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Guide du skieur/Chapitre II

La bibliothèque libre.
Commandant Bernard
(p. 37-46).

CHAPITRE II

HABILLEMENT ET ÉQUIPEMENT[1]


Le skieur s’habille et s’équipe dans l’ensemble comme l’alpiniste, avec cette différence qu’il prend quelques précautions de plus contre le froid et l’humidité.

Le Manuel d’alpinisme, édité par le Club Alpin, ayant traité d’une manière complète la question de l’habillement et de l’équipement de l’alpiniste, il y a lieu de n’insister ici spécialement que sur quelques points et surtout sur la chaussure.

La chaussure.

Avant tout il importe au skieur d’avoir des chaussures d’une imperméabilité aussi parfaite que possible et d’une ampleur telle qu’elles permettent de mettre deux paires de chaussettes en laine épaisse, ou une paire de chaussons sur les chaussettes.

Le capitaine Clerc, du 159e, a préconisé une chaussure à haute tige, avec double empeigne et vessie de porc ou feuille de caoutchouc intercalée entre les deux empeignes, celles-ci étant cousues avec du fil poissé ou caoutchouté. La chaussure porte un soufflet cousu des deux côtés sur toute sa hauteur, un bout dur destiné à supprimer la compression des doigts de pied par la courroie d’étrier antérieur, un passant à boucle ou un taquet en cuir, ou simplement une pointe au talon[2], dont le rôle est d’empêcher le glissement de l’étrier postérieur, une semelle sans clous d’épaisseur moyenne, un peu débordante, à talon bas et bout presque carré. Cette chaussure se rapproche beaucoup du soulier norvégien, dit Lauparsko (voir fig. 8 et 8bis). Le docteur Paulcke recommande des chaussures fourrées simples ou doubles, celles ci étant formées de la chaussure proprement dite fourrée à l’extérieur, et d’un chausson fourré intérieurement. Il condamne l’emploi des semelles en fourrure dans les régions de neige humide.

Des chaussons intérieurs en cuir très gras, isolés de la chaussure extérieure par une couche de graisse, protègent bien contre le froid et la pénétration de l’humidité.

Quand les étriers de skis sont ajustables à toutes les chaussures ou assez larges, il est préférable de revêtir par-dessus les brodequins qui peuvent alors être cloutés ou du modèle alpin, des chaussons en drap à tige très haute formant jambière avec semelle en cuir non cloutée[3]. Les pieds sont ainsi absolument à l’abri du froid (fig. 24).

Les chaussons du capitaine norvégien Roll, qui, confectionnés en laine tricotée épaisse, coiffent simplement les parties antérieure et médiane de la


Fig. 24. — Chausson en drap avec semelle en cuir
(catalogue Challe).

Fig. 24bis. — Chausson du capitaine Roll.


chaussure sont aussi très appréciés (fig. 24bis).

Lorsqu’il faut quitter les skis et marcher sur des surfaces glissantes, il suffit alors d’enlever les chaussons en drap, tandis que les chaussures spéciales à ski sans clous ont l’inconvénient de nécessiter pour la marche l’adaptation de crampons ou de sandales cloutées du modèle expérimenté par le docteur Paulcke. La jambe est enveloppée soit de bandes molletières enroulées (qu’on fait passer parfois sous la semelle), en évitant de trop les serrer, sous peine de gêner la circulation du sang, soit de guêtres en drap, feutre ou laine imperméabilisée, analogues aux leggins et fermées hermétiquement par le bas et par le haut à l’aide de bandes ou de patelettes, qui se bouclent ou se boutonnent. Les bas de laine sans pied, larges et munis de sous-pieds, qu’on met pardessus les chaussettes, sont aussi très appréciés.

Le vêtement.

La culotte de cycliste est commode, mais elle doit être bien fermée au-dessous du genou par des pattes garnies de boucles à rouleau.

