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Histoire universelle/Tome IV/XIII

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Société de l’Histoire universelle (Tome IVp. 168-182).

L’EMPIRE BRITANNIQUE

Ce sera l’impérissable honneur de la reine Victoria que son nom demeure attaché à l’édification d’un système politique original et grandiose — l’empire britannique — en même temps qu’à un essai prolongé de redressement moral. Que cette dernière tentative paraisse avoir finalement échoué ne doit pas rendre injuste envers les artisans d’un noble effort. À vrai dire, l’Angleterre du début du xixme siècle avait singulièrement besoin qu’on la régénérât. Maintenue et comme galvanisée par la lutte acharnée qu’elle avait fournie contre Napoléon Ier, elle y avait acquis des énergies appréciables mais qu’animait un matérialisme égoïste et étroit. La lutte terminée, il avait semblé que la nation ne connut plus de directives, n’eût plus de mandat à exercer, rien que des appétits individuels à satisfaire. La royauté, le parlement, l’Église, les classes possédantes se montraient également déchues. L’amoralisme commençait de se manifester dès le collège ; la vie publique et la vie privée en étaient imprégnées. Aucun remède apparent. Depuis l’émancipation américaine, nul ne croyait à l’avenir colonial ; celui de la mère-patrie elle-même n’inspirait qu’une confiance mitigée. À peine si, au milieu de la corruption ambiante se dressaient çà et là quelques isolés pour qui le bien public n’était pas un vain mot et que leur force de caractère incitait à résister à l’abaissement général. Ceux-là ne pouvaient oublier qu’un William Pitt[1] leur avait, à travers les plus tragiques péripéties, donné un magnifique exemple de persévérance et de sang-froid.

À la reine Anne avaient succédé en 1714 des princes allemands pour qui la grande monarchie insulaire dont ils étaient les héritiers contestables[2] n’était bonne qu’à entretenir ou à renforcer la petite monarchie continentale à laquelle ils demeuraient attachés. Lorsque l’Électeur de Hanovre avait débarqué en Angleterre pour y prendre possession du trône, il avait amené toute sa cour germanique y compris ses deux maîtresses que le peuple, les appréciant d’après leurs silhouettes avait aussitôt baptisées « éléphant » et « mât de cocagne ». Rien ne l’avait intéressé en Angleterre sinon d’y prélever des fonds et d’y recruter des troupes que put utiliser sa politique hanovrienne. À Georges Ier (1714-1727) avait succédé Georges II (1727-1760) sous le règne duquel les mêmes errements s’étaient reproduits. Georges III (1760-1820) avait continué la funeste série : moins médiocre sans doute que ses prédécesseurs, dominé d’ailleurs par les événements extérieurs (la révolte américaine puis la révolution française) mais sectaire, mesquin, tatillon, infatué de ses droits et de sa majesté. Une triste dynastie en vérité ! Cependant beaucoup d’Anglais lui savaient gré de les avoir sauvés du « papisme » et pensaient avec Thackeray que ces mauvais Georges valaient encore mieux que le roi Stuart qui leur fut arrivé « avec le grand cordon de France et une dizaine de Jésuites derrière lui ». La France et le Saint-siège, ogre à deux têtes dont ils n’arrivaient pas à secouer la hantise même après l’impiété des révolutionnaires français et la mise en tutelle du clergé par Bonaparte. L’anglicanisme notamment s’alimentait de la haine pontificale qui lui tenait lieu de raison d’être car les disputes dogmatiques ne passionnaient plus personne et les fidèles qui suivaient le culte y pouvaient maintenant somnoler impunément.

« L’argent est ici souverainement estimé ; l’honneur et la vertu, peu » avait écrit Montesquieu revenant d’Angleterre. Après une brève éclaircie au temps de William Pitt les choses, sous ce rapport, avaient encore empiré. Le parlement de 1814 se trouvait aux mains de propriétaires-fonciers sans scrupules, n’hésitant point à affamer le peuple pour mieux vendre leur blé. Aussi la misère était-elle affreuse. Elle provoquait des émeutes locales et partielles férocement réprimées ; car dans une pareille société, il n’y avait point de place pour la pitié. Les fabriques étaient « des abîmes de souffrance et de cruauté » où les enfants s’étiolaient dans le dur esclavage d’un travail excessif et prématuré. Sur cette vaste « ménagerie des passions » l’alcool régnait incontesté. Les uns mourant de faim et les autres trop nourris s’accordaient à l’honorer. Depuis « les gros squires bouffis par le porto et le bœuf et accoutumés vers la fin du repas à brailler loyalement pour l’Église et pour le roi » (Taine), jusqu’à ces déséquilibrés sentimentaux « prêts le matin à pleurer et le soir à rouler sous la table », tout le monde se grisait. Le jeu et la débauche marchaient de pair. L’ignorance était assez générale et le besoin d’y échapper ne se faisait guère sentir. Parmi tant de nuées amoncelées se glissaient pourtant quelques rayons d’aurore ; et tandis qu’avec Walter Scott, Byron et Shelley une littérature plus saine, plus idéaliste se substituait à la crudité d’un réalisme populacier, Canning entreprenait avec l’esprit pratique et l’absence d’emphase qui allaient marquer l’ère nouvelle, la série des réformes libératrices. Tout était à réformer : logements ouvriers : il y avait des villes industrielles dont une partie des habitants vivaient entassés dans des sous-sols sordides — régime électoral et municipal : la vénalité décidait des scrutins ; des agglomérations de quarante mille âmes étaient aux mains de quelques familles qui y détenaient le pouvoir par une sorte d’hérédité incontestée — instruction publique : l’école existait à peine en maintes communes et l’État n’avait pas même le droit d’inspection — assistance : elle fonctionnait de façon à encourager la paresse et à perpétuer le paupérisme. Il y avait encore l’Irlande où l’éloquence d’O’Connell entreprenait de grouper les catholiques en vue de les soustraire à la tyrannie qui pesait sur eux[3] et aussi la question de l’esclavage dans les colonies contre le principe duquel la conscience publique commençait tout de même à se rebeller.

