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Légendes bruxelloises/Légende de l'Homme à la verge rouge

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Légendes bruxelloises (1903)
J. Lebègue & Cie (p. 179-195).

Légende de l'Homme à la verge rouge


I

Le duc d'Albe

Aveugle serviteur d'un maître impitoyable ; appliquant sans hésitation les ordres trop souvent sanguinaires du roi, les dépassant même ; plus terrible en son calme que d'autres en leur colère ; plus effroyable en ses emportements que les éléments déchaînés ; implacable dans ses vengeances ; se souciant peu du sang versé ; vouant au feu des bûchers ceux qui pensaient autrement que lui ; livrant au glaive du bourreau l’élite de la noblesse ; citant devant le Bloedraed les présents, les absents, les vivants, les morts même ; ne s’inquiétant ni du rang, ni de la richesse de ses victimes ; confisquant leurs biens, rasant leurs demeures, insensible aux cris, aux larmes, aux supplications des femmes et des enfants ; faisant brûler la langue à ceux qui avaient médit de lui malgré sa défense, avant de les céder aux flammes qui devaient les dévorer tout vivants ; ignorant du caractère de nos ancêtres ; méconnaissant les anciens privilèges des bonnes villes et les franchises de leurs habitants ; levant des impôts injustes malgré les réclamations des magistrats ; pillant les villes, ruinant et dépeuplant le pays, couvrant de débris une contrée riche, prospère, heureuse, que jalousaient les souverains étrangers ; étendant comme un voile rouge et noir sur notre patrie en deuil ; tuant, torturant, pendant, brûlant, pillant, saccageant, au nom d’un Dieu de paix et de bonté ; accomplissant sa sinistre besogne sans qu’un remords effleurât son cœur, sans qu’un sanglot lui montât aux lèvres, sans qu’un frisson lui parcourût les membres, tel fut Ferdinand Alvarez de Tolède, duc d’Albe, marquis de Coria, gouvernant les provinces héréditaires des Pays-Bas pour Sa Majesté Philippe II, roi catholique d’Espagne. Grand capitaine, rompu aux difficultés de la guerre, à la tactique des combats, aux fatigues des batailles ; bon soldat, dur pour lui-même comme pour les autres ; mais altier, méprisant, se drapant dans un immense orgueil ; exigeant l’obéissance immédiate et complète ; traitant d’ennemis ceux qui n’étaient pas à ses côtés ; presque chevaleresque sur le champ de bataille, impitoyable dans sa politique ; cachant ses projets, marchant droit au but sans hésitation, sans que rien l’arrêtât ou le fît dévier de sa route ; n’admettant d’autre règle de gouvernement que la force, d’autre moyen de dominer que la terreur, d’autre façon de vaincre la rébellion que la répression violente ; d’une cruauté froide qui épouvante, d’un calme dans la vengeance qui effraye, d’un sang-froid dans l’action qui stupéfie, jamais le caractère espagnol ne fut mieux personnifié que dans le duc d’Albe.

Quelle excuse a-t-il à alléguer pour expliquer les bûchers éclairant les places publiques de leur farouche lueur, les potences dressées dans les villes et sur les grands chemins, les échafauds ruisselant de sang, les prisons regorgeant de malheureux, les instruments prêts pour la torture, les ruines dont il couvrit notre sol ?

Quand sonna l’heure de son départ, il s’en alla chargé des trésors et des malédictions des Belges. On dit que son maître, Philippe II, rit une seule fois dans sa vie[1]. Albe ne rit jamais.

Mais il pleura.

Il pleura le jour où, d’une maison de la Grand’Place, il assista à l’exécution des comtes d’Egmont et de Hornes et vit tomber leurs têtes. Larmes de quoi ? De tristesse, de douleur, de regret, de remords ? De joie peut-être…

…Cet homme fut un jour béni en Belgique…

II

Jean Spelleken

Albe avait des collaborateurs. Accomplir seul la vaste, mais sinistre tâche qu’il s’était donnée, lui eût été impossible.

