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L’Arétin François/4

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FRAGMENT

D’une lettre en Proſe & en Vers, adreſſée à l’Auteur.

De V..... le 2 Février 1787.


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.................. Piron a laiſſé à ſon Diſciple quelque choſe de plus que ſon manteau. On vous ſaura gré, comme à lui, de vos verſets & de vos hymnes, ce ne ſeront pas, j’en conviens, les Bégueules & les Bigots qui vous applaudiront ; mais que vous importe cette claſſe d’êtres ? La crudité des expreſſions n’a rien de révoltant pour un Lecteur raiſonnable, quand il ſent qu’elles ont échappées au Poëte, comme le plomb chaſſé d’une carabine ; ſi elles ſe ſuccédent, ſi elles abondent,

on n’a pas le tems de lui en vouloir, ce n’eſt plus l’homme qu’on entend, c’eſt la Nature ; agité, tourmenté par elle, il en eſt l’organe ; il parle & dit tout ce qu’elle lui inſpire.

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Défenſe à nos petits Poëtes de ſe mettre ſur la même ligne, quand ils diroient les plus jolies choſes ; cent Roſſignols ne valent pas un Moineau-franc. Vous, dont le ſtyle tient du ſalpêtre qui vous anime, gardez une place, où je voudrois bien être.


Mon cher Priape, à vous toute la gloire,
Tout le profit. Coquin, vous me flattez,
Je vous rends grace & je ne puis vous croire,
À vous le pas dans les ſociétés,
À vous le dé : vous ſubjuguez les Femmes,
J’ai des deſirs & vous des facultés.

Comme de tous, nous différons de l’ame,
J’aſpire en vain à vos proſpérités,
Mes vers & moi nous ſommes peu fêtés ;
À vos plaiſirs je diſpoſe les Dames ;
Je me connois, je vous juge. Écoutez :
Je les chatouille, & vous, vous les foutez.


Mais je dois, en bon Chrétien, faire mon bonheur du bonheur des autres, & comme ami, vous ſouhaiter en particulier un plaiſir inextinguible.


Entrez, ſortez, rentrez, reſtez,
Allez rompant les dures trames
Des rebelles Virginités.
Soyez l’amant de cent Beautés,
Et dans leurs yeux voyez leurs ames
Vous mettre au rang des Déités.....
Foudres dévorans éclatez !
Fleuve, embraſez dans votre courſe
Et les canaux d’où vous partez,
Et ceux dont vous cherchez la ſource.

Qu’à mon Ami les voluptés
Tiennent toujours lieu d’or en bourſe ;
Je ne l’ai pas cette reſſource,
Et mille écus me ſont ôtés.


Ôtés par ans !....................

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.....Mais je ſuis prêt à tout, comme diſoit le pieux Enée :


Non ulla laborum
......nova mi facies inopina ve ſurgit :
Omnia praecepi atque animo mecum ante peregi.


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....................&c.

X.. F.. L.. G...

RÉPONSE DE L’AUTEUR.


De P.... le 7 février 1787.

Quelle idée vous êtes-vous formée de moi, mon Ami !.... C’eſt ma faute ; je vous ai récité quelques-unes de mes vieilles folies, & vous m’avez cru toujours fou. À vous entendre Frere Oignon, Pere Andouillard ne feroient œuvre vis-à-vis de moi. Il s’en faut que je mérite & même que je veuille mériter cette réputation. L’homme qui ne ſauroit lire Richardſon, ou J. J. Rouſſeau, ſans être attendri juſqu’aux larmes, n’a garde d’affoiblir ſes jouiſſances en les diviſant. La Nature, je l’avoue, m’a gratifié d’un tempérament aſſez bon, mais en même tems, elle m’a doué d’une ame trop délicate pour ne pas me laiſſer guider plutôt par le ſentiment ; auſſi en fait de mœurs, je ne redoute point que perſonne m’efface.

Rien de plus ingénieux, de plus fort & de plus concluant que l’article de votre Lettre où vous prenez la défenſe du genre libre dans lequel je me ſuis exercé, à l’imitation de ces Peintres qui ſe délaſſent d’ouvrages ſérieux par des Caricatures. Votre comparaiſon du ſtyle poëtique avec le plomb chaſſé d’une carabine vous feroit ſeule proclamer Poëte, & les vers qui coupent votre proſe confirment ce jugement ; permettez-moi de rectifier le vôtre à mon égard.