Sur ces entrefaites mourut Guillaume IV. Il avait remplacé en 1830 son frère Georges IV (1820-1830). L’héritière était leur nièce, la princesse Victoria, qui venait d’atteindre ses dix-huit ans. En vertu du privilège masculin la couronne de Hanovre ne lui revenait point[4] ; ainsi se rompait le lien malheureux qui depuis cent vingt-trois ans tenait unis le Hanovre et l’Angleterre. Un règne s’inaugurait à Londres qui en allait durer soixante-trois (1837-1901) et dédommagerait largement le peuple anglais de la patience avec laquelle il avait supporté une lignée jusqu’alors si peu digne du pouvoir.

Vers le même temps se passaient au loin des faits importants auxquels la métropole n’accordait qu’une distraite attention. Le Canada, l’Australie, l’Afrique du sud — assises de l’empire futur — commençaient d’émerger dans la brume du matin. On ne les connaissait pas encore sous de tels noms. « Cape colony » et « New south Wales » étaient les termes employés pour désigner les communautés embryonnaires qui avaient pris naissance dans l’hémisphère austral. Quant au mot Canada, il ne s’appliquait plus qu’à une portion des territoires qui avaient constitué la Nouvelle-France et dont l’Angleterre avait, après 1763, opéré le démembrement administratif. Les « canadiens », c’étaient à proprement parler, les habitants de la province de Québec, français de race et catholiques — considérés par conséquent comme doublement ennemis du britannisme. Au début on avait escompté à Londres leur élimination rapide, aucune émigration française ne venant plus les renforcer. Mais ils s’étaient révélés si prolifiques et, d’autre part, si résistants à conserver leur langue et leur religion qu’il avait fallu composer avec eux. La métropole incitée d’ailleurs à la prudence par l’émancipation des États-Unis leur avait, dès 1791, concédé quelque autonomie. L’application toutefois en demeurait subordonnée au bon plaisir des gouverneurs, parfois intelligents et bienveillants, plus souvent sectaires et persécuteurs. Même après que le loyalisme des Canadiens se fut manifesté lors de la guerre de 1812[5], l’Angleterre leur demeura hostile : l’animosité de race persistait. Une insurrection finit par éclater en 1837 ; dans les rangs canadiens l’idée gagna dès lors du terrain d’une annexion possible de la province de Québec à la république des États-Unis.

Si l’Australie échappait au danger des disputes ethniques et confessionnelles, d’autres problèmes l’agitaient. Grande comme les trois quarts de l’Europe, mais en majeure partie désertique et inutilisable, peuplée d’un demi million de noirs à peu près réfractaires à toute culture, elle n’était guère faite pour attirer les colons. Cependant quelques uns s’y hasardèrent les dernières années du xviiime siècle et y introduisirent des moutons sud-africains dont l’élevage prospéra aussitôt. Dix ans plutôt un premier convoi de forçats avait atterri sur l’emplacement de Sydney. L’Angleterre ne pouvant plus déporter ses condamnés dans l’Amérique du nord se proposait de les diriger désormais sur l’Australie et son annexe la Tasmanie. Mais les moutons l’emportèrent. En 1839 ils dépassaient le million et leurs éleveurs, les « squatters » commençaient à parler haut, réclamant un sol libre et une administration autonome. Il fallut supprimer la déportation (1840) et bientôt accorder des institutions représentatives. La première assemblée de la Nouvelle-Galles du sud se réunit à Sydney en 1842.