Parmi ceux qui l’aidèrent à répandre le sang de nos pères, il en est dont le nom doit être connu et retenu, comme l’on connaît et retient le nom de certaines plantes dont le fruit donne la mort.

On sait qu’aussitôt après le départ de Marguerite de Parme (30 décembre 1567), Albe, méconnaissant les franchises des villes et des provinces, créa un tribunal extraordinaire chargé de juger les crimes religieux et les crimes d’État commis en Belgique.

La plupart des Belges qu’il avait nommés pour en faire partie refusèrent énergiquement de siéger. Tels furent le comte d’Arenberg, le comte de Berlaimont, Noircarmes, le chancelier de Gueldre, les présidents de Flandre et d’Artois. Seuls, Jacques Hessels et Jean de la Porte, membres du conseil de Flandre, Louis Delrio, docteur en théologie, Jean Vargas, Jean Dubois, procureur général, et Simon de la Torre, greffier, acceptèrent de remplir la triste mission qu’Albe leur avait déléguée.

Ce tribunal prit le titre, qu’on croirait lui avoir été donné par ironie, de Conseil de Justice et de Vérité.

Rien ne fut plus trompeur que ce titre. La Justice ? Bannie ! La Vérité ? Absente ! De riches seigneurs, des bourgeois opulents, les prédicateurs de la Réforme, les adhérents à la nouvelle religion, les signataires du Compromis des Nobles, en un mot des malheureux de tout âge, de tout rang, furent cités devant ce conseil. Rien n’était épargné pour faire parler ceux qu’on y torturait. La souffrance arrachait les aveux et les moins coupables, les innocents même étaient condamnés.

Le Conseil de Justice et de Vérité reçut des Espagnols le nom de Consejo de las Altercationes, « Conseil des Troubles ».

Les Belges lui donnèrent son véritable nom, celui sous lequel il est connu dans notre pays, qui montre les excès que commirent les juges et la terreur dans laquelle il plongea la patrie : Bloedraed, « Conseil de sang. »

Mais comme s’il n’eût pas suffi à Albe de posséder des créatures sanguinaires pareilles à Delrio et Vargas, d’autres, ouvertement protégés par le gouverneur, se chargeaient d’achever la besogne que les premiers avaient commencée et de la compléter au besoin.

Le plus célèbre, le plus exécré de ces hommes qui ne reculèrent devant rien pour assouvir les vengeances du duc et les leurs, fut Jean Grouwels ou Groels, dit Spel ou Spelleken, grand prévôt de la cour, ou exécuteur général des causes criminelles, appelé aussi Verge-Rouge, à cause du bâton rouge qu’il portait comme insigne de ses fonctions.

Jamais homme ne posséda à un plus haut degré la méchanceté, la dureté de cœur, l’insensibilité devant la souffrance, la joie devant le malheur d’autrui, l’esprit de vengeance et de trahison. Il promettait de favoriser l’évasion des malheureux moyennant payement d’une forte somme d’argent, recevait l’or et envoyait le condamné à l’échafaud ou au bûcher. Il faisait mourir des innocents, volait, rançonnait, pillait, sans qu’on osât murmurer. Et aujourd’hui encore, il semble que son nom n’est pas entièrement oublié par le peuple et que son souvenir maudit fait encore frissonner ceux qui l’entendent prononcer.

Cet homme devait recevoir un jour la punition de ses crimes.

III

Légende de l’homme à la verge rouge

Un matin du mois de février 1570, trois hommes, venant de Malines, cheminaient sur la route qui conduit de cette ville à Vilvorde.

C’étaient des chaudronniers (Koperslagers) qui, chargés de leur lourde marchandise, se rendaient pour affaires dans cette dernière localité.

Tout en causant, ils hâtaient le pas autant que leur fardeau le permettait, car le froid était vif.

Ils se trouvaient encore à trois quarts d’heure environ de Vilvorde, quand ils aperçurent devant eux un homme dont la démarche craintive, la mine singulière attirèrent leur attention.

