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Journal (Eugène Delacroix)/27 juin 1854

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 380-381).

27 juin. — Dîné chez Riesener avec Vieillard. — Presque achevé, dans la journée, le Cavalier arabe et le Tigre de Weill. Arnoux[1] venu dans la journée. Il me parle du projet d’exposition de Delamarre[2]. Il dit que le Massacre[3] n’a pas gagné au dévernissage, et je suis presque de son avis, sans avoir vu. Le tableau aura perdu la transparence des ombres comme ils ont fait avec le Véronèse et comme il est presque immanquable que cela arrive toujours. Haro dit qu’il dévernit en lavant et non en frottant au doigt. S’il faisait cela, il aurait vaincu une grande difficulté. En attendant, il m’a gâté les portraits de mes deux frères enfants, par l’oncle Riesener.

  1. Arnoux, critique d’art qui allait écrire dans la Patrie, après l’Exposition universelle de 1855, cette page enthousiaste : « Le voilà qui triomphe enfin, l’éternel lutteur, le grand discuté ! Il a fallu que le jury des nations vînt nous dire que, lui aussi, il était de la famille des Artistes-Rois. Regardez ses œuvres qui étincellent. » (La Patrie, 16 novembre 1855.)
  2. Delamarre, journaliste et député (1796-1870). Il était devenu en 1844 propriétaire de la Patrie. Le journal prit sous sa direction un grand essor et devint le centre d’une série d’opérations économiques et financières auxquelles doit se rattacher probablement le projet d’exposition dont parle ici Delacroix.
  3. Massacre de Scio.