À la pointe méridionale de l’Afrique, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales avait créé vers le milieu du xviime siècle une relâche pour ses bateaux. Des Hollandais y étaient venus s’établir bientôt rejoints par des huguenots français. C’étaient là les ancêtres des « Boers ». Lorsque, cent cinquante ans plus tard, au cours des guerres napoléoniennes, le gouvernement britannique avait fait occuper le Cap, il s’y trouvait de nombreux habitants d’origine européenne avec lesquels ses premiers représentants entrèrent vite en conflit. Les dirigeants de la Compagnie néerlandaise avaient déjà, par leur tyrannie, provoqué plusieurs révoltes ; les Anglais n’agirent pas avec plus de douceur ni leurs missionnaires avec moins de maladresse. Les « Boers » commencèrent de monter vers le nord (1825). Ces paysans vigoureux et simplistes tenaient moins à leurs terres qu’à une complète indépendance. Ils voulaient vivre répartis sur de grands espaces où, dit-on, chacun d’eux appréciait que, de sa maison de ferme « on ne put apercevoir la fumée du voisin ». Après 1835 ce fut le grand exode ; mille charriots passèrent le fleuve Orange puis, plus tard, le Vaal affluent de l’Orange. Cette invasion s’étendit jusqu’au Limpopo. Mais les communautés conservatrices et terriennes qui s’organisèrent là ne pouvaient jouir que d’une sécurité transitoire ; tôt ou tard la colonisation anglaise rejoindrait leurs frontières.

Pour administrer et conduire le vaste empire qui, par la force des choses, se constituait ainsi sous son égide et sans qu’elle y apportât ni élan ni orgueil — tant elle se fiait peu à sa durée — de quels hommes disposait l’Angleterre ? Il semble que les collaborateurs de la reine Victoria, quelle qu’ait été la diversité de leurs caractères, puissent être répartis en deux équipes portant les noms des chefs d’école dont l’esprit et les méthodes les pénétrèrent : Palmerston et Gladstone. Esprit et méthodes à ce point contradictoires qu’à vouloir rapprocher ces deux hommes, on risque de paraître naïf en soulignant leurs contrastes et paradoxal en leur découvrant quelque similitude. Ils eurent pourtant une conviction commune. Tous deux crurent à la qualité individuelle du citoyen britannique, à sa valeur en tant que ferment mondial ; mais Palmerston, réaliste et moins scrupuleux, conclut de là à l’obligation pour la nation d’épouser les querelles lointaines de ses fils et de les faire siennes, qu’elles fussent bonnes ou mauvaises. C’était là une doctrine expansionniste assez nouvelle. Le citoyen romain avait tiré son prestige du reflet triomphal dont Rome le revêtait. La gloire de Rome, sans doute, était le produit des efforts de ses fils. L’antiquité n’ignorait pas cette solidarité puisqu’elle en avait donné la formule : civium vires, civitatis vis : les forces des citoyens font la force de la cité. Mais Rome alors fixait les regards et s’imposait à tous. Quel rapport y avait-il entre sa situation dominatrice et celle de l’Angleterre de 1840 avec ses destins incertains, sa médiocre dynastie, ses difficultés intérieures, ses tares et la rivalité de puissances continentales récemment illustrées par leurs exploits comme la France ou fortifiées comme la Prusse par leurs agrandissements territoriaux ?

Les Anglais n’en ignoraient rien ; ils sentaient leur faiblesse collective mais beaucoup d’entre eux ne s’en croyaient pas moins supérieurs comme échantillons d’humanité au reste de l’univers. Et parce que cette conviction ne pouvait reposer encore que sur des présomptions mentales et non sur des preuves tangibles, elle se traduisit chez Palmerston par une sorte de crispation de la volonté, de rage interne qui lui firent détester tout ce qui n’était pas anglais, repousser tout ce qui n’était pas utile aux Anglais, chercher à détruire tout ce qui risquait de les gêner. Au service de cette passion, il apporta son intelligence, sa culture et son ironie hautaine de grand seigneur. Ministre des affaires étrangères, il forgea à son image une diplomatie qui s’employa à créer partout des malentendus, à fomenter des querelles. Dans chaque cour le représentant de l’Angleterre s’appliqua à brouiller les cartes, à nouer des intrigues. « Impérieux, soupçonneux, cassant », on le vit « grossir sans mesure tous les incidents secondaires ». Dans les annales diplomatique, la conduite des agents britanniques à Turin, à Madrid, à Lisbonne, à Paris, à Constantinople, à Athènes… représente un véritable record d’incorrection et d’agitation. Metternich put accuser lord Palmerston de s’être mis « à la tête de tous les mouvements qui tendent à bouleverser l’Europe ». Plusieurs anglais, Robert Peel en tête, ne lui avaient pas fait de moindres reproches. Le pire qu’il ait encouru se trouve formulé dans un mémorandum rédigé en 1847 par le prince-consort pour détourner le gouvernement de renouveler en Italie des fautes ayant valu à l’Angleterre « la haine de tous et la conviction générale qu’elle répandait le désordre pour des motifs intéressés ». Sous la plume discrète, sage et pondérée du mari de la reine, de pareils termes longtemps tenus secrets ont une singulière portée.