La veste en drap épais et imperméable ou en peau avec doublure est semblable à celle des alpinistes, c’est-à-dire à collet rabattu et pattes d’épaule, et porte des poches vastes et nombreuses (4 extérieures et 2 intérieures). En outre, elle présente cette particularité que les poches sont plus étroites en haut qu’en bas et recouvertes de couvre-poches assurant une fermeture hermétique, et que les manches doivent pouvoir se serrer au poignet. Celles-ci sont, dans ce but, munies de deux boutons et d’une patelette dont l’extrémité libre est fendue d’une boutonnière. La patelette, étant fixée au bouton le plus éloigné, serre étroitement la manche contre le poignet. On obtient encore le même résultat en pratiquant une fente dans la manche, dont les deux pans sont alors boutonnés l’un sur l’autre.

La coiffure.

Quelle que soit sa forme, la coiffure doit comporter une jugulaire élargie en forme de couvre-oreilles, qui peut tenir lieu de passe-montagne. Les coiffures le plus en honneur sont : le bonnet de laine ou de fourrure transformable en passe-montagne, la casquette molle, le chapeau en feutre souple, le béret auquel il est indispensable d’adapter une jugulaire, si l’on ne veut pas qu’il soit enlevé par le vent ou même par le courant d’air dû à la vitesse aux descentes rapides.

Il est prudent d’emporter un passe-montagne, si l’on n’a pas de coiffure bonne à toutes fins.

Les gants-moufles.

Le skieur préférera aux gants des moufles en laine avec poignets longs, que l’on retrousse ou rabat à volonté par-dessus les manches. Nous avons fait aussi confectionner des gants-moufles avec pouce et index[4], qui, à l’avantage de conserver la chaleur presque aussi bien que les moufles, joignent celui de laisser l’usage des deux doigts les plus utiles et de permettre le tir au skieur militaire.

Accessoires divers.

Parmi les objets indispensables au skieur, il faut citer encore des lunettes à verres fumés, jaunes ou noires, garnies d’un treillis métallique et bordées de velours, de drap ou de cuir, avec une fixation élastique, une boussole, un sifflet, une sirène ou une corne d’appel, un couteau de touriste, une lanterne pliante alpine, des cartouches-réchauds ou chaufferettes japonaises, précieuses dans le cas de séjour dans des refuges à de hautes altitudes, une bonne gourde en peau de bouc ou en aluminium, coiffée d’un gobelet, enveloppée de drap et accrochée aux porte-mousquetons d’une courroie, des ustensiles en aluminium et un flacon à esprit-de-vin. Le sac sera du type tyrolien avec des crochets extérieurs ou porte-mousquetons servant à accrocher au sac les raquettes, les crampons ou les sandales cloutées et à l’une des bretelles la lanterne pliante en cas de besoin.


Chargement du skieur.

Quel sera le chargement du sac ? Il variera évidemment suivant le goût de chacun, le nombre des skieurs, la nature des régions traversées, la température et l’époque. En principe, il sera allégé le plus possible.

Les skieurs ne marchant généralement jamais seuls, et trois skieurs constituant le groupe minimum, il y a lieu de déterminer la composition et la répartition du chargement dans un tel groupe et pour une course d’une journée.

Les excursions de plus d’une journée, sans possibilité de rentrée au gîte (hôtel, auberge ou refuge), à la fin de chaque journée, seront l’exception, et leur organisation entraînera des dispositions spéciales, adéquates à chaque cas, et qui ne peuvent trouver place dans ce traité.


Chargement pour trois skieurs-touristes.

Sur l’homme.

Les effets d’habillement prévus plus haut.

Une gourde avec gobelet.

Des lunettes.

Une montre savonnette ou à double boîtier, portée de préférence dans une poche de la veste ou de la ceinture du pantalon. (On ne court ainsi aucun risque de la perdre en tombant, tandis qu’il n’en est pas de même quand elle est tenue dans la petite poche de côté de la culotte.)

Un carnet de poche ou block-notes (non indispensable).

Une carte d’état-major dans étui à transparent.

Une plaque d’identité.

Un sifflet, corne ou sirène.

Dans ou sur le sac.

Vivres, dont une partie dans les poches extérieures pour les casse-croûte.

Une paire de crampons (éventuellement).

Un jersey.

Une chemise de flanelle de rechange.

Une serviette.

Une paire de chaussettes de rechange.

