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L’Âme des saisons/Ballade du vent

La bibliothèque libre.
Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 159-161).
BALLADE DU VENT


Hei hopsa ! les sorcières,
Au-dessus des bruyères,
Dans les nuages fous
Qui sifflent en lanières,
Hi hou ! les hiboux.

Hei hopsa ! les sorcières,
Près de la sapinière
Hurlant comme les loups,
Une grêle chaumière,
Hi hou ! les hiboux.


Hei hopsa ! les sorcières,
Par le châssis sans verre
Tremble le rayon roux
D’une lampe de terre,
Hi hou ! les hiboux.
 
Hei hopsa ! les sorcières,
Dites-nous donc, grand’mère,
Qui habite en ce trou ?
C’est la mère Misère,
Hi hou ! les hiboux.

Hei hopsa ! les sorcières,
C’est la dolente mère
Qui n’a que des cailloux
Et dont l’homme est sous terre,
Hi hou ! les hiboux.
 
Hei hopsa ! les sorcières,
Des deux mains elle serre
Sur sa gorge aux seins mous
Un enfant de calvaire,
Hi hou ! les hiboux.


Hei hopsa ! les sorcières,
Hurlez, la sapinière !
Le vent noir tout à coup
A soufflé la lumière,
Hi hou! les hiboux.

Hei hopsa ! les sorcières,
C’est la nuit plénière,
Une petite toux
Glousse dans la chaumière,
Hi hou ! les hiboux.

Hei hopsa ! les sorcières,
Et le matin éclaire
D’un rayon pâle et doux
Une froide et légère
(Hi hou ! les hiboux)
 
Poupée en cire claire
(Hei hopsa ! les sorcières)
Qui gît sur les genoux
Farouches de la mère,
Hi hou ! les hiboux.


1902.


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