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Introduction à la vie dévote (Boulenger)/Cinquième partie/04

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Texte établi par Fernand Boulenger,  (p. 340-342).


CHAPITRE IV

EXAMEN DE L’ÉTAT DE NOTRE AME ENVERS DIEU


1. Quel est votre cœur contre le péché mortel ? Avez-vous une résolution forte à ne le jamais commettre, pour quelque chose qui puisse arriver ? et cette résolution a-t-elle duré dès votre protestation jusques à présent ? En cette résolution consiste le fondement de la vie spirituelle.

2. Quel est votre cœur à l’endroit des commandements de Dieu ? Les trouvez-vous bons, doux, agréables ? Ah ma fille, qui a le goût en bon état et l’estomac sain, il aime les bonnes viandes et rejette les mauvaises.

3. Quel est votre cœur à l’endroit des péchés véniels, On ne saurait se garder d’en faire quelqu’un par-ci par-là ; mais y en a-t-il point auquel vous ayez une spéciale inclination ? et, ce qui serait le pis, y en a-t-il point auquel vous ayez affection et amour ?

4, Quel est votre cœur à l’endroit des exercices spirituels ? Les aimez-vous ? Les estimez-vous ? Vous fâchent-ils point ? En êtes-vous point dégoûtée ? Auquel vous sentez-vous moins ou plus inclinée ? Ouïr la parole de Dieu, la lire, en deviser, méditer, aspirer en Dieu, se confesser, prendre les avis spirituels, s’apprêter à la communion, se communier, restreindre ses affections : qu’y a-t-il en cela qui répugne à votre cœur ? Et si vous trouvez quelque chose à quoi ce cœur ait moins d’inclination, examinez d’où vient ce dégoût, qu’est-ce qui en est la cause.

5. Quel est votre cœur à l’endroit de Dieu même ? Votre cœur se plaît-il à se ressouvenir de Dieu ? En ressent-il point de douceur agréable ? Ah ! dit David, je me suis ressouvenu de Dieu et m’en suis délecté ». Sentez-vous en votre cœur une certaine facilité à l’aimer et un goût particulier à savourer cet amour ? Votre cœur se récrée-t-il point à penser à l’immensité de Dieu, à sa bonté, à sa suavité ? Si le souvenir de Dieu vous arrive emmi les occupations du monde et les vanités, se fait-il point faire place, saisit-il point votre cœur ? vous semble-t-il point que votre cœur se tourne de son côté, et en certaine façon lui va au-devant ? Il y a certes des âmes comme cela. Si le mari d’une femme revient de loin, tout aussitôt que cette femme s’aperçoit de son retour et qu’elle sent sa voix, quoiqu’elle soit embarrassée d’affaires et retenue par quelque violente considération emmi la presse, si est-ce que son cœur n’est pas retenu, mais abandonne les autres pensées pour penser à ce mari venu. Il en prend de même des âmes qui aiment bien Dieu ; quoiqu’elles soient empressées, quand le souvenir de Dieu s’approche d’elles, elles perdent presque contenance à tout le reste, pour l’aise qu’elles ont de voir ce cher souvenir revenu, et c’est un extrêmement bon signe.

6. Quel est votre cœur à l’endroit de Jésus-Christ, Dieu et homme ? Vous plaisez-vous autour de lui ? Les mouches à miel se plaisent autour de leur miel, et les guêpes autour des puanteurs : ainsi les bonnes âmes prennent leur contentement autour de Jésus-Christ et ont une extrême tendreté d’amour en son endroit ; mais les mauvais se plaisent autour des vanités.

7. Quel est votre cœur à l’endroit de Notre Dame, des saints, de votre bon ange ? Les aimez-vous fort ? avez-vous une spéciale confiance en leur bienveillance ? Leurs images, leurs vies, leurs louanges vous plaisent-elles ?

8. Quant à votre langue, comme parlez-vous de Dieu ? Vous plaisez-vous d’en dire du bien selon votre condition et suffisance ? Aimez-vous à chanter les cantiques ?

9. Quant aux œuvres, pensez si vous avez à cœur la gloire extérieure de Dieu et de faire quelque chose à son honneur ; car ceux qui aiment Dieu, aiment avec Dieu, l’ornement de sa maison.

Sauriez-vous remarquer d’avoir quitté quelque affection et renoncé à quelque chose pour Dieu ? car c’est un bon signe d’amour, de se priver de quelque chose en faveur de celui qu’on aime. Qu’avez-vous donc ci-devant quitté pour l’amour de Dieu ?