Si ces procédés avaient duré aussi longtemps que la longue vie politique de lord Palmerston qui ne mourut qu’en 1865, à quatre-vingts ans passés, ils eussent sans doute nui de façon durable au bon renom du pays. Au contraire l’Angleterre en tira bénéfice. On prit l’habitude en Europe de ménager son irritabilité et de lui marquer des égards particuliers. Lorsque Gladstone eut fait prédominer sa « manière », le contraste n’en fut que plus apprécié au dehors mais sans que cessât pour cela le traitement de faveur dont le « Foreign office » et l’opinion britannique jouissaient de la part de la plupart des chancelleries continentales. Il resta d’ailleurs chez plus d’un homme d’État anglais une tendance à imiter lord Palmerston en gestes et en paroles et à recourir au système des sursauts et des saccades pour surprendre son adversaire ou dérouter ses rivaux.

L’ère gladstonienne n’eut pas le « grand old man » pour seul artisan. Il en fut en quelque sorte le symbole politique appuyé par des éléments rénovateurs d’ordre moral, pédagogique et religieux.

Trois ans après son avènement la jeune reine Victoria avait épousé le prince Albert de Saxe-Cobourg qui au cours d’une union sans nuages, lui donna neuf enfants et lui apporta sans jamais se départir de la discrétion que nécessitait une situation délicate entre toutes, l’aide la plus précieuse pour remplir ses devoirs de souveraine constitutionnelle. S’étant attribué le « département du bien public » c’est-à-dire les œuvres de charité et de progrès, le prince-consort y rendit de grands services mais le plus grand fut sans contredit le cachet de simplicité et de transparence qu’en plein accord avec la reine, il conféra à leur vie familiale, constituant ainsi entre la nation et les souverains une sorte d’intimité affectueuse qui n’avait jamais existé nulle part à un pareil degré. À ce spectacle, toutes les aspirations morales qui sommeillaient sous la corruption récente s’avivèrent et, peu à peu, s’assemblèrent en un faisceau bienfaisant. Le peuple s’accoutuma à cette nouveauté au point peut-être de la sous-apprécier et de trouver tout simple que la reine, affligée par un veuvage prématuré (1862) ait continué de donner l’exemple des vertus domestiques et de l’attachement au devoir jusqu’au seuil de l’extrême vieillesse. Mais l’histoire en établissant la psychologie du règne saura relever les traces quotidiennes d’une influence personnelle indéniable exercée par Victoria sur les affaires publiques comme sur les mœurs privées.

Un mouvement d’émancipation et de purification religieuse vint étayer cette action. Depuis longtemps l’Église anglicane avait perdu toute vigueur et tout idéal. Elle n’était plus guère, aux mains des classes privilégiées, qu’un instrument commode d’ingérence et de domination. Mais, à côté d’elle, il y avait d’une part le méthodisme wesleyen[6] très développé parmi les travailleurs manuels qu’il aidait à supporter leurs misères et, de l’autre, la phalange restreinte mais compacte des catholiques dont une persécution persistante entretenait la cohésion et avivait l’ardeur. Entre les deux se groupèrent de jeunes clergymen épris à la fois de la belle austérité morale des ancêtres puritains et de cet éclat cultuel catholique dont manquaient si complètement les offices anglicans devenus de plus en plus secs et vulgaires. Telle fut l’origine du « ritualisme ». L’erreur pour beaucoup fut d’y voir un acheminement obligatoire vers la rentrée au giron romain. Au début d’assez nombreuses conversions entretinrent les catholiques dans l’illusion à cet égard tandis qu’elles provoquaient de la part de l’orthodoxie protestante — ou plutôt des intérêts matériels auxquels celle-ci servait de paravent — des hostilités maladroites. Le ritualisme en sortit fortifié. Dès lors il se répandit et se fixa. Il avait pour lui le Common prayer book dont le texte comporte une liturgie abondante ; surtout il répondait aux besoins d’une nation dont on était mal venu à penser qu’aimant le faste des cérémonies civiles les plus désuètes, elle put se contenter longtemps d’une religion sans gestes et sans décor. Pour obtenir satisfaction sur ce point, l’opinion anglaise ne se trouvait nullement obligée de renoncer, en se ralliant au Vatican, à l’insularisme ecclésiastique. D’autres communautés chrétiennes avaient déjà su réaliser l’autonomie des Églises nationales sans rompre l’unité des formes. C’est pourquoi il était probable que si un rapprochement ultérieur venait à se dessiner, ce serait plutôt au profit de l’Église orthodoxe grecque. La chose s’est avérée au début du xxme siècle et pour n’être pas codifiée, l’entente entre l’Église anglicane, l’Église épiscopalienne (qui en est la réplique américaine) et l’Église grecque n’en est pas moins vivace aujourd’hui.

