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Identification anthropométrique, instructions signalétiques/51

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VI. — Le globe oculaire et l’orbite (Pl. 48).

85. — Le globe de l’œil, partie fondamentale du sens de la vue, a la forme d’une sphère. Logé dans l’intérieur de la cavité osseuse appelée orbite, il ne montre exactement qu’une partie minime de sa surface à travers une véritable boutonnière formée par les paupières. Plus l’orifice palpébral est grand, plus nous jugeons le volume du globe considérable, et inversement.

86. — En réalité le globe oculaire, examiné le compas à la main, ne présente d’un individu à un autre que des variations de dimension absolument imperceptibles[1]. Les différences individuelles si considérables que nous remarquons sous ce rapport, résultent uniquement de la grandeur de la fente palpèbrale examinée dans le chapitre précédent, combinée avec la plus ou moins forte saillie du globe.

87. — Ce dernier caractère, apprécié par rapport aux pourtours osseux de l’orbite, est exprimé par l’une des deux formules

yeux enfoncés
yeux saillants.

88. — Enfin, on aura quelquefois à prendre note des exagérations, par défaut ou par excès, dans l’intervalle qui sépare un œil de l’autre (Pl. 48, nos 3 et 4). Ce renseignement qui est en relation directe avec le degré d’écartement horizontal de la racine du nez, et qu’il ne faut pas confondre avec la largeur du dos de la racine du nez (Pl. 32, nos 7 et 8), sera signalé au moyen des expressions abrégées

interoculaire petit
interoculaire grand.

89. — Particularités du globe. Mentionnons, sans la définir, la particularité bien connue du strabisme droit ou gauche, convergent ou divergent, vulgo louche de l’œil droit ou gauche (Pl. 48, no 8).

A la position du globe dans l’orbite peut se rattacher aussi la particularité que nous désignons par iris relevé (Ib., no 7), qui est caractérisée par ce fait que le rond de l’œil au lieu d’être recouvert en partie par la paupière inférieure, en est séparé par une bande plus ou moins large de sclérotique (blanc de l’œil). Cette anomalie du regard donne à la physionomie une expression terne bien spéciale.

90. — Orbite. Malgré le rôle considérable joué par cette partie du squelette dans la forme extérieure de toute cette région, on n’aura que bien rarement l’occasion de la mentionner en propre, les variétés de forme qu’elle présente réagissant directement sur l’aspect, soit du globe, soit des paupières ou des sourcils et rentrant plus simplement dans la description de ces parties. Ainsi, par exemple, l’enfoncement de l’œil est forcément exagéré par la proéminence de l’arcade sourcilière qui forme le pourtour supérieur de la cavité orbitaire, ou atténué par l’effacement de cette même arcade. Au point de vue anatomique, les Chinois et les Japonais, connus pour avoir les yeux à fleur de tête, doivent cette particularité caractéristique beaucoup moins à l’avancement de leur globe oculaire qu’au manque de saillie de leur arcade sourcilière.

91. — Le caractère individuel le plus apparent extérieurement présenté par l’orbite se réfère à la hauteur de l’ouverture osseuse, d’où les deux formes

orbites basses
orbites hautes.

92. — Expressions synthétiques. L’orbite excavée (no 9) résulte de la combinaison, chez un même sujet, d’une paupière exceptionnellement rentrante avec un globe oculaire relativement enfoncé. Ce caractère s’observe plus fréquemment chez les personnes âgées et amaigries que chez les adolescents. — L’inverse de l’orbite excavée serait l’orbite pleine ; cette expression pourrait servir à désigner la combinaison d’un globe saillant avec une paupière supérieure plutôt débordante.

La hauteur de l’orbite, en rapport direct avec celle des sourcils et le modelé des paupières, ne devra être mentionnée que lorsque cette partie du visage ajoutera sa note à la physionomie en tant que cavité osseuse, c’est-à-dire qu’en cas d’excavation plus ou moins prononcée de l’orbite.

Ainsi l’expression orbite basse (ou haute) implique une vacuité relative de l’orbite, laquelle ne devra faire l’objet d’une remarque supplémentaire qu’en cas d’exagération de ce dernier caractère, et elle comprend en même temps a fortiori l’abaissement (ou l’élévation) concomitant du sourcil. Inversement les mots : sourcils abaissés (ou élevés) laissent entendre que les autres caractères, hauteur et plénitude de l’orbite, etc., s’écartent peu de la moyenne.

93. — La hauteur plus ou moins grande et le degré de vacuité de l’orbite, la proéminence du globe et l’élévation du sourcil sont en relation directe, quand elles ne déterminent pas absolument le modelé si important de la paupière supérieure.

Néanmoins, conformément aux principes généraux qui servent de guide dans le choix des traits caractéristiques, le rédacteur de signalements ne note parmi les qualificatifs applicables que celui qui lui semble le plus figuratif, sans pousser plus loin l’analyse, sans chercher, de parti pris, à remonter de l’effet à la cause.

  1. Son diamètre transversal, le seul qui nous intéresse, ne varie que de 0m 023 à 0m 025 (Sappey).