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L’Âme qui vibre/Reconnaissance

La bibliothèque libre.
E. Sansot et Cie (p. 42-43).

RECONNAISSANCE

Femme, qui m’as donné tes deux bras pour asile
Et qui m’as fait, sans plus, charité de douceur ;
Ô femme dont je fus, un soir, le profiteur
Je te donne mon cœur isolé comme une île !
Ô femme qui m’as fait charité d’abandon,
Je t’offre ma pensée et ne sais pas ton nom !
Ô femme qui m’as fait, un soir dans ta demeure,
Le roi de tes désirs, je te donne cette heure !
Ô femme qui m’ouvris ton sein et tes cheveux
Accepte en souvenir tous mes frissons nerveux !
Accepte mes instants de rêve et de vertige,
Ô femme que je fis courber comme une tige !
Accepte tout l’élan d’amour que je te dois,
Ô femme qui serras ma tête entre tes doigts !
Si je te garde au cœur tant de reconnaissance,
C’est que tu ne m’as pas demandé ma naissance.
C’est que tu m’as livré ta chair aux petits cris,
Sans paraître savoir quel en était le prix.

C’est que tu renversas tes reins sous ma pesée,
Sans m’avoir fait subir de pudeur empesée.
C’est que tu m’as donné ton corps, tout simplement,
Sans m’avoir, en échange, imposé de serment.