  Je ne ſubjugue point les Femmes,
Les Vierges encor moins, c’eſt le fruit défendu.
 Je fuis l’intrigue, & j’abhorre ſes trames,
Mon cœur au pur amour de tout tems s’eſt rendu.
  Quand Vénus daigne me ſourire,
Des fleurs & de l’encens les parfums les plus doux
 Sont mis aux pieds de l’Autel qui m’attire,
  Là, forcé par mes ſens.... je fous,
 Mais, tant je crains d’offenſer ce que j’aime,
Mon cœur, en jouiſſant, ſe le cache à lui-même.


Honneur à Piron dont vous me parlez, malgré ſa fameuſe Ode, il fut plus décent que beaucoup de ceux qui la lui reprochent encore. C’eſt lui dont la verve tient du ſalpêtre, moi, je dis avec ſon Métromane,


« La ſenſibilité fait tout notre génie. »


La nouvelle de vos mille écus retranchés par an m’afflige ; mais je vous félicite du courage avec lequel vous ſupportez cette perte. En effet, les doléances ne changeroient rien : il ne s’agit que de prendre le compas de la modération, de faire le cercle plus petit & de n’en point ſortir. Adieu ; ſanté ferme, joie conſtante & amitié, s’il ſe peut, égale à la mienne.


********

LE CON ET LE VIT.

DIALOGUE.


Reddere perſonæ.....
Convenientia cuique.
Horat. Art. Poet.


Le C…


DOUCEMENT, doucement.

Le V…

N’ayez point peur, je ne poſe point à terre, je ſuis tout en l’air.


Le C…

Bon. C’eſt que ſi ma Maîtreſſe s’éveilloit, tout ſeroit perdu. La circonſtance eſt favorable, elle a les cuiſſes écartées, la couverture eſt tombée dans la ruelle, je ſuis au bord du lit, le drap eſt relevé, la lampe eſt vis-à-vis de moi. Avancez.


Le V…

Me voilà.


Le C…

Ciel !


Le V…

Ah ! Dieux !


Le C…

C’eſt donc là ce qu’on appelle un V...!


Le V…

Oui, cher petit C... d’Amour.


Le C…

Je mourois d’envie d’en voir un.


Le V…

Ce n’eſt rien de me voir, c’eſt tout de me ſentir.


Le C…

Comme vous remuez ! comme vous grandiſſez ! Que c’eſt drôle !


le V…. (s’approchant.)

Si j’oſois....


Le C…

Ne me touchez pas.


Le V…

Ô Nature !


Le C…

Les groſſes veines !


Le V…

Le joli poil !


Le C…

Vous en avez auſſi.


Le V…

Le deſſus, le deſſous, les environs... Il n’y a rien comme cela.


Le C…

Vous en dites peut-être autant au premier de mes ſemblables.


Le V…

Vous n’avez point de ſemblables, non d’honneur.


Le C…

D’honneur. Quoi vous connoiſſez ce monſtre ! Il me fait bougrement enrager, ainſi que je ne ſais quels autres foutus mots de ſageſſe, devoir & vertu, que ma chienne de Maîtreſſe à toujours à la bouche, viande creuſe, dont je ne puis me repaître, moi.


