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L’Âme des saisons/Prélude2

La bibliothèque libre.
Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 147-148).
I


PRÉLUDE


Les bonnes voix de l’octobre si triste
Et si pâle en sa robe d’améthyste,
Les bonnes voix de l’octobre si pur
En ses frileux voiles d’azur...
 
Les bonnes voix, oh ! certes les meilleures,
Celle qui prie avec celle qui pleure
Et celle qui, câline, obtient de Dieu
Toute la paix de son ciel bleu...


Mon Dieu, mon Dieu, les voici qui reviennent,
Les bonnes voix ! et leurs grêles antiennes
Très doucement, sur un mode berceur,
S’infiltrent dans mon cœur.

Les blonds tilleuls d’un geste lent m’invitent,
Les yeux mourants des pâles marguerites,
Ma lampe aussi et la rafale, quand
La vitre vibre aux coups de vent,

Le matin bleu qui frissonne et qui fume,
Les oiselets pépiant dans la brume,
La haie humide avec les liserons
Et la rosée et le gazon,

Et toutes ces choses certes m’invitent
A devenir enfin, oh ! dites, dites,
A devenir enfin un peu meilleur
Et un peu plus simple de cœur...