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Identification anthropométrique, instructions signalétiques/20

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CHAPITRE III

Mesures à relever au moyen du compas à glissière grand modèle.

A. Pied. — B. Doigts. — C. Coudée

SECTION A

Mensuration du pied gauche (Pl. 20 et 21)

1. — Disposer le tabouret de pied T (voir page 4, § 16, ainsi que Pl. 1) en face le milieu du tréteau pour coudée, du côté de la poignée, à une distance de ce meuble d’environ 60 centimètres. — Pour la désignation des parties composantes du grand compas à coulisse consulter la planche 4.

Premier temps.

2. — Faire prendre au sujet la position représentée planche 20. Pour y arriver facilement, procéder en décomposant chaque mouvement et en suivant minutieusement les indications suivantes :

3. — L’opérateur commande : Mettez le pied gauche sur le dessin ; et lorsque ce mouvement est effectué : Penchez le corps en avant ; puis : Mettez la main droite à la poignée du tréteau ; et alors seulement il ajoute : Montez sur le tabouret d’une seule jambe.

4. — Ces formules, rigoureusement énoncées dans l’ordre de succession indiqué ci-dessus, amènent en quelques secondes les individus les plus bornés à se placer régulièrement.

5. — Cette position a pour but de forcer le poids du corps à reposer entièrement sur le pied gauche, lequel, étant opposé à la main droite de l’opérateur, est d’une mensuration plus aisée que ne serait le pied droit. En forçant la main droite à prendre un point d’appui en avant, on amène le sujet à déplacer son centre de gravité dans le même sens : mouvement dont la conséquence est de produire une extension automatique des doigts de pied.

6. — Avant de placer l’instrument, l’opérateur doit d’ailleurs s’assurer si les orteils sont bien en place et notamment si le gros orteil ne s’appuie pas de côté sur le tabouret, ce qui aurait comme conséquence de le faire dévier de sa direction et de diminuer quelque peu la dimension du pied.

Il va de soi que s’il était plié, soit volontairement, soit involontairement, l’opérateur devrait en rectifier lui-même la position en le prenant avec ses doigts, et en le redressant.

7. — Généralement quand le pouce est plié avec intention, on s’en aperçoit immédiatement à la position des autres orteils qui suivent involontairement le mouvement du gros, et dont la peau plissée frappe à première vue.

Il est du reste difficile de garder cette fausse situation pendant plus d’une minute. Pour achever de rétablir la position normale, il suffirait, en cas de tromperie soupçonnée, de faire plier légèrement le genou qui supporte le poids du corps ; cette flexion déterminera généralement l’extension des autres orteils.

8. — Après avoir vérifié la position normale du corps, du pied et en particulier du gros orteil, placer le compas à glissière bien carrément, de façon que la branche fixe de l’instrument soit exactement appliquée, avec une très légère pression, contre le derrière du talon du sujet et que le côté interne du talon et de l’articulation du gros orteil touche à la tige (Pl. 21).

9. — Quand on a affaire à des pieds très plats, il arrive souvent que le cou-de-pied, au lieu de former voûte, fait saillie en dessous et empêche la tige de toucher à la fois la face interne du talon et du gros orteil. On se contente alors d’appliquer l’instrument contre cette saillie parallèlement à la position qu’il aurait occupée sans elle.

Deuxième temps.

10. — Descendre la branche mobile sans brusquerie jusqu’au contact avec le gros orteil.

Exercer une pression avec le pouce droit sur la première et la deuxième articulations de l’orteil si l’on a lieu de craindre que la poussée trop brutalement exercée par la branche mobile n’ait plié l’orteil à nouveau, ou que le sujet n’ait volontairement replié ses doigts de pied.

11. — Pour faciliter le mouvement de recul du curseur, imprimer à l’appareil une légère trépidation en le secouant quelque peu par l’extrémité de la tige graduée, au moyen de la main droite[1].

Troisième et dernier temps.

12. — Avant de lire, replacer et resserrer très légèrement l’instrument que le mouvement de flexion du genou ou la trépidation ont pu déranger, et dicter finalement le chiffre indiqué.

13. — Il faut avoir soin lorsqu’on appuie le doigt sur le gros orteil, de ne pas exercer la pression sur l’extrémité de l’ongle, ce qui ferait saillir la chair et accroîtrait indûment la longueur, mais de chercher à aplatir les deux articulations.

Remarques relatives à la mensuration du pied gauche.

