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Journal (Eugène Delacroix)/31 mai 1853

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 215-216).

Mardi 31 mai. — Pluie toute la journée ou brouillard. Je n’ai pas quitté ma chambre et m’en suis tiré en travaillant à l’article : j’ai écrit ou copié beaucoup.

Après dîner, continuation de la même disposition ; ce paysage tout embaumé, pendant que je me promenais en long, en large, dans le logement, tout plein d’idées et de bonnes dispositions, me ravissait chaque fois que je tournais la tête pour le regarder… Quelques fables de La Fontaine m’ont enchanté.

Sorti, qu’il faisait encore soir, et promené sur la route de Soisy, dans le même état d’esprit. Le brouillard et le temps mauvais ne font rien pour la tristesse de l’esprit ; c’est quand il fait nuit dans notre âme que tout nous paraît ou lugubre ou insupportable, et il ne suffit pas d’être libre de vrais sujets de tristesse ; il suffit de l’état de la santé pour tout changer… L’infâme digestion est le grand arbitre de nos sentiments.