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Festons et astragales/Double Incendie

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Festons et astragalesAlphonse Lemerre, éditeur (p. 41-42).


Double incendie.


Hier, le feu prit à la maison de celle
Qui, l’an passé, m’entourait de ses bras ;
Les pieds dans l’eau, trempé jusqu’à l’aisselle,
J’ai fait la chaîne et je songeais tout bas :

Combien de fois, au seul bruit de mes pas,
Le portier chauve a tiré sa ficelle,
Quand ma beauté dont l’œil noir étincelle
Discrètement m’attendait sous les draps.


Oh ! dans ce temps de jeunesse hardie,
C’était encore un plus large incendie
Qui brûlait là, de minuit jusqu’au jour.

Et maintenant tout s’éteint, tout s’efface.
Car j’ai versé dans cette même place,
L’eau sur la flamme et l’oubli sur l’amour !