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Journal (Eugène Delacroix)/15 janvier 1853

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 140-146).

15 janvier. — Pour le tableau espagnol dont j’ai fait une esquisse :

Teinte de petit vert, avec très peu de brun rouge et de blanc, comme teinte locale, sur un frottis de bitume par exemple ;

Ou simplement : petit vert pour l’ombre, sur lequel on met des tons de vermillon et de brun rouge.

Clairs empâtés avec rose, brun rouge, laque et blanc suivant le besoin. — La terre de Cassel et blanc ou la momie et blanc, suivant le besoin, font des tons violets suffisants : sur cette préparation, les tons dessinés avec beau rouge, laque, vermillon très chaud, et sur les saillies, clairs vifs, roses ou jaunâtres.

Pour le berger, dans le même tableau : passé sur les clairs un ton de petit vert, rendu plus foncé avec vert émeraude : ce frottis était du vert pur. Mis le ton chaud, avec vermillon et brun rouge purs.

Les clairs ajoutés ensuite, comme aux autres figures, avec tons chauds empâtés analogues, et uniformément aussi tous les endroits colorés, soit dans l’ombre, soit dans les clairs plus prononcés de rouge, comme le bout de nez, les paupières, les mains, aux articulations surtout, et principalement les doigts, les genoux. — Repiqués d’ombre de terre de Sienne brûlée et laque, avec vermillon ; et clairs sur les parties saillantes ; c’est-à-dire dessiner avec ce rouge de terre de Sienne et laque le contour des oreilles, les narines, etc., et sur les parties saillantes, telles que le bout du nez, les nœuds des mains ; la joue, clairs plus ou moins roses, qui font le luisant et le complément.

Ton vert jaune de reflet dans une chair fraîche, indispensable : Terre d’ombre naturelle, jaune de Naples, jaune de zinc brillant, vert émeraude. — Mêlé avec le ton orange transparent de la palette laque jaune, vermillon, cadmium, il donne un ton rompu charmant, analogue à celui de la partie jaune du ciel d’Apollon, et excellent dans les préparations chaudes pour les clairs.

Le ton vert chou ci-dessus fait bien à côté de vermillon, blanc et laque brûlée ; également à côté de brun rouge et blanc.

Tête de la femme sous les arbres dans l’ombre : ce qui fait le ton violâtre de l’ombre est brun rouge et blanc, et un peu de terre de Cassel plus foncé que le même ton, pour faire ce qu’il y a de plus violet dans le clair ; en un mot, sur le frottis vert, qui est commun au clair comme à l’ombre, mais avec une intensité différente, pour rendre le clair moins participant du ton vert du dessous : brun rouge et blanc. Dans l’ombre sur ce ton vert, pour donner un ton rose, le ton que j’ai dit de brun rouge, blanc et terre de Cassel ; ce ton mêlé à celui de terre d’ombre naturelle, bleu de Prusse et blanc, fait admirablement. Ce mélange du vert et du violet, qui caractérise le passage de l’ombre au clair, dans certaines parties, la joue, les jambes couleur de poisson, etc., etc. Pour faire ce ton d’ombre, quand il est plus jaune sur les parties jaunâtres, mettre le ton de terre d’ombre naturelle, bleu de Prusse et un peu d’ocre jaune, mêlé à plus ou moins de brun rouge et blanc. Le ton de bleu de Prusse, terre naturelle et blanc, magnifique ton d’ombre violette, en y mêlant du vermillon (employé, je crois, si je m’en souviens, entre les jambes de la petite Ariane assise — la seconde) — terre d’ombre et cobalt, au lieu de bleu de Prusse, ferait peut-être aussi bien et serait plus solide ; — ce ton passé sur les parties rouge prononcé qu’on met sur les genoux, etc. — Dans le ton vert, dans l’ombre de l’Espagnol en question, surtout de l’enfant vu de dos sous l’arbre ; — sur ces tons verdâtres, atténuer aussi avec brun rouge, blanc et noir.

Le ton de terre d’ombre naturelle excellent, avec bleu de Prusse, pour les ombres légères verdâtres qui bordent les cheveux, le cou, la partie jaune du bras, du dos, etc. Exemple : Genoux de l’Andromède (vérifier si je n’ai pas voulu dire l’Ariane). — Bord d’ombre des jambes.

Pour faire une ombre moins fade qu’avec le petit vert, quand elle est un accident et non une teinte à plat, la préparer avec terre d’ombre, cobalt, et vert émeraude, et ensuite vermillon. — Entre-deux des jambes : pour ne pas le faire trop rouge, préparer avec terre d’ombre, vert émeraude, cobalt, et passer le vermillon par-dessus ; et, mieux que vermillon, brun rouge qui fait moins ardent ; ce ton est le plus sanguine possible pour une ombre intense, réunissant merveilleusement le vert et le violet ; mais il est indispensable de passer l’un après l’autre, et non pas de les mêler sur la palette. Le ton de terre d’ombre naturelle, blanc et bleu de Prusse foncé avec brun rouge, magnifique ton d’ombre de chair vigoureuse. Les mettre à côté l’un de l’autre sur la palette ; — fait également une demi-teinte locale de chair. — Le vert chou jaune : terre d’ombre naturelle, jaune de Naples, jaune de zinc, vert émeraude, avec brun rouge et blanc, très belle localité de chair (jambe de Talma).