Il était vêtu de noir et ses habits râpés ne semblaient pas indiquer qu’il occupât de hautes fonctions sociales. Tout en marchant, il jetait à droite et à gauche des regards obliques. Il était armé d’un lourd bâton et d’un long couteau de chasse. Un bonnet usé couvrait sa tête ; sa figure était d’une laideur fort grande.

Les chaudronniers crurent reconnaître en lui un de ces farouches prédicateurs protestants qui sillonnaient le pays et qui, avec tant de courage, portaient partout l’évangile de la foi nouvelle. Comme ils étaient bons catholiques, ils se signèrent en l’approchant et le saluèrent.

L’inconnu ne leur rendit pas leur salut. Ils se regardèrent et sourirent, cette fierté ne leur paraissant pas être de mise chez un homme d’apparence si peu respectable.

Comme ils étaient pesamment chargés et déjà harassés de fatigue, ils le prièrent de prendre sa part de leur fardeau. L’inconnu hésita, faisant mine de refuser ; puis, craignant sans doute que les chaudronniers ne lui fissent un mauvais parti, il se ravisa et accepta. Ensuite, il entra en propos :

— Sans doute, dit-il aux marchands, vous êtes de ces porteurs de libelles qui vendez aux bonnes gens des campagnes des écrits secrets contre Alvarez ?

Car vous saurez qu’en ce temps, bien que le duc d’Albe eût défendu la chose sous peine de mort, on importait d’Angleterre et d’Allemagne des pamphlets pour propager la Réforme et des brochures attaquant le gouverneur, que distribuaient ou vendaient secrètement des colporteurs parcourant le pays. Or, non seulement la vente ou l’achat de ces écrits étaient défendus, mais encore la lecture enétait prohibée.

Donc, répondirent nos chaudronniers :

— Non pas. Nous sommes connus dans le pays pour construire et vendre des chaudrons. Rien de plus.

L’homme à l’habit noir continua :

— Ce ne serait que justice que vous vous en prissiez au gouverneur. Cet homme… mais ce n’est pas un homme !… ce monstre fait régner la terreur ici et il mériterait qu’on le brûlât en lieu et place de ces malheureux qu’il condamne à mort.

Ces propos et d’autres encore confirmèrent nos marchands de casseroles dans leur opinion que l’inconnu était un hérétique ; et, pour ne pas le contrarier puisqu’il les aidait à porter leur fardeau, ils abondèrent dans son sens. Mais à chaque mot qu’ils prononçaient en attaquant les mesures prises par le duc d’Albe, on eût pu voir une fugitive lueur de triomphe passer dans les yeux de l’inconnu…

Ils arrivèrent ensemble à Vilvorde.

Là, dirent nos chaudronniers :

— Ne nous quittez pas. Vous nous avez secourus. nous de vous en remercier, en offrant à boire. Acceptez ! Ils entrèrent, suivi de l’homme noir, dans un cabaret situé sur la place vis-à-vis de la prison.

Et tandis qu’on apprêtait le repas et que nos hommes rangeaient leurs marchandises, l’inconnu disparut.

Il rentra bientôt, sans qu’on se fût aperçu de son absence, mangea et but comme les autres.

Un quart d’heure s’était à peine écoulé, que l’un des chaudronniers — leur table se trouvait mise près de la fenêtre, — s'écria :

— Oh ! oh ! qui va-t-on pendre ici ?

Et il désigna du doigt, à ses compagnons, trois potences qu’on érigeait sur la place.

— Assurément, ce n’est pas nous, puisque nous sommes quatre ! dit l’homme noir en éclatant de rire.

— Pas un jour ne se passe sans qu’un pareil spectacle nous soit offert, reprit le second chaudronnier.

— On s’en passerait volontiers pourtant, répliqua le troisième.

— C’est ce maudit Spelleken sans doute qui, se trouvant à Vilvorde, aura voulu y laisser une nouvelle trace de son passage.

— En tout cas, nous sommes admirablement bien placés pour voir l’exécution.

