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Journal (Eugène Delacroix)/27 novembre 1852

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 134-135).

Samedi 27 novembre. — Il est décidé que mes plafonds et peintures[1] vont être couverts de papier et la salle livrée au public : j’en suis enchanté. J’aurai le temps d’y revenir à loisir.

Je viens d’examiner tous les croquis qui m’ont servi à faire ce travail. Combien y en a-t-il qui m’ont grandement satisfait au commencement, et qui me paraissent faibles ou insuffisants, ou mal ordonnés, depuis que les peintures ont avancé ! Je ne puis assez me dire qu’il faut beaucoup de travail pour amener un ouvrage au degré d’impression dont il est susceptible. Plus je le reverrai, plus il gagnera du côté de l’expression… Que la touche disparaisse, que la prestesse de l’exécution ne soit plus le mérite principal, il n’y a nul doute à cela ; et encore combien de fois n’arrive-t-il pas qu’après ce travail obstiné, qui a retourné la pensée dans tous les sens, la main obéit plus vite et plus sûrement pour donner aux dernières touches la légèreté nécessaire !

  1. La décoration du Salon de la Paix, à l’Hôtel de ville, se composait de : 1° un plafond circulaire, 2° huit caissons, 3° onze tympans. Le sujet du plafond était : La Paix consolant les hommes et ramenant l’abondance. Ceux des caissons et des tympans étaient des sujets se référant à la mythologie antique : Vénus, Bacchus couché sous une treille, Mars enchaîné, Mercure, dieu du commerce, La Muse Clio, Neptune apaisant les flots, etc.