Aller au contenu

Légendes bruxelloises/Épilogue

La bibliothèque libre.
Légendes bruxelloises (1903)
J. Lebègue & Cie (p. 245-246).

Épilogue

O légendes d’antan, lugubres ou joyeuses, touchantes ou terribles, Vous qui, transmises par les générations disparues, avez pour la plupart traversé les âges, conservées dans l’esprit populaire comme souvenirs précieux en un reliquaire d’or ;

O histoires de jadis, que l’on aime à ouïr, le soir, dans les veillées familiales, tomber des lèvres pâlies des aïeules bien-aimées ;

Vous qui, frissonnantes ou rieuses, évoquant les siècles morts, faites défiler devant nos esprits inquiets les héros et les traîtres, ceux que nos pères ont respectés et ceux qu’ils ont haïs ; les grands et les humbles, ceux qui dominèrent leur époque et ceux qui passèrent, emportant jusqu’à leur nom ;

Vous qui planez sur la vieille cité brabançonne, comme sylphes légers par les belles nuits sereines, faisant lever de leurs tombes un peuple ailé de fantômes blancs ;

Vous qui faites revivre les époques lointaines, les joies et les douleurs, les amours et les haines, les gloires et les désastres, les jours de deuils et d'espoirs ;

Vous par qui renaissent les dévouements et les trahisons de nos pères ;

O vivez à jamais dans la mémoire du peuple ;

Que les vieux Vous redisent aux jeunes et les grands aux petits ; que dans les siècles qui vont venir, Votre souvenir reste gravé dans l’esprit de la nation, aimé et respecté, comme doivent l’être les restes des civilisations éteintes ;

Et que ceux qui viendront après nous y puisent les grandes leçons que l’Histoire et la Légende réservent à ceux qui savent les comprendre.