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Esprit des lois (1777)/L15/C15

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CHAPITRE XV.

Continuation du même sujet.


Quand toute la nation est guerriere, les esclaves armés sont encore moins à craindre.

Par la loi des Allemands, un esclave qui voloit[1] une chose qui avoit été déposée, étoit soumis à la peine qu’ont auroit infligée à un homme libre : mais s’il l’enlevoit par[2] violence, il n’étoit obligé qu’à la restitution de la chose enlevée. Chez les Allemands, les actions qui avoient pour principe le courage & la force, n’étoient point odieuses. Ils se servoient de leurs esclaves dans leurs guerres. Dans la plupart des républiques, on a toujours cherché à abattre le courage des esclaves : le peuple Allemand, sûr de lui-même, songeoit à augmenter l’audace des siens ; toujours armé, il ne craignoit rien d’eux ; c’étoient des instrumens de ses brigandages ou de sa gloire.


  1. Loi des Allemands, chap. v. §. 3.
  2. Ibid. chap. v. §. 5.