Le V…

Que je vous aime de cette humeur ! en parlant votre langue & la mienne, vous me donnez une liberté qui m’enchante, car je ne ſuis foutre que trop gêné de bander ſi roide & de ne pouvoir que vous regarder... Gentil conaut ! Extaſe & décharge, c’eſt en effet ce qui nous convient, le reſte nous eſt étranger... Tutoyons-nous, mon charmant petit abricot : loin de nous ces complimens d’uſage entre MM. les Quarante, notre ſociété de deux-à-deux ne recherche, ne ſavoure que le plaiſir, & ſe fout de la cérémonie. Hélas ! quand Hortenſe ceſſera-t-elle d’être duppe ? Je m’apperçois heureuſement qu’elle étend ſes foins voluptueux juſqu’à toi. Je te flaire avec tranſport, je deviens dur comme fer à l’odeur ſuave que tu exhales. Écoute ! tu peux beaucoup ſur cette ame rebelle : chaque fois que tu ſeras ſur l’autel de la propreté, autrement le Bidet, ouvre à l’éponge tes levres vermeilles & ſenſibles, ainſi qu’au ſouffle careſſant du zéphir s’épanouit une roſe ; preſſe-les amoureuſement contre la main qui les baigne & les eſſuie, tu communiqueras à tout ſon corps tes douces agitations, tu ébranleras ſes ſens, tu y porteras tour-à-tour l’ivreſſe, l’égarement, l’incendie & le ravage. Il eſt eſſentiel de lui développer tous les miraculeux reſſorts de ta céleſte méchanique... Foutre ! entends-tu comme je te chante ! Je ne ſuis pas le V... d’un ſot ; non, j’ai un feu extraordinaire, tel qu’un vigoureux courſier, je bondis & j’écume en ta préſence.


Le C…

Parle donc plus bas, ma Maîtreſſe vient de ſoupirer.


Le V…

Je la ferois ſoupirer bien autrement de par tous les Diables.


Le C…

Ta vue & tes paroles me brûlent, me ſéchent.


Le V…

Attens, que je te rafraîchiſſe, que je t’humecte un peu.....


Le C…

Ouf !... tu ne pourras jamais.... Haye !... ah ! ah ! ah ! ouf !... arrête... rien qu’à l’entrée, je t’en prie...., là.... ah !.. ah !.. comme un Ange !


ENSEMBLE.
Le C…

Ah !… ah !… ah !… ah !…
Ah !… ah !… délicieux !
Ah !… ah !… Je meurs.
Ah !..........
Le V…

Oh !… oh !… oh !… oh !…
Oh !… oh !… ah !… foutre !
Oh !… oh !… divin !
Ah !… ah !..... ah !

Le V…. (après une longue reſpiration de part & d’autre)

Eh bien ?


Le C…

C’eſt raviſſant !


le V…

Ce n’eſt pourtant qu’une ébauche de la jouiſſance.


le C…

Elle a fait impreſſion ſur ma Maîtreſſe, qui vraiſemblablement la prendra pour un rêve, & un rêve de cette ſorte conduit quelquefois à la réalité. Que ton Maître continue ſes viſites, qu’il regle conſtamment ſes goûts ſur les ſiens, qu’il la ſollicite à propos, je me charge du reſte. Mais point d’infidélités.


Le V…

Que je perde mes couilles (ce ſont ces boulettes que tu vois) ſi dorénavant je vas & viens autre part que dans cette petite niche. Hortenſe a, dit-on, de l’eſprit, des graces, enfin, toutes les pretintailles qui touchent un cœur ; Dorante n’eſt pas mal pourvu de ces jolies drogues, à en juger par l’exercice qu’il me donnoit avant de le connoître : il a renoncé à toutes les femmes pour elle s’il a le bonheur de triompher de celle-ci, tu sentiras, pour parler comme lui, quel charme le conſentement de la perſonne qu’on aime ajoute au plaiſir.


Le C…

Je n’en aurois, toute ma vie, d’autres que celui que je viens de goûter, qu’il me ſufiroit.


Le V…

Je ne dis point cela.


Le C…

On s’agite, on ſe retourne, la pointe du jour paroît, retire-toi.


Le V…

Autant la mort. Je ſuis fâché à cette heure d’être venu.... Le beau petit portail...


Le C…

Allons, va-t’en, Adieu, mon joujou.


Le V…

Adieu, ma motte.


Le C…

Adieu, mon lingot.


Le V…

Adieu, ma toiſon.


Le C…

Au revoir, mon grand coquin.


Le V…

Petit Jean-foutre ! Je t’avalerois ſi j’avois une bouche... Adieu mon rat.


Le C…

Adieu, ma queue.


LE PROVINCIAL À PARIS.