Les observations auxquelles donne lieu la mensuration du pied portent sur les quatre points principaux suivants :

14. — 1° Déviation du gros orteil. La lettre d inscrite à la suite du chiffre de la mesure indique que l’orteil est dévié en dedans du pied, vers les autres doigts.

On fait suivre cette initiale du nombre de millimètres dont on estime que cette inclinaison a pu diminuer le pied. Ainsi, le pied 24.6 — d. 3, indique un pied de vingt-quatre centimètres, six millimètres qui, à une époque antérieure, avant d’être dévié, aurait pu mesurer vingt-quatre centimètres, neuf millimètres.

La déviation du gros orteil, quelque prononcée qu’on la suppose, ne doit jamais faire négliger de placer la tige graduée parallèlement à l’axe du pied, sans tenir compte de la direction de l’orteil qui s’écartera d’autant plus de la tige qu’il sera plus déformé.

15. — 2° Rétraction du gros orteil. Les lettres pl. (abréviation de plié), suivies des chiffres 2, 3, 4 (sous-entendu millimètres), corrigent approximativement la diminution que pourrait occasionner une rétraction habituelle des tendons du gros orteil.

Cette infirmité, généralement produite par l’usage de souliers trop courts, a reçu, lorsqu’elle est très prononcée, le nom caractéristique d’orteil en marteau ; mais il est rare de la rencontrer à ce degré sur le gros orteil. Elle pourrait dans ce dernier cas occasionner une diminution dans la longueur du pied qui dépasserait un demi-centimètre.

16. — Nous ne saurions trop recommander, avant que d’inscrire un pl., de s’assurer, en faisant plier le genou et en exerçant une pression sur la première articulation, que la rétraction n’a pas été simulée ou exagérée.

17. — 3° Le deuxième orteil dépasse le premier. La troisième indication à relater en marge du pied se rapporte au cas où le deuxième orteil dépasse le premier. On notera abréviativement cette particularité au moyen du signe > employé en arithmétique pour exprimer les inégalités ; on fera suivre ce signe du nombre de millimètres dont le deuxième orteil dépasse le premier.

Exemple : Pied 26.4 > 2, (3 ou 4).

Cette particularité du deuxième orteil dépassant le premier ne change en rien le manuel opératoire de la mensuration du pied tout en le rendant plus minutieux. La branche mobile au lieu d’être amenée au niveau du premier orteil est arrêtée au niveau du deuxième que l’opérateur doit veiller à ne pas repousser.

18. — La notation >, outre qu’elle constitue une marque particulière, attire l’attention sur une source d’erreur qui diminue quelque peu la précision du résultat de la mensuration.

19. — 4° Amputation totale ou partielle du pied gauche. Il faut distinguer entre l’amputation totale ou partielle.

20. — Si l’amputation est totale, la mensuration du pied gauche figure à sa place habituelle avec l’indication 000 ; un renvoi à la rubrique note mentionne : 1° l’explication de la particularité ; et 2° la longueur du pied droit.

Exemple : Pied g. amputé au-dessus de la cheville ; le droit = 25,4.

21. — On procède de même pour les ablations partielles soit des orteils, soit de toute la partie antérieure du pied, avec cette différence que la longueur du pied gauche figure alors telle que l’a donnée l’instrument.

Il va de soi que, dans les cas de ce genre, la précision rigoureuse des mensurations ordinaires n’aurait plus sa raison d’être. La flexion sur le genou gauche, la pression de l’instrument, etc., ne doivent plus être observées. Souvent la mensuration devra être prise le sujet étant assis.

22. — Si la cicatrisation est récente, toute mensuration, même approximative, doit être ajournée. Un renvoi aux observations donne l’explication de ces cas exceptionnels et couvre la responsabilité de l’opérateur. Il y a là une question de tact et d’humanité sur laquelle il est inutile d’insister.

23. — L’approximation tolérée pour la mensuration du pied est de 1 millimètre en plus, et, dans les cas signalés comme anormaux, de 2 millimètres en moins que le chiffre vrai, ce qui en tenant compte du doublement de l’erreur, peut occasionner une différence de 3 millimètres entre deux mensurations consécutives du même pied.

Des divergences comme cette dernière, sans être des erreurs proprement dites, sont toujours l’indice d’une certaine négligence.

  1. Il est indispensable, pour que ce recul puisse s’effectuer facilement, que la tige de l’instrument soit toujours propre, polie et au besoin légèrement huilée (voir page 9, § 46).