Un troisième élément rénovateur — le moins aperçu bien que de beaucoup le plus conséquent — transforma le collège anglais et par là fit prédominer d’abord dans les colonies et ensuite dans le monde entier un principe nouveau en matière d’éducation. Si les historiens négligent d’attribuer à ce facteur une part suffisante dans leurs investigations, c’est que les doctrines pédagogiques d’une époque se trouvent rarement résumées en préceptes précis. Ainsi en allait-il au temps dont nous parlons. Sur le continent prédominait la tendance à envisager l’éducation comme une chirurgie destinée à éliminer violemment les mauvais germes. Cette tendance postérieure au moyen-âge s’était plutôt accentuée récemment par réaction pratique contre les suggestions de Jean Jacques Rousseau. En Angleterre on tenait pour la non-intervention par crainte d’émasculer les énergies en les voulant ordonner ; on s’en remettait pour cela aux rudes contacts de la vie scolaire qui participait pleinement de la grossièreté ambiante. La puissante originalité de la réforme entreprise par Thomas Arnold fut d’introduire au sein de l’école la notion que seul l’adolescent peut édifier sa propre virilité à l’aide des matériaux dont il dispose ; avant tout il doit rechercher le courage physique et la droiture de caractère, éléments d’ordre musculaire et moral auxquels il ne faut pas demander à l’ordre intellectuel d’ajouter de la force car il ne saurait que la distiller en doses imperceptibles. L’athlétisme exalté et coordonné, des institutions scolaires complètes reproduisant la société des hommes avec sa complexité, ses concurrences et même ses injustices, le maître toujours à portée pour observer et aider au moindre appel… c’étaient là des étrangetés que la première génération subit sans les comprendre mais dont les résultats furent prompts. Arnold ne rédigea aucun manuel ; il se contenta de transformer en quatorze années (1828-1842) son collège de Rugby. Cette propagande sans paroles annihila les oppositions prêtes à fulminer. Les autres collèges durent peu à peu se modeler sur celui-là et former à leur tour des « muscular christians » tels que Kingsley les avait souhaités. Puis l’esprit nouveau pénétra les universités. La tempérance servie par des poings solides et bien exercés n’eut plus honte d’elle-même. La confiance et l’optimisme, ces produits naturels de l’exubérance sportive, s’établirent à demeure. Et dans les rangs des administrations civiles et militaires, métropolitaines et coloniales apparut la figure d’une Angleterre régénérée, un peu étroite d’horizons et encore insuffisamment compréhensive mais claire et franche, aspirant au bien et sainement orgueilleuse d’elle-même.

Les « Dominions » en formation ne pouvaient recevoir de renfort plus efficace et plus opportun. Les dirigeants qui leur vinrent désormais apportèrent la liberté et selon une formule ultérieure peace with honour, la paix avec l’honneur. Le Canada dès le milieu du siècle fut apaisé et se développa tranquillement. Lord Elgin non content de rendre ses droits au français prononça en cette langue le discours du trône et sanctionna le vote des crédits destinés à indemniser les victimes de la rébellion de 1837. Des travaux publics, chemin de fer, canaux, lignes télégraphiques assurèrent le progrès commercial ; les chiffres triplèrent en dix ans. À part quelques incidents de frontières aux temps de la guerre de sécession des relations de meilleur voisinage s’établirent avec les États-Unis. Enfin une fédération prit naissance. On en parlait depuis longtemps. Les provinces maritimes, la Nouvelle-Écosse, le New-Brunswick marquaient des réticences, leurs intérêts divergeant quelque peu de ceux des habitants des provinces de Québec et d’Ontario. Mais le sens « fédéral » prédomina. Sous le nom de « Dominion of Canada » un État puissant se forma dont Ottawa fut le centre politique ; la compagnie de la baie de l’Hudson lui céda les immenses territoires qui relevaient d’elle (1869). Là fut taillé le Manitoba avec sa capitale Winnipeg, issue d’un assemblage de huttes où vivaient les « bois-brûlés » métis de blancs et de peaux-rouges, chasseurs enragés qui se défendirent et qu’il fallut réduire par la force. Tout le nord fut divisé en vastes districts pour la colonisation future ; on parqua ce qui restait des indigènes[7] dans des « réserves ». Le Manitoba se trouvait à peu près à mi-chemin de Montréal à Vancouver. Avoir une façade sur le Pacifique était une perspective séduisante. La Colombie britannique[8] consentit à faire partie du Dominion si on l’y reliait par une voie ferrée. C’était un travail cyclopéen. La traversée des montagnes rocheuses présentait d’énormes difficulté. En 1886 les premiers trains directs circulèrent… Le Canada, pays principalement agricole, de traditions mêlées et soumis à de rigoureux hivers a connu maintes difficultés d’ordre intérieur ; l’émigration ralentie, des disputes confessionnelles, l’obligation d’engager de lourdes dépenses pour créer l’outillage national y ont causé des déceptions mais la sagesse éclairée et le courage tranquille des Canadiens leur a permis de cimenter fortement leur union et de s’assurer un avenir solide.