Ton jaune vert, qui règne dans la copie du plafond d’Apollon, le ton clair de terre d’ombre naturelle, bleu de Prusse et blanc avec ocre jaune. — Excellent frottis pour préparer des chairs fraîches comme la cuisse de Junon et son pied : Ton orangé de laque jaune, vermillon, cadmium avec laque rouge et blanc, mais assez foncé, pour faire une opposition prononcée ; les mettre à côté l’un de l’autre. Jaune de zinc et noir plus ou moins foncé : beau vert rompu.

Tons très fins, analogues du ton jaune du ciel de l’Apollon, propres à placer sur une chair dans le clair comme préparation d’un ton d’ombre, vert chou et le ton orangé transparent.

Autre : Sienne naturelle, vert émeraude, jaune de zinc. Fait ainsi, il est un peu chaud et cru ; on le tempère avec le vert chou.

Ton gris violet très joli : Vert chou avec laque et blanc foncé.

Ton d’or clair : Ocre jaune, jaune de Naples. Autre demi-teinte plaquée d’or : Terre d’Italie seule (fauteuil de Talma).

Ton important de laque rouge et blanc foncé, à côté du même ton dans lequel on ajoute de la laque brûlée ; mettre l’un et l’autre à côté de jaune indien.

— Ton de jaune indien, Sienne et vert émeraude : opposition toute prête du jaune et du vert au violet.

Laque jaune et jaune de zinc, important.

Main gauche de Talma : Préparée avec des tons très roux et non encore rompus. Sur cette préparation, sèche depuis quelque temps, passé une demi-pâte très transparente avec brun rouge et blanc, et terre d’ombre naturelle, bleu de Prusse et blanc… a donné tout de suite une demi-teinte de chair d’une grande finesse. Les ombres chaudes étant placées et les saillies du clair avec des tons convenables, l’effet était complet. (Pourrait s’appliquer avec succès à toute préparation faite à la Titien avec ton de Sienne ou brun rouge, etc., comme, par exemple, était celle de la petite Andromède.)

Localité de la main appuyée par terre de la femme qui essuie le sang de saint Étienne : ton demi-teinte de terre de Cassel, blanc avec vermillon et laque. Le moindre ton vert {cobalt et émeraude, par exemple) et orangé donne un brillant magnifique, au-dessus peut-être de celui du Sardanapale, qui était analogue, à cause des tons verts ajoutés.

Coulé pour la chair — très fin : le ton de laque jaune et jaune de zinc avec laque rouge dorée.

Le charmant jaune paille (demi-teinte) : Ocre jaune, terre de Cassel, blanc avec pointe de vert émeraude et zinc, et peut être sali avec pointe de laque rouge. A côté de beau vermillon et laque rouge, — mêlés ensemble modérément : tons sanguine très beaux.

Autre ton sanguine plus verdâtre : bon coulé, préparation, etc. A côté du ton beau vermillon clair et laque, ton d’ocre jaune et petit vert. — Ces tons très fins seraient d’ailleurs glacés (non essayé) pour remonter du ton des chairs déjà avancées, mais un peu trop blanches.

Beau brun : jaune de Mars et brun de Florence ; mettre à côté de la masse des tons verts verdâtres, vert chaud, vert chou, et le ton de terre de Cassel, blanc et laque.

Ton bois violâtre : brun de Florence, blanc avec ocre de ru et une pointe de noir ou autre, pour salir un peu.

— Demi-teinte de cheveux blonds : jaune paille un peu sombre avec brun rouge et blanc sombre ; aussi ajouter jaune indien ou ton de terre de Sienne et vert émeraude. Ajouter laque et vermillon clair au ton orangé transparent.

— Beau brun jaune vert : Vert émeraude, terre d’Italie naturelle ; en y ajoutant du vermillon, il devient sanguine, sans être rouge.

Vermillon, laque brûlée, blanc, à côté de celui-ci, qui est un peu foncé ; faire le même plus clair, mais avec très peu de laque brûlée et plus de laque et vermillon.

Avec ce dernier et vert émeraude, est fait le ton des montagnes les plus lointaines dans le Saint Sébastien.

Le clair du chemin et des montagnes plus rapprochées avec le petit vert et l’orangé de cadmium, blanc et vermillon.

Brun de Florence et blanc mêlé à l’orangé de zinc ; les mettre à côté l’un de l’autre.