cette dernière forme est en général la plus avantageuse, parce qu’elle donne lieu à tous les vaisseaux d’entrer en action.
Quand l’armée marche vent arrière, le vice-amiral se tient à stribord de l’amiral, & le contre-amiral, ou le troisième général, à bas bord. Si on va à la bouline, les escadres se suivent en queue, & l’amiral tient presque toujours le milieu ; il se met quelquefois à l’avant-garde. Si l’ennemi se montre à l’arrière, ou si quelqu’autre raison oblige de revirer de bord, afin d’éviter le désordre qui arriveroit sans doute, si les vaisseaux de l’avant vouloient venir à la place de ceux de l’arrière, l’arrière-garde revire la première, & devient l’avant-garde.
Du grand amiral de France. Quoique tous les officiers généraux & autres, de guerre ou de finance, employés dans la marine, aient des brevets du roi, ils ont besoin de l’aveu du grand amiral. On a créé une compagnie de gentislhommes appellée gardes de pavillon, pour servir dans les ports & à la mer auprès de sa personne. Voyez GARDES DU PAVILLON.
Lorsque le grand amiral fait son entrée dans un port, il est salué de toute l’artillerie du vaisseau portant pavillon amiral.
Le grand amiral est choisi par le roi, entre les mains duquel il prête serment ; il est reçu ensuite au parlement. Il fut décidé à la réception, de l'amiral de Chatillon en 1551, que cette réception ne lui donneroit pas le droit d’y prendre séance. Voyez le Dictionnaire de JURISPRUDENCE.
Des vices-amiraux de France. Louis XIV en rétablissant, par son édit de 1669 la charge d’a- miral, comme nous l'avons dit, créa par le même édit deux vice-amiraux , dont l’un appelé vice- amiral du Levant, commande dans tous les ports & dans i toute l’étendue de la méditerranée , sous l'autorité & en l'absence de l'amiral. L’autre, - qu’on nomme vice-amiral du Ponent, commande de même dans tles ports & toute l'étendue de l'O- céan.
Ils remplissent les fonctions.du grand amiral ; ’ iís Tont chargés en-autre : dé faire une étude particulièreideiavmer, & :detoutxe qui peut contribuer À~ rendre la marine plus florissante ; de rendre compte au gouvernement des nouvelles découvertes. ; de lui préposer Jes plans qu’il est nécessaire de lever, .&c. Les yì£e*tmírau% jouissent fur mer des mêmes honneurs 8c des mêmes distinctions que le grand amiral ; ils y .exercent k même" jurisdiction ; ils ent rang après lès maréchaux de France. Quand un vice-amiral meurt dans un port , les compagnies dés gardes du pavillon & de k marine , 8c toutes les autres troupes prennent les armes 8c marchent’ à k tête de son convoi ; s’il meurt en mer, pn tire dix-neuf coups de jcanon ; s’il est maréchal de France , on tire un coup de canon de demi-heure en demi-heure jusqu’à son enterrement.
Le roi s’est réservé, par Tordonnanee de ifiSi , îe dr&ít de choisir les vice-amiraux ; Sc c’est entre ses mains qu’ils prêtent serment. Du grand-amiral d’Angleterre. La charge de grand-amiral d’Angleterre donnoit autrefois à celui qui k possédoit, non-seulement Tentière disposition des affaires maritimes , tant au civil qu’au criminel ; mais encore le droit de se nommer un pice.-amiral, un contr amiral, Sc d accorder toutes Jes commissions de capitaines de vaisseaux. Cet office fut d’abord connu sous le nom de. jgramLamirald’Angleterre, d’Irlande & d’Aquitaine ; ensuite sous çelui de grand-amiral de la Grande. Bretagne , d’Irlande , de leurs domaines G" jjles , de la ville de Calais & de ses Marches ± de la Nar* piandie , de la Gascogne & del’Aquitaine, -& de commandant général de la flotte & des mers desdits royaumes. ".’ .’ $n 1761 Ipioì, UQvnm amiral Sc c&mmandant. én aehef de-toute k marine britannique j itioti Anson,’ premier lord de Tamirauté ; il n’étofc proprement que vice-amiral avant cette nouvelle dignité. Aujourd’hui cet office est exercé par sept com-> missaires, qu’on appelle lords de l’amlrauté. Le premier de .ces loiás est le ministre dé k marine ; ses appointemens font de 3000 liv. sterling ? 3c ceux des six autres ne font que,de ioop liyv C’est fous lèur autorité que s’exerce la jurisdiction étendue , qui relevois anciennement du seul grand - amiral ; ils remplissent toutes les fonctions qui appartenoient à ce grand officier. Dz l’amiral général de Hollande. LeStadthouder eft. amiral général des Provinces-Unies ;cette dignité lui donne le commandement général des forces navales .Sc des troupes de terre. Mais comme il va rarement en mer , il y a quelquefois un amiral-général lieutenant ; le célèbre Ruyter fut. amiral-général lieutenant. Chaque collège de Tamirauté a son lieutenant-ûflZíV.a/particulier
- sa-
voir , le lieutenant-a«/ra/ du Texel ou d’Amsterdam, celui de k Meuse ou de Rotterdam , celui dé Zél.ande, çelui de"-Frise Sc celui de Ú Nord-Hplknde. Chacun de ceux-çi commande Tescádre de son collège sous Yamiral-général ou sonlieuteriant. L’amiral général des Provincés-Unies est le chef de toùs les collèges de Tamirauté ; il y préside lorsqu’il est sur les lieux ; en son absence, son lieutenant-sltt2z"r<z/ a le droit de piésider par-toût óù il. se trouve.
Du vaisseau amiral. On nomme ainsi lé vaisseau qui est monté par Yamiral. II porte un pavillon quarré au grand mât, Sc quatre fanaux en : poupe. Le vaisseau monté par ’^amiral est ordinairement plus beau ,. plus fort 8c plus grand que les autres. -On appelle aussi amiral, le principal vaisseau d’une flotte quelconque.
Lorsque deux vaisseaux, commandés par des officiers de même grades se rencontrent : dans uri port, celui qui arrive le premier ales prérpgatives Sc k qualité d’amiral ; 8c celui qui "arrive après, quoique plus.grand 8c plus fort, n’est que vice-amiral.
Cet ordre s’observe parmi Tes bâtimens qui vont à k pêche fur le >ancde Terre- Neuve ; celui qui arriveTe premier prend k qualité d’~amtral, 8c il la garde durant tout le temps de la pêche ; il porté le pavillon.au grand mât, donne les_ordres > assigne les places pour pêcher à ceux qui sont arrivés après lui, & règle leurs contestations.
Amiral d’un convoi de vaisseaux marchands. On donne ce nom à celui des vaisseaux qu’ils choisissent comme le plus fort & le plus en état de les défendre ; ils se mettent pour le voyage sous sa conduite & ses ordres. Voyez le Dictionnaire de Marine.
- ↑ Le Dictionnaire de Jurisprudence parle des droits & des privilèges de l’amiral de France, & j’y renvoie le lecteur.