Rien n’apporte à un pays neuf plus de désarroi que la découverte soudaine de pierres ou de métaux précieux dans les roches de ses montagnes ou dans le sable de ses rivières. Mais ce sont là de ces secousses qui, le danger passé, se trouvent parfois avoir consolidé l’organisme en y déposant le germe d’une vigueur renforcée. Si le Canada n’a point passé par là, les autres communautés anglo-saxonnes en ont presque simultanément fait l’expérience. Les annales véridiques du « cyclone de l’or » en Californie (1848-1851) ont l’intérêt des romans d’aventure les plus émouvants. Quelques mois suffirent à tripler le chiffre de la population et dans Yerba-buena devenue San-Francisco, quelques heures suffirent à faire et à défaire des fortunes. L’Australie connut de 1851 à 1855 pareille effervescence. Là aussi vinrent des aventuriers qui se muèrent peu à peu, en citoyens. L’ordre naquit du heurt passionné des énergies individuelles. Ce fut un ordre ultradémocratique. On vit les colonies australiennes établir le suffrage universel, l’électorat et l’éligibilité des femmes, la journée de huit heures, l’impôt progressif, l’école officielle et neutre, reconnaître les syndicats ouvriers, séparer l’Église de l’État, introduire des monopoles… bien avant que l’Europe ne consentit à voir dans ces réformes autre chose que d’impraticables et dangereuses rêveries. En même temps un nationalisme anticipé se manifestait. Les Australiens obligèrent la métropole à se saisir des terres environnantes ou à les disputer, à la France et à l’Allemagne ; ils voulaient être seuls maîtres des approches de leur continent dont pourtant la plus grande portion leur demeurait inconnue[9] et qu’ils n’arrivaient pas à unifier politiquement. Alors que le principe de la fédération était depuis longtemps ancré dans leurs cerveaux, des querelles de détail les empêchaient de la constituer. On y parvint par étapes et, à l’orée du xxme siècle, le « Commonwealth of Australia » — disons la république d’Australie — prit rang fièrement avec son drapeau constellé parmi les peuples émancipés. Le sort de la Nouvelle-Zélande avait été un peu différent comme l’étaient sa formation physique et ses conditions ethniques. Des deux grandes îles contiguës qui la constituent et dont l’ensemble égale à peu près l’Italie, l’une, l’île du sud, aux cimes neigeuses, vécut sans grands efforts une vie de travail régulier sous un climat favorable ; l’île du nord fut au contraire troublée par des guerres indigènes. Les Maoris qui étaient peut-être un million à l’origine et dont le nombre a décru jusqu’à faire prévoir leur élimination totale défendirent énergiquement de 1860 à 1868 leurs droits à la possession du sol contre les colons européens. La colonisation avait été entreprise par une compagnie à laquelle la couronne s’était substituée en 1840. L’initiative religieuse s’y était superposée. Dunedin avait été fondée par les presbytériens et Christchurch par les anglicans. Mais c’est à Wellington sur le détroit qu’en 1865 fut établie la capitale.