Certain provincial, (j’en ris lorſque j’y penſe),
  Chez des Filles eſt introduit.
Il les crut, à l’abord, des femmes d’importance :
 Meuble élégant, parure, air d’opulence,
  Bonne table & ce qui s’enſuit ;
 Il obſervoit un modeſte ſilence.
 On joue, il perd ; on ſoupe.... vers minuit,
  Par une d’elles, ô ſurpriſe !
  Près d’une porte il eſt conduit :
« Voudriez-vous, Monſieur, dit-elle, avec franchiſe,
  Paſſer dans la chambre où l’on fout ? »
  Il répondit à la demande
 Qui lui cauſoit un ſingulier dégoût :
« Menez-moi donc avant, dans la chambre où l’on
   bande. »


LE MARI ET LES DEUX CONFESSEURS.




  Pere Félix, vous êtes mon refuge ;
  Ai-je péché ? Soyez mon Juge :
Ma femme étant très-groſſe, & craignant pour ſon fruit,
  J’ai par derriere, eſſayé le déduit.
  — Toujours où vous ſavez ? — Sans doute.
  — Rien n’eſt mieux, — Eh bien ! Croiriez-vous
Que venant, par ſcrupule, à nommer cette route,
Pere Joſeph s’eſt mis dans le plus grand courroux,
  Qu’il m’a chaſſé, bref, qu’il me damne.
  — L’étourdi ! l’ignorant le ſot !
Suivez-moi, je m’en vais lui parler comme il faut,
  Et laver la tête à cet âne....
Les voilà devant lui : — Pourquoi troubler Monſieur,
  Quand le cas,... — Le cas eſt infâme.
  — Mais point vous êtes dans l’erreur.
  Un mari peut bien voir ſa femme....

  — La voir par-là ! Fi ! peut-on y penſer ?
— Écoutez donc. — Je fuis pour ne point vous entendre
  — Allez, Morveux, allez apprendre
  À foutre avant de confeſſer.


LES SAUCISSONS.




  À ſon Curé d’un fauciſſon
  Villageoiſe plus que jolie
  Vint faire honnêtement le don ;
Chez le Paſteur étoit nombreuſe compagnie.
Les hommes, la voyant, louerent ſa beauté
  Qui leur faiſoit à tous envie,
Les femmes ſeulement ſon air de propreté.
 Quelqu’un vanta ſa généroſité ;
 Lors un plaiſant dit avec ironie :
  C’eſt un rendu pour un prêté.


LES EXCELLENTES PARTIES.




Devant une Dévote, & douce & charitable
Du pinceau le plus noir on peignoit un abſent ;
 Souffrant d’entendre qu’on l’accable,
Elle prend la parole : « Il eſt bien indécent
 D’accréditer pareilles calomnies :
Cet homme a, j’en réponds, d’excellentes parties. »


LE CHAUFFAGE ÉCONOMIQUE.




Près de ma gentille Nanon,
L’hiver jamais je ne grelotte ;
Que le bois renchériſſe ou non,
Moi, je m’en tiens au feu de motte.


ORIGINE DU PROVERBE :

Le Jeu ne vaut pas la Chandelle.




 Alin, novice en l’amoureux myſtere,
Un ſoir, dans un grenier, allant foutre Nanon
 Jeune & gentille chambriere,
 Afin d’y mieux voir, ce dit-on,
 S’étoit muni d’une lumiere.
Trop foible étoit le gars pour ſi bonne ouvriere,
Car au-lieu d’avancer, il reſtoit en chemin,
Auſſi d’un coup de cul dépriſonnant l’engin,
 « Au diable ſoit le ſot, dit-elle !
 Le jeu ne vaut pas la chandelle. »


LE CORDELIER QUI FAIT FEU.

CONTE.




Un Franciſcain promettoit la douzaine,
On ſent de quoi, Marton va le chercher
Pour ſa Maîtreſſe, à qui ſi rare aubaine
Fait ouvrir l’œil ; lui de ſe dépêcher.
C’étoit le ſoir, on vouloit du myſtere,
Près de Madame, avec le ſeul flambeau
Que de Priape avoit reçu le Pere,
Le voilà donc, trouvant, offrant du beau,
Et ſans y voir, enfilant bien la route
Qui des humains adoucit les malheurs.
À ceux de l’ordre un tel travail ne coûte.
De l’Éternel vivent les ſerviteurs !
La Dame forte, & brave à la ripoſte
Eſt pourtant laſſe à la ſeptieme poſte :
« Pere un moment « — Pourquoi ? » Je ſuis à vous,
Mais il me faut abandonner la place
Pour un beſoin qui me gêne & tracaſſe,
Petit repos rend le plaiſir plus doux. »

