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Journal (Eugène Delacroix)/24 mars 1832

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 174-175).

Samedi 24. — Sorti pour aller à la juiverie. Homme en cafetan rouge dans le marché qui y conduit. Autre marchand de friture. Le portier de la juiverie en rouge.

Entré chez l’ami d’Abraham. Juifs sur les terrasses se détachant sur un ciel légèrement nuageux et azuré à la Paul Véronèse. — La jeune petite femme est entrée, a baisé les mains à nous tous. Les Maures mangeaient. Table peinte.

Le jeu des Juifs chez la mariée ; l’un d’eux était au milieu, un pied sur une vieille pantoufle et allongeant des coups de pied à ceux qu’il pouvait atteindre et qui lui donnaient d’affreux coups de poing.

On laisse, hiver comme été, les chevaux du roi en plein air ; seulement, pendant une quarantaine de jours des plus rigoureux, on leur met une couverture.

Muchtar, à qui on avait envoyé parmi ses présents une pièce de casimir blanc, en a envoyé hier chercher encore une aune, parce qu’il a compté sur deux habits.

L’empereur se fait apporter les présents destinés à ses ministres et choisit ce qui est à sa convenance.

Le 30, l’empereur nous a envoyé des musiciens juifs de Mogador[1]. C’est tout ce qu’il y a de mieux dans l’empire ; Abou est venu les entendre. Il a pris un petit papier dans son turban pour écrire nos noms. Mon nom ne lui a pas donné peu de peine à prononcer.

Cimetière juif.

Abraham nous disait que les maçons élevaient en général les murs sans cordeau entièrement d’instinct ; que tel ouvrier était incapable de refaire une chose qu’il avait faite avant.

  1. Tableau exposé au Salon de 1847.