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Journal (Eugène Delacroix)/9 octobre 1852

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 124).

Samedi 9 octobre. — Je disais à Andrieu qu’on n’est maître que quand on met aux choses la patience qu’elles comportent. Le jeune homme compromet tout en se jetant à tort et à travers sur son tableau.

Pour peindre, il faut de la maturité ; je lui disais, en retouchant la Vénus, que les natures jeunes avaient quelque chose de tremblé, de vague, de brouillé. L’âge prononce les plans. Dans l’exécution des maîtres, des différences qui en amènent dans le genre d’effet. Celle de Rubens, qui est formelle, sans mystères, comme Corrège et Titien, vieillit toujours, donne l’air plus vieux : ses nymphes sont de belles gaillardes de quarante-cinq ans ; dans ses enfants, presque toujours le même inconvénient.