— Je vous attends... Madame ſe dérobe :
Vîte de l’eau, cela me cuit, Marton.
Cinq fois encor ! Dans cette garde-robe
Je reſte, toi vas le rejoindre. — Non ;
Vous vous plaignez, je crains même cuiſſon :
Nature eſt une, & la pauvre Soubrette,
Comme la Dame, en cet endroit, eſt faite.
— Tu veux ma mort. — Ce mot ſuffit, pardon !
Plutôt la mienne. En effet, Marton vole,
Soudain l’Acteur, pour reprendre ſon rôle
Avec éclat, touche... quel changement !
Marton n’avoit qu’un très-bon caractere,
Ou ce téton, ſous la main ſi charmant ?
Ou cette cuiſſe, & ... tout ce qui peut plaire ?
L’Acteur trompé touche ici le contraire,
Veut s’éclaircir avant le dénouement,
Tire briquet & pierre, il frappe... à l’étincelle
Marton s’enfuit, tremble, crie & chancelle :
Madame, il doit vous cuire, &, non pour peu,
Je le crois bien ; ah ! le monſtre ! il fait feu.


TELLE DEMANDE, TELLE RÉPONSE.




Un Fat, avec l’impertinence Que l’on connoît à cette engeance, Aborde une Actrice, & lui dit : Peut on ſavoir, Mademoiſelle, Qui vous fout ? Monſieur, répond-elle, En le ſaluant : c’eſt un v..


LA JOLIE FEMME, ET LE PEINTRE.




Pour faire mon portrait demandoit une femme,
Que me prendrez-vous, là ?... Montrez de la raiſon,
le Peintre la trouvant fort à ſon gré : Madame
— Dites : — C’eſt au plus bas, je vous prendrai le con.


L’HONNÊTETÉ




DEUX Faquins, à tête légere,
L’un Abbé, l’autre Mouſquetaire,
Rencontrerent en leur chemin
Le fameux Docteur Dumoulin.
Pardonnez ſi l’on vous arrête,
Monſieur, dit le Petit-Collet,
En bref, voici notre requête :
Peut-on baiſer à vit mollet ?
Lors, le Docteur branlant la tête,
Cela ſe peut à la rigueur
Lui répond-il d’un air mocqueur,
Mais bien bander eſt plus honnête.


CALEMBOURG.




 Par une Fille ſur ſa porte
Je fus, un ſoir, raccroché de la ſorte :
« Monſieur, paroît bien occupé
J’aurois pourtant à lui remettre
   Une lettre. »
— Oui, la lettre d’après le P.


À UNE ROUSSE IMPERTINENTE,

FILLE D’UN RELIEUR.



Vous avez beaucoup de fraîcheur
La gorge belle, & la peau blanche,
Mais votre ſourcil, par malheur,
Annonce un C.. doré ſur tranche.


SUR LE R. P. URBAIN,

CARME D’UN GRAND MÉRITE.




Quel appétit ! quelle éloquence !
Sous un froc c’eſt le Dieu du goût ;
Ô comme Urbain avec aiſance
Mange, boit, rime, prêche & fout !


BOUTS-RIMÉS.




J’aimerois mieux tailler un roc
Filer, chaque jour, ma Quenouille,
Et ſans ſoif avaler un broc,
Que de toucher bijou qui mouille.


LA BÉNÉDICTION PATERNELLE.




 Avant d’entrer au lit de l’Hymenée,
 La Jeune Alix, bien appriſe, bien née,
  Bénédiction demanda
 À ſes parens ne voulant paſſer outre,
le pere ſur ſa fille une croix impoſa,
  Et lui dit : vas te faire foutre.


PRIÈRE

POUR LES FEMMES EN COUCHE.




Cris ne font rien, quand on accouche,
Dites plutôt cette Oraiſon :
« Ô mon Dieu, fermez-moi la bouche,
Et m’ouvrez, s’il vous plaît, le C.. »


DÉFINITION DE L’AMOUR.




Nul, comme il faut, ne définit l’Amour,
Pour l’embellir, on le déguife, on l’outre :
Moi qui l’éprouve, & qui ſuis ſans détour,
Je dis tout net : c’eſt le beſoin de f....