Une paire de pantoufles avec semelle en cuir servant à l’occasion de chaussures de repos au gîte.

Une paire de freins de skis (portés aussi en guise de ceinture), de la ficelle et une courroie de fortune.

Un couvert de voyage (non indispensable).

Une paire de raquettes (nécessaire seulement en cas de course importante loin de tout centre habité).

Une trousse de réparation (avec plaquettes et vis).

À répartir entre les 3 skieurs.

Une corde de 25 à 30 mètres et un fer de piolet ajustable (emporté dans certaines courses de haute montagne).

Une griffe à ski Staub, ou une pointe de ski de rechange (pour les courses importantes).

Une cuisine de campagne (réchaud, casserole et récipient d’alcool).

Un baromètre anéroïde.

Un appareil photographique (superflu dont on peut se passer ; mais quel est le touriste qui ne préfère avoir une surcharge légère pour le plaisir de revoir plus tard les sites qui l’ont enchanté ?).

Une pince universelle (pour les grandes courses).

Une pharmacie de poche (au minimum, un paquet de pansement, un flacon d’alcool de menthe ou de cognac et un flacon d’éther sulfurique).

On allégera le chargement en ne prévoyant qu’une paire de raquettes pour 3, car, bien qu’une rupture de ski soit rare, il faut toujours s’y attendre.


Chargement proposé pour le skieur militaire en campagne.

Sur l’homme.

1 plaque d’identité.

1 chemise.

1 caleçon.

1 pantalon.

1 capote, ou veste ou vareuse.

1 paire de bandes molletières.

1 mouchoir.

2 paires de chaussettes.

Brodequins.

Chaussons en drap avec semelle, dits gants de pied.

Gants-moufles avec index.

Béret, muni d’une jugulaire ou bonnet de police.

Passe-montagne (éventuellement).

Cravate.

Paquet de pansement.

Lunettes.

Couteau.

Dans la musette.

Vivres du jour (1 ou 2 repas).

Quart ou godet en cuir.

Cuiller.

Fart et trousse pour réparations avec ficelle.

Crampons (éventuellement).

Dans ou sur le sac.

1 jersey.

1 jour de vivres de réserve (éventuellement).

Nécessaire individuel en aluminium[5]

Morceau de savon.

Trousse.

Livret.

Chemise de rechange.

1 brosse.

Paire de chaussettes de rechange.

Freins de ski.

1 hachette de campement
(pour 8).

1 pelle bêche portative (pour 4).

1 pince universelle
(pour le groupe).

1 pointe de ski de rechange.

1 lanterne pliante.

1 paire de raquettes.

1 courroie de fortune.

2 cartouchières avec bretelles de suspension.

48 cartouches en chargeurs, mousqueton et baïonnette.

1 corde de 20 à 30 mètres (éventuellement pour le groupe
ou pour 8).


L’officier skieur n’emportera, lui aussi, que le strict nécessaire. Toutefois il n’oubliera pas une boussole, une carte, un sifflet, ou corne d’appel ou sirène, un carnet avec block-notes, une montre, un baromètre anéroïde. Son armement comprendra le revolver avec trente-six cartouches.

Le chargement sera modifié enfin suivant les circonstances, c’est-à-dire suivant les missions à remplir, mais en restant toujours tel que la vitesse ne soit pas trop réduite.

À défaut du sac tyrolien, le soldat utilisera le havresac, sans son cadre.



  1. On trouvera dans tous les catalogues de ski des descriptions ou des dessins d’effets d’habillement et d’équipement très pratiques (coiffures, vestes, jambières, etc.). Nous ne jugeons donc pas utile de surcharger ce guide de figures analogues.
  2. Le talon légèrement creusé suffit aussi à retenir la courroie.
  3. Il n’est pas nécessaire que la semelle du chausson en drap soit très épaisse, ni trop débordante, puisque le chausson sert surtout comme enveloppe protectrice contre l’humidité.
  4. Ce modèle a été adopté dans les Écoles de ski militaires.
  5. Le nécessaire individuel peut, à la rigueur, être remplacé simplement par une assiette en aluminium que l’on place dans la musette.