— Oui, nous ne pourrions avoir une meilleure place, dit encore l’homme noir, avec une singulière intonation. — Tiens, reprit soudain le premier chaudronnier, voilà qu’on abat deux potences.

— En effet, dirent les autres.

À ce moment, deux archers se présentèrent à la porte en demandant Jean Spelleken, « au nom du très illustre seigneur le duc d’Albe ».

L’homme noir pâlit. Puis, se levant, il se dirigea vers la porte.

— Jean Spelleken ! s’écrièrent les chaudronniers.

C’était lui. C’était ce bourreau qui, se rendant à Vilvorde, avait caché son identité aux chaudronniers et espérait les faire pendre à cause des propos qu’ils avaient tenus.

Cependant la scène avait changé. Depuis longtemps, le peuple murmurait contre la véritable tyrannie qu’exerçait Jean Grouwels. Le duc d’Albe, de son côté, comprenant qu’il était nécessaire de faire des concessions à l’opinion publique, était décidé à se passer de l’aide de son séide. Se trouvant à Vilvorde, il avait appris le sort que Spelleken, de sa propre autorité, réservait aux trois chaudronniers dont tout le monde répondait dans les environs et qui, du reste, ignoraient toujours ce qui se passait. Le duc résolut d’en finir immédiatement et donna ordre de pendre… Spelleken.

Ce fut un singulier coup de théâtre.

L’homme à la verge rouge fut jugé, condamné et quelques minutes après son corps se balançait au bout de la corde. Le peuple applaudit.

En outre, tout le monde remarqua que ses cheveux qui étaient roux, devinrent au même instant noirs comme les plumes de corbeau.

Nos trois amis apprirent bientôt le péril auquel ils avaient miraculeusement échappé et rendirent grâce au duc d’Albe de ce qu’il avait fait.

C’est la seule fois, dit-on, que ce dernier fut béni en Belgique.

IV

Spellekenstraet en Spellekens huys

La légende est ici en contradiction formelle avec l’histoire.

Nous venons de dire l’une, voici l’autre.

Oui, le mécontentement était général. Le pays pleurait ses morts. Les libertés des bourgeois méprisées ; les impôts nombreux, injustes, levés malgré l’opposition de tous ; les bûchers et les échafauds en permanence ; les tortures atroces auxquelles on soumettait les innocents mêmes ; la délation au lieu de la justice : tels étaient les fruits du régime d’alors. Les villes étaient en deuil : à Bruxelles, le tir à l’oiseau fut supprimé à la demande des doyens des serments (13 avril 1570) ; ceux-ci décidèrent en outre d’assister à l’Ommegang en robe, non en armes (2 mai 1570). Enfin, la peste éclata. Pendant plusieurs années, cette terrible maladie resta en permanence dans notre ville. En 1572, elle atteignit son plus haut degré d’intensité.

Oui, le mécontentement était général. On se plaignait, non seulement des mesures despotiques prises par le gouverneur, mais de la façon d’agir des soldats espagnols qui se considéraient comme en pays conquis, mais encore et surtout de la conduite des suppôts du duc. Vargas, Delrio étaient l’objet de la haine publique. Jean Grouwels causait le plus d’horreur. Dans l’espace de deux années, ce misérable avait fait exécuter trois mille trois cent soixante-treize (3,373) personnes.

Déjà, le 3 avril 1568, le magistrat de Bruxelles avait adressé une requête « dans laquelle il se plaignait des arrestations opérées par Grouwels au mépris de sa juridiction ».

Albe comprit qu’il était nécessaire de sacrifier ce monstre, son plus vil instrument.

Il le fit arrêter, dit un contemporain, pour avoir « fait condamner et exécuter souventefois des innocents au lieu des coulpables, changant en sentences ou accusations les noms des bons en ceux des meschants garnemens qu’il vouloit relascher. Item d’avoir prins par plusieurs fois des deniers, sous promesse de relascher l’un ou l’autre, que néanmoins il faisoit tuer après, sans restituer aux amis et parens l’argent qu’il en avoit receu… »

Son lieutenant et son clerc furent aussi arrêtés et incarcérés avec lui à la Steenpoort[2]. Le Conseil de Brabant condamna Spelleken à être pendu.

