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Lèvres de Velours (D. E.,)/13

La bibliothèque libre.
Sous les Galeries du Palais-Royal, Chez la petite Lolotte (p. 160-166).
Chapitre XIII

Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre
Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre

CHAPITRE XIII


PLAISANTS ET TOUCHANTS ADIEUX


Le jour fixé pour le retour à Paris arrivait à grands pas. Mercédès reprise d’une recrudescence de passion pour la blondinette Cécile qui la payait bien de retour et qui était bien décidément toujours le tendron le plus appétissant qu’on pût rêver, prodiguait ses faveurs à la tendre mignonne. Elle accueillait toujours aussi gracieusement les charmantes visiteuses, mais elle s’arrangeait de façon à les combler, tout en gardant ses feux pour la nuit qu’elle passait depuis quelque temps entre Cécile et moi, prenant le plus grand plaisir à faire et à voir jouir la mignonne dans toutes les postures. Les deux Parisiennes, dont le séjour à Séville ne pouvait pas se prolonger, étaient reparties après des adieux touchants, réconfortées par l’espoir de nous revoir bientôt à Paris. La princesse russe, que rien n’appelait ailleurs, resta avec nous.

La veille de notre départ, Miss Pirouett et les deux Andalouses arrivèrent le soir à l’heure ordinaire, les deux amies un peu tristes de notre séparation prochaine. Miss Pirouett, gaie comme d’habitude, avait d’ailleurs la certitude de nous retrouver très prochainement à Paris, où l’appelait un brillant engagement. Conchita et Dolorès auraient volontiers passé toute la soirée à larmoyer, si la joyeuse ballerine n’avait pas égayé la société par son entrain irrésistible. Elle veut d’abord apprendre aux deux nobles dames à marcher sur les mains, et à se tenir sur la tête ; aussitôt, mettant à exécution la folle idée qui lui était venue, aidée de Lola, elle renverse Conchita, et l’oblige à marcher sur les mains, la tenant par les jambes, les jupes renversées, découvrant une partie de ses appas. La promenade ne fut pas longue, la danseuse fait signe à Mina et à Lison de venir la remplacer aux jambes, et tandis que Conchita reste sur la tête ainsi maintenue, Lola et Miss Pirouett s’agenouillent devant les deux bijoux découverts, et les fêtent à l’envie. Puis ce fut le tour de Dolorès de prendre une leçon d’équilibre, sous les yeux réjouis de Conchita, qui riait comme une petite folle de voir gigoter les jambes de son amie au-dessus des têtes des deux gougnottes, qui la gamahuchaient à qui mieux mieux. La princesse voulût goûter à son tour la volupté dans cette plaisante posture. Chacune convint que cette façon un peu fatigante de jouir, ne manquait pas de piquant.

On ne se déshabilla pas ce soir-là, et ce ne fut, pendant toute la soirée, que des apparitions subites et rapides de charmes découverts, de disparitions sous les jupes, de pratiques mystérieuses dans l’ombre et dans la nuit, pratiques dont les deux amies et Miss Pirouett étaient le plus souvent. À un moment donné, j’étais resté tranquille spectateur, enfoncé dans un large fauteuil, je fermai les yeux ; quand je les rouvris devant moi Miss Pirouett, Conchita et Dolorès debout dans cet ordre et se donnant la main étaient seules dans la chambre. On les aurait prises pour trois statues habillées, sans la respiration qui soulevait doucement leurs gorges. Les six gougnottes avaient disparu sous les jupes deux à deux, l’une devant, l’autre derrière, et chacune dans son coin priait sur l’autel qui lui était dévolu, sans que rien parût de ce qui se passait derrière les voiles. Sur le visage des gamahuchées, rien ne trahissait encore la plus légère émotion ; mais bientôt les lèvres s’entrouvrent, les narines respirent plus vite, les gorges se soulèvent plus gonflées, plus agitées, les paupières battent, et tout à coup, comme sous la commotion d’une étincelle électrique, elles tremblent de tout leur corps, se secouent véhémentement, ployent sur les genoux et s’affaissent pantelantes, en roucoulant comme des colombes.

Chacune veut recevoir mes adieux. Conchita d’abord. Dolorès ensuite ; après une reprise, l’une debout, l’autre en levrette, reçurent mes hommages, pendant que toutes les lèvres inoccupées fourrageaient les charmes cachés qu’elles allaient dénicher dans les combles fripant sans pitié les dentelles sous leurs mains impatientes. Après un repos indispensable, maître Jacques redevenu superbe, grâce aux suaves caresses que lui prodiguent toutes ces lèvres en feu, adresse ses adieux à Miss Pirouett. Celle-ci fait étendre Lola et Lison sur le tapis, couchées sur le ventre ; puis relevant les jupes et la chemise, elle écarte la fente du pantalon, et s’agenouille sur les deux mappemondes voisines, un genou entre chaque paire de fesses, au milieu de la raie, enfoncé dans ces moelleux coussins d’une nouvelle espèce. Puis relevant ses jupes par-dessus ses reins, et s’accroupissant pour me présenter son gros derrière elle veut que j’attaque la place d’armes. Je me rends à ses désirs, et aidé par la patiente, qui m’ouvre une issue du bout des doigts, j’entre bientôt dans le réduit. Dès que je suis logé, Sophie se glisse sous les jupes par devant, et vient offrir au clitoris le velours de sa douce langue, Mercédès lui pigeonne le bec ; Cécile, qui a dégrafé le corsage, caresse dans leur nid de dentelles les jolies pommes d’amour, des lèvres et de la main ; Mina plonge à son tour dans le corsage, pendant que je fouille le canal dans toute sa longueur, donnant de violents coups de reins, qui poussent en avant le cul que je pénètre ; les genoux de l’empalée s’incrustent dans les chairs qu’ils tassent à chaque poussée. Les deux Andalouses, après avoir savouré le tableau en simples spectatrices voulant se rendre utiles, viennent s’agenouiller derrière moi, pelotant mes rouleaux et me tapotant les fesses, ce qui m’oblige à inonder sans retard l’étroit réduit qui se rétrécit encore, car la mignonne se tord en même temps dans mes bras.

Après les plus tendres adieux, pendant lesquels on répéta les plus aimables scènes, on se sépara, sans trop de regret ; les deux Sévillannes avaient pris la résolution de venir nous voir à Paris, pendant l’Exposition qui allait s’ouvrir prochainement. Quant à Miss Pirouett, elle viendra nous surprendre avant quinze jours.



Lèvres de Velours, vignette fin de chapitre
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