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Géographie du département du Nord/10

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X. — Industrie ; mines


Le Nord est le premier département industriel de la France. Près de 300 carrières de pierre, de marbre, de craie et de sable, ainsi que plusieurs mines de fer y sont en exploitation. Mais la principale richesse du pays consiste dans ses mines de houille, dont une grande partie appartient à la compagnie d’Anzin. Ces mines (20,680 ouvriers) ont produit en 1875, 33,566,961 quintaux métriques de combustible. — Les mines de fer, au nombre de six, sont situées dans l’arrondissement d’Avesnes. Celles d’Ohain et de Trélon, les seules exploitées en 1875 ont donné 108,000 quintaux de minerai. Pendant la même année, 15.000 quintaux de tourbe ont été extraits des tourbières du département.


Rotonde des bains de boue de Saint-Amand.

Parmi les sources minérales, nous citerons celles de Saint-Amand, utilisées dans un établissement. Elles sont au nombre de quatre la source Bouillon, la plus anciennement connue ; la source du Pavillon-Ruiné, la Petite-Fontaine et la source de l’Évêque-d’Arras. Les eaux de Saint-Amand sont sulfatées, calcaires et sulfureuses. Celles des fontaines du Pavillon-Ruiné et de l’Évêque-d’Arras marquent 24° centigrades. Elles sont limpides, incolores, d’une odeur hépatique prononcée, et déposent, dans les bassins qui les reçoivent, des conferves sous forme de filaments blancs gélatineux, sans odeur ni saveur. À l’une des extrémités du bâtiment principal se trouve un vaste bassin de boues sans cesse détrempées par une infinité de petites sources. Ces boues sont noires, répandent une forte odeur sulfureuse et marquent 25°. Il s’en échappe constamment des bulles de gaz hydro-sulfurique. Ces boues sont formées de trois couches de terre superposées : une tourbe argileuse au-dessus ; de l’argile ; puis, un composé de silice, de carbonate de chaux, d’oxyde de fer et d’alumine. C’est à travers cette dernière couche, d’une épaisseur de 2 mètres à 2 mètres ½, que sourdent, dans un espace de 729 mètres carrés, les petites sources d’eau sulfureuse qui délayent les deux couches supérieures et les mettent à l’état de boue. Les eaux s’échappent constamment des boues, au fur et à mesure qu’elles y arrivent, par de petits aqueducs en bois.

Le département du Nord compte aujourd’hui 2,847 usines à vapeur, renfermant ensemble 5,720 chaudières et 4,083 machines, qui représentent une force motrice totale de 67,575 chevaux. On y trouve une cinquantaine d’usines métallurgiques, parmi lesquelles il faut citer les usines de la compagnie des forges et aciéries de Denain et Anzin (fonderies, forges, laminoirs, tréfileries), l’usine de Fives-lès-Lille, les usines Cail et Cie à Valenciennes ; les forges et fonderies de Dunkerque, la manufacture de limes et d’instruments aratoires de Douai, l’important établissement métallurgique de Raismes, etc. Ces usines ont fabriqué, en 1875, 1,525,456 quintaux métriques de fontes d’affinage, 360,011 quintaux de fontes de deuxième fusion, 1,010,212 quintaux de fers marchands, 339,864 quintaux de rails, 431,767 quintaux de fers spéciaux, 194,401 quintaux de tôles et 151,669 quintaux d’aciers Bessemer. De plus, il est sorti de l’usine à zinc d’Auby-lès-Douai 66,000 quintaux de zinc laminé.

L’arrondissement de Lille, le plus peuplé de la France, est aussi de beaucoup le plus considérable par son industrie ; on y trouve toutes les spécialités construction mécanique (usine de Fives, de la compagnie Parent-Schaken), fonderies et chaudronneries de fer et de cuivre, filatures et tissages de lin, de coton, de laine, fabriques de savon, de beurre artificiel, etc. Lille est le centre d’un commerce considérable des produits agricoles de toute la région du Nord ; les bourses et les marchés qui s’y tiennent le mercredi attirent une foule considérable de commerçants français et belges.

La filature est plus active dans le département du Nord que partout ailleurs en France. À Lille et dans sa banlieue seulement on compte 206,000 broches (80 fabriques, 12,000 ouvriers ou ouvrières) pour la filature du lin et des étoupes, et 413,000 broches à filer le coton (7,000 à 8,000 travailleurs). Au Cateau-Cambrésis, l’importante filature de MM. Seydoux, Paturle et Cie emploie 1,500 ouvriers. Roubaix compte 70 filatures de laine, 12 de coton et d’autres de soie ; Tourcoing, 65 filatures en tous genres (40,000 broches). Depuis quelques années, à la filature de lin est venue s’ajouter la filature de jute, matière textile que l’on tire de l’Inde et qui alimente aujourd’hui dans le département du Nord, et surtout à Dunkerque, plus de 21,000 broches.

La fabrication des tissus en tous genres est considérable, surtout à Roubaix (500 fabriques), qui, depuis 10 ans, a créé l’industrie des draps de laine peignée, qui constituent un tissu de fantaisie élégant et dont le succès a été immédiat ; à Tourcoing (50 à 55 fabriques de tapis moquettes, étoffes pour ameublement, etc.), à Lille, Halluin, etc. La confection des toiles de lin est le privilège d’Armentières, qui en retire 150 millions par an, et de Lille, où 117 maisons font fabriquer la toile ordinaire, les rubans, les coutils, le linge damassé, et 25 maisons, les toiles à matelas et d’emballage.

Cambrai et Valenciennes ont la spécialité des linons, batistes, toiles fines, tulles, et dentelles et de tous les tissus fins de lin. La filtrie, ou fabrication des fils pour couture, occupe à Lille 4,000 à 5,000 ouvriers dans une quarantaine de fabriques.

Presque tous les autres genres d’industrie sont représentés dans le département ; la seule énumération en serait fastidieuse. On y compte surtout de très-nombreuses sucreries et distilleries, près de 1,000 brasseries, des huileries, des teintureries, des savonneries, des chantiers de construction, des teintureries, des verreries, etc.

Les industriels ont créé, en 1872, une association dite Société industrielle du Nord de la France, analogue à celle de Mulhouse et qui a le même succès. Le comité linier, le comité cotonnier, le comité des houillères, représentent les industries du lin, du coton et de la houille.