L’exécution eut lieu le 11 février 1570 aux Bailles de la Cour[3]. Spelleken, qui portait « sa sentence escrite dans un papier et attachée d’épingles à sa poitrine », montra beaucoup de courage. Il se lança lui-même dans le vide après avoir vu ses deux complices « fouettés dessous le gibet ». Ceux-ci furent ensuite envoyés aux galères et, le 16 du même mois, sa servante fut fustigée, condamnée à baiser la potence, puis bannie.

Pour les Espagnols, Spelleken fut une victime. Ils assistèrent en grand nombre, un cierge allumé à la main, à son enterrement qui eut lieu dans l’église des Dominicains.

Celle-ci se trouvait rue de l’Écuyer, en face de la rue des Dominicains actuelle, et couvrait de ses bâtiments une grande partie de la place de la Monnaie.

Ces religieux se vantaient plus tard de posséder les restes de Spelleken. Il n’y avait pourtant pas là de quoi s’enorgueillir…

Jean Grouwels, dit Spelleken, habitait près de la porte de Louvain, dans une rue primitivement appelée rue du Chêne, puis le lieu aux Créquillons ou Krieckelryestraet, et qui depuis reçut le nom de Spellekenstraet. Elle allait de la rue de Pachéco à la rue de Notre-Dame-aux-Neiges. On l’appela plus tard, par suite d’une traduction ridicule, rue des Epingles, comme la Piermansstraet est devenue la rue des Vers. Lorsque la rue Royale fut continuée jusqu’à la porte de Schaerbeek, la Spellekenstraet fut pour ainsi dire coupée en deux. Le tronçon qui va de la rue Royale à l’ancien Hospice de Saint-Job de Pacheco, sur l’emplacement duquel est bâti l’hôpital Saint-Jean, porte aujourd’hui le nom de rue Vésale. L’autre tronçon est actuellement la rue du Gouvernement-Provisoire. L’aspect en a du reste complètement changé.

Or, c’est au coin de la rue du Gouvernement-Provisoire et de la rue Royale que se trouvait bâtie la Spellekens huys, maison qu’habitait Jean Grouwels. Les Prêtres de l’Oratoire s’y établirent vers le milieu du XVIIe siècle et la vendirent le 14 mars 1669 aux Dominicaines anglaises pour la somme de vingt mille florins. Elle fut abattue, pensons-nous, lors des travaux nécessités par le percement de la rue Royale au siècle dernier.


  1. Voir page 111.
  2. Henne et Wauters disent à la Steenpoort d’une part (Histoire de Bruxelles, t. Ier, p. 422) et à la Treurenberg d’autre part (t . III, p. 290).
  3. L’ancien palais des ducs de Brabant était construit à l’emplacement de la place Royale actuelle. « Il avait sa façade principale à l’endroit où se trouve à présent la statue de Godefroid de Bouillon et dans le sens de la Chaussée (Montagne de la Cour). » Il datait du XIe siècle ; rebâti par Jean II ou Jean III, il fut considérablement agrandi et embelli plus tard, surtout sous les ducs de Bourgogne. Devant le palais s’étendait une vaste place. Celle-ci fut entourée, sous Marguerite d’Autriche, d’une enceinte formée d’une balustrade en pierre taillée à jour et ornée de piédestaux et de colonnes qui portaient, les unes, des statues des ducs de Brabant et les autres, des figures d’animaux. Cette enceinte s’appelait la Cour des Bailles ou les Bailles de la Cour. On peut se faire une idée du coup d’œil qu’elle présentait, en examinant la colonnade de la place du Petit-Sablon : l’architecte, M. Beyaert, s’est inspiré de l’ancienne Cour des Bailles pour l’édifier. Le palais fut détruit par un incendie en 1731.