Lorsque vers 1869 les premiers diamants furent extraits du sol africain aux lieux où s’éleva peu après la ville de Kimberley, l’espèce de compromis mal déterminé qui existait depuis une quinzaine d’années entre les Boers et l’Angleterre se trouva aussitôt remis en question. L’État libre d’Orange reconnu par elle en 1854 se vit enlever brutalement les districts diamantifères mais la découverte amena dans toute la région une prospérité rapide. L’Orange en profita à la différence de la république du Transvaal, l’autre État boer, où tout allait le plus médiocrement du monde et qui, criblé de dettes, engagé dans des luttes incessantes contre la batailleuse peuplade des Zoulous apparut aux Anglais comme un fruit mûr qu’il était temps de cueillir. Ils l’annexèrent en effet mais ne surent pas prévoir les conséquences de leur acte qui les mit en contact direct avec les Zoulous ; à la faveur des succès de surprise remportés par ceux-ci, les Boers reprirent courage et restaurèrent leur république infligeant même aux Anglais à Majuba Hill (1881) une défaite dont le retentissement fut considérable. Gladstone alors premier ministre et très opposé à l’annexion en profita pour rétablir, à peu de choses près, le régime antérieur mais de nouvelles difficultés ne tardèrent pas à surgir. Tous les Hollandais de l’Afrique australe n’étaient pas des « boers ». Tous n’avaient pas émigré. Au Cap les descendants de ceux qui étaient restés représentaient un parti nombreux, riche, compact. Et lorsqu’en 1872 l’autonomie eut été concédée à la colonie qui possédait déjà un parlement depuis 1853, leur action se fit sentir si fortement que bientôt, ils purent s’emparer du pouvoir, imposer leur langue et tout en se proclamant fidèles à l’empire, jeter les bases d’une puissante ligue l’Afrikander bond, à laquelle les Boers du Transvaal se virent contraints d’adhérer. Ils le firent à regret. Leur chef, Krüger, paysan rusé et habile, partageait leur horreur du modernisme et ne cherchait qu’à lui faire échec, ne craignant pas toujours pour y parvenir le recours à des procédés douteux. Des années s’écoulèrent en sourdes manœuvres peu comprises en Europe. Krüger vit se lever en la personne de Cecil Rhodes un adversaire qui le dépassait de toutes les manières. Débarqué tout jeune en Afrique, frêle, menacé de phtisie, Rhodes n’y avait pas seulement rétabli sa santé ; il avait réalisé une grande fortune[10]. Ayant syndicalisé les mines, le trust ainsi formé valut entre ses mains l’arme la mieux aiguisée. Il l’utilisa selon sa conception du bien public. L’opinion européenne s’est mépris sur ces deux hommes. Égarée par les mensonges ou les ignorances d’une presse dite d’« information» encore à ses débuts et inexperte[11], elle a paré l’un de vertus imaginaires et refusé de reconnaître les qualités dont témoignait l’autre. La politique s’en est mêlée. L’Allemagne ni la France n’ont su si elles voulaient intervenir ou non. Quand le conflit armé fut près d’éclater, l’Angleterre qui avait assurément usé de certains procédés blâmables fut en Europe l’objet d’insultes peu en rapport avec ses torts. Elle ne pouvait ni ne voulait reculer. Elle fit tête à l’orage avec vigueur et volonté, ne se laissant ébranler ni par les difficultés d’un vaste transport de troupes à pareille distance ni par les déceptions et les angoisses inséparables d’une guerre de trois années. Elle en fut récompensée tant par sa victoire finale que par la paix définitive qui en résulta. Les États boers disparurent sans laisser de traces et l’Union sud-africaine s’organisa avec le concours loyal des vaincus réconciliés. Cecil Rhodes put mourir ayant réalisé son rêve (1902). Il léguait à son pays d’adoption l’immense annexe qui porte son nom — la Rhodesia — au centre de laquelle, dans un site grandiose, il avait préparé sa tombe. Par ses dispositions testamentaires et les conditions d’obtention des nombreuses bourses fondées par lui, il rendait un hommage singulier aux principes d’éducation virile posés un demi-siècle plus tôt par Thomas Arnold et dont l’inconsciente diffusion de proche en proche à travers tout l’empire lui avait donné sa cohésion et sa force.

Les sentiments de la métropole à l’égard de cet empire avaient passé par trois étapes. Longtemps, avons-nous dit, on considéra les établissements coloniaux comme des enfants qu’une ingratitude obligatoire conduirait à se rebeller ainsi qu’avait fait le frère aîné ; et on se promettait cette fois de ne plus s’imposer pour les retenir les frais d’une guerre inutile. Lorsque les Dominions commencèrent à se constituer, l’opinion s’intéressa à leur croissance et l’on entrevit en Angleterre la possibilité d’une séparation graduelle, à l’amiable, qui laisserait subsister des liens amicaux. Puis lorsqu’une politique sagement libérale et une pédagogie créatrice d’initiative et de self control eurent porté leurs fruits, on se prit à douter si vraiment la séparation était fatale. Depuis 1884 l’Imperial Federation league travaillait à l’unité. Ses comités multiples, son activité, l’adhésion des personnalités les plus considérables des Dominions aussi bien que de la mère-patrie lui ralliaient des partisans de plus en plus nombreux. Lorsque le 21 juin 1887, la reine célébra son premier « jubilé », les Anglais dressèrent le bilan impérial des cinquante années écoulées depuis son avènement. Les statistiques étaient impressionnantes ; la population coloniale avait passé de cent vingt-six à deux cent cinquante millions ; la superficie utilisable s’était accrue d’environ trois millions et demi de kilomètres carrés ; le commerce des colonies était monté de cinquante quatre à quatre cent trente quatre millions de livres, leurs revenus publics avaient quintuplé ; quarante millions de kilomètres de voies ferrées sillonnaient leurs territoires… Il y eut du vertige dans les âmes. Nul ne le perçut d’abord. Dix ans s’écoulèrent encore avant que l’effet n’en devint apparent. En 1897 un second jubilé intervint ; soixante ans d’un règne sans régence ni éclipse : cela tournait au prodige. Le cortège qui se déroula à travers Londres ne ressembla pas au précédent ; au lieu d’une belle fête familiale à laquelle avaient participé les dynasties apparentées, on eut un étalage de puissance mondiale rappelant les pompes orgueilleuses de la Rome antique. L’ascension avait pris fin. On était au sommet ; allait-on s’y tenir ?… En réalité ce n’était que le sommet matériel ; le sommet moral se trouvait déjà franchi et la descente, amorcée. L’affranchissement de l’Irlande auquel demeurait attaché le grand nom de Gladstone se poursuivrait envers et contre tous ; des libertés trop tardives, bienfaisantes quand même, seraient reconnues aux Égyptiens et aux Hindous… mais de la métropole ne rayonnerait plus aucun courant d’aspirations morales. De nouveau allaient y dominer l’esprit mercantile exclusif, la passion du gain et de la richesse avec toutes les conséquences corruptrices qu’entraîne toujours une semblable domination.

  1. William Pitt appelé au pouvoir en 1784 avait commencé aussitôt d’améliorer les conditions financières déplorables engendrées par la guerre d’Amérique. En deux ans il avait réussi à réduire d’un quart environ les dépenses publiques et à accroître les recettes de près d’un tiers ; le budget de 1790 avait été présenté en équilibre et le cours du 3 % descendu à 56 s’était relevé à 97. Appuyer la politique sur les affaires sans perdre de vue les intérêts des masses répondait à son instinct. Mais la destinée l’en avait détourné en le dressant contre la France révolutionnaire et napoléonienne dont l’action menaçait la fortune de l’Angleterre en même temps que ses principes politiques. Il soutint l’aventure avec conviction mais non sans déplaisir car l’œuvre rénovatrice à laquelle il eût voulu s’employer s’en trouvait compromise. Une fois son parti pris, il fit preuve d’une énergie et d’une ténacité indomptables. Pitt mourut en 1806 affligé par les triomphes de Napoléon mais ne doutant point de leur caractère éphémère.
  2. Anne avait elle-même succédé à sa sœur et à son beau-frère Guillaume d’Orange. Ne laissant pas d’héritiers directs, la question s’était posée si la couronne après elle ne reviendrait pas à l’héritier légitime, leur frère, le duc d’York, écarté comme catholique. Les Hanovre descendaient d’une fille de Jacques Ier leur ancêtre commun.
  3. Pour persécutés qu’ils fussent assurément, les Irlandais n’en avaient pas moins réalisé une certaine prospérité. Par malheur la population était devenue trop nombreuse pour les ressources de l’île et de mauvaises récoltes ayant déterminé une famine, il s’en suivit une vaste émigration aux États-Unis.
  4. L’Électorat de Hanovre avait été érigé en royaume en 1814. Il devait subsister comme tel jusqu’à son annexion par la Prusse en 1866.
  5. Au cours de cette guerre dont il a été question plus haut, les Américains s’attaquèrent au Canada ne pouvant atteindre directement l’Angleterre faute d’une marine suffisante. Ils renouvelèrent trois fois leur attaque ; repoussés en 1812 ils furent plus heureux en 1813 et 1814 mais ne purent tirer profit de leur victoire, les Canadiens ne les ayant pas soutenus comme ils s’y attendaient.
  6. C’est en 1729 que Wesley et son frère avaient fondé à Oxford le petit club d’étudiants d’où était sorti le méthodisme. Peu écouté d’abord en son pays, Wesley avait connu le succès en « agitant » le peuple des États-Unis. Les méthodistes sont encore puissants en Amérique. L’armée du Salut fondée en 1865 fut une sorte de néo-méthodisme.
  7. Environ 30.000 ; dans l’ensemble du Canada il en restait à peu près 90.000. Les efforts pour les transformer en agriculteurs sédentaires ont partiellement réussi.
  8. De l’or y ayant été découvert, le territoire de la Colombie britannique jusque là dépendant de la Compagnie de la baie d’Hudson avait été érigé en colonie de la Couronne (1858). L’or n’était pas abondant mais des mines de charbon y furent ensuite exploitées. La province est le double de la France en superficie.
  9. Elle l’est encore en partie. Les premiers qui voulurent traverser les territoires déserts australiens y périrent.
  10. Sans pour cela cesser d’étudier. Dans les premières années il alla plusieurs fois de Kimberley à Oxford.
  11. Les journaux européens de l’époque précédente s’étaient proposés de commenter les faits, de les expliquer, de chercher à les rendre clairs. Peu à peu se substitua à cette conception des devoirs et du rôle de la presse une autre ambition : apporter des nouvelles, le plus possible vraies ou fausses pourvu qu’elles soient « sensationnelles » et en avance de quelques heures les unes sur les autres. En Amérique c’était un jeu, un sport… l’Europe en s’y appliquant déforma sa mentalité. La presse d’information est principalement responsable des malentendus internationaux sinon des conflits sanglants qui en résultèrent.