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Exégèse des Lieux Communs/033

La bibliothèque libre.
Mercure de France (p. 72).

XXXIII

Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.


Il y en a d’autres, en plus grand nombre, qui ne sont pas meilleures à entendre. Donc, il faut faire un choix des unes et des autres, ce qui suppose le discernement des anges, et de quels anges !

Une vérité qui exposerait son divulgateur ou son témoin à quelque disgrâce, évidemment, ne serait pas bonne à dire. La peau avant tout, chacun son métier, le Bourgeois n’est pas un martyr. Mais il n’est pas non plus un confesseur, un pénitent affamé d’humiliations, et les vérités qui le désobligent, il juge préférable de les ignorer.

C’est fort bien, mais alors voici une chose étrange. Si on supprime du même coup les vérités dangereuses à proclamer et les vérités désagréables à entendre, que restera-t-il ? Car enfin, j’ai beau chercher, je n’aperçois pas un troisième groupe.

Déclarons-le sans barguigner. Aucune vérité n’est bonne à dire, tel est le vrai sens du texte. Peut-être même n’y a-t-il pas de Vérité. Pilate, qui LA voyait face à Face